Bon, j’ai la moquerie facile, il faut dire que cela fait 10 ans que la grande majorité de mes concitoyens (et de ma propre famille) me prend pour un « illuminé » lorsque je parle ou que j’évoque la nécessité de faire des provisions et de raisonner PEBC, le plan épargne boîtes de conserve.

Ceux qui me suivent et appliquent cette stratégie de résilience personnelle et de robuste prévoyance savent pourquoi c’est nécessaire.

Crise économique (2000 et les bulles Internet, crise de 2008, crise alimentaire et printemps arabe en 2011 etc).

Crise environnementale et augmentation des catastrophes naturelles.

Crise de l’emploi et précarisation massive  de la société.

Crise du pouvoir d’achat avec la hausse de tout sauf… des salaires.

Bref, toutes les raisons objectives plaident pour le fait que chaque individu responsable n’attende pas après l’Etat une aide hypothétique mais se prépare à assumer et gérer ses propres pénuries. Avoir un revers de fortune cela arrive à tout le monde. Ne pas avoir à faire de course pendant quelques semaines/mois, cela laisse de quoi rebondir et c’est le sens de l’épargne de précaution. Comme le nom l’indique c’est une précaution.

Bref, l’ami Bruno qui n’a pas un métier facile en plein effondrement, vient de déclarer que : « Si demain il devait y avoir une pénurie, je le dirais aux Français ».

J’ai beaucoup rigolé.

J’ai beaucoup rigolé parce que Bruno, a précisé sa pensée fulgurante en rajoutant : « Il y a des tensions sur certains produits » a reconnu « bien volontiers » Bruno Le Maire. « Chacun peut le voir dans ses magasins. Il y a moins de variété sur certains produits comme les pâtes mais je le répète, il n’y a pas de pénuries ».

C’est quoi la définition d’une pénurie ?

Parce que là on atteint un niveau exquis de novlangue. D’ailleurs plus ils disent un truc, plus vous devez comprendre le contraire. Personne ne vous parle de l’absence de risque de pénurie d’essence… normal personne n’achète de l’essence, personne ne roule (enfin beaucoup moins) il n’y a donc pas de risque de pénurie d’essence. Mais il y a des risques de pénurie de bouffe… et là on parle de l’absence de risque de pénurie… et « en plus je vous le dirais »… hahahahahaha. Imaginez. « Les gars, c’est Bruno, d’ici 2 jours y aura plus rien à bouffer »… « S’il vous plaît, restez calme, non monsieur ne poussez pas, quoi vous êtes plus costaud que moi… oui, vous voulez mon paquet de pâtes… et si je veux pas ? D’accord je veux bien vu que tu es 4 fois plus costaud que moi »… hahahahaha

Pour Bruno, la pénurie c’est quand le supermarché sera vide. Là c’est pénurie. Et comptez sur lui pour vous prévenir de la pénurie mais uniquement quand elle sera là. Pas avant.

Actuellement ce ne sont pas des pénuries partielles… ce sont des tensions sur certaines marques de pâtes dit-il.

Bon mon chef Chaudar de la 7ème compagnie sur le terrain, je relève un peu plus de manquants que juste sur les pâtes. Il y a les oeufs, il y a aussi la farine ou la levure qui sont en tension, le riz c’est pas mal non plus et je ne parle pas du célèbre papier toilette que tout le monde s’arrache puisque nous avons tous pu constater que dans toutes les chaumières de ce pays, les bidets avaient été arrachés… Haaaa, si nous avions pu affronter cette fin du monde avec nos ancestraux bidets, tout ceci aurait été plus facile. Je suis surpris que personne n’ait relevé ce point fondamental dans la guerre au PQ. Cherchez le bidet…

Bref, pour redevenir sérieux, les chaînes logistiques sont fragiles, très fragiles et la dynamique de la crise nous entraîne,  plus elle dure, vers d’inévitables pénuries.

Pourquoi ?

Parce que le problème réside dans tout ce qui ne se voit pas.

Du mécontentement des chauffeurs routiers, à l’absence de pièces détachées pour faire tourner les camions…

Tout est fragile.

Cela ne veut pas dire que tout va casser ou que tout va s’arrêter.

Cela veut dire que plus que jamais il y a une probabilité assez importante que cela puisse arriver.

Cette probabilité, beaucoup l’ont saisie, même s’ils ne l’ont pas totalement formalisée.

Ils stockent et font preuve de prévoyance.

J’entends des commentaires doctes sur le fait « qu’il ne faut pas stocker, parce qu’il ne faut pas paniquer ». Deux remarques. D’abord j’entends moins cette remarque parce que les faits s’imposent mêmes aux plus aveuglés. Ensuite, stocker est l’opposé de la panique. Celui qui a des réserves ne panique pas parce qu’il est déjà prêt, il a déjà ses réserves. Celui qui panique c’est celui n’a rien prévu parce qu’il ne fallait surtout pas croire que l’on pouvait « paniquer » pour une simple grippette.

Vous voyez ou nous en sommes aujourd’hui ?

Confinés, à attendre notre autorisation de sortie pour aller au ravitaillement en se demandant si l’on pourra trouver du beurre….

Voilà qui me rappelle furieusement le quotidien lors de nos « zeureslesplussombres »… cocasse que cela arrive avec Macron et cette clique à claques alors qu’ils ne cessaient de nous dire qu’ils allaient nous en protéger.

Dieu se rit des hommes, et parfois encore plus de certains…

Charles SANNAT

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