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Si nous vivons une crise de la dette, un scénario inévitable selon de nombreux économistes, beaucoup de gens pensent qu’ils risquent la confiscation de leur or et de leur argent, comme cela a eu lieu aux États-Unis pour le métal jaune en 1933. Cet article envisage la probabilité d’une confiscation et la compare à d’autres mesures plus probables qui pourraient être prises afin de restaurer la solvabilité de l’État.

Mon point de vue plus personnel sur cette crainte théorique et historique se résume en quelques chiffres.

Rien que pour la France, la dette de l’État officielle, et sans compter le « hors bilan », est de plus de 2 000 milliards d’euros.

Les Français, eux, détiennent quelques 2 500 tonnes d’or, disons à 40 000 euros le kilo, cela nous fait pour simplifier au mieux 100 milliards d’euros… contre une dette de 2 000 milliards d’euros environ.

Une goutte d’eau. Mais pour récupérer cette goutte d’eau, il faudrait s’appuyer sur les services de l’État devenus indigents et bien trop occupés par ailleurs tout en sachant que cela ne réglera rien.

L’autre solution consiste à aller chercher d’un clic de souris entre le samedi et le lundi l’épargne financière des ménages qui représente plus de 4 000 milliards d’euros. Simple, facile, efficace. Vous vous réveillerez un lundi matin avec France Info vous expliquant que votre épargne a été divisée par deux et que les 50 % manquant ont été transformés en bon du Trésor français à 50 ans… qui vous seront remboursés un jour… peut-être. En plus, vous direz merci.

Cela est nettement plus probable que la réquisition de l’or des ménages. Vous êtes donc plus susceptibles de vous faire réquisitionner vos avoirs sur vos comptes en banque, que votre or planqué au pied du vieux chêne.

Après, à vous de voir où vous placez le curseur.

Charles SANNAT

Le point de départ logique d’une évaluation des risques de confiscation de l’or, c’est de définir le mot « confiscation ». Selon le Larousse, il s’agit d’un « acte qui consiste à transférer à l’État, ou parfois à un établissement public, tout ou partie des biens d’une personne, à la suite d’une condamnation pénale, par sanction en matière fiscale ou par mesure de police ». Quasiment sans exception, le risque réel est en fait l’expropriation, pas la confiscation. La confiscation est souvent le résultat d’un vol, d’une trahison, d’une insurrection, d’une guerre ou d’un génocide. L’expropriation, c’est la saisie d’une propriété individuelle par l’État souverain. La différence clé entre la confiscation et l’expropriation est la compensation accordée à l’individu par l’État suite au transfert de sa propriété.

Pour les gens qui disent « je ne suis pas convaincu qu’il n’y aura pas de confiscation, j’ai entendu que les États-Unis ont confisqué l’or en 1933 », rien n’est moins faux. Pour remettre les événements de 1933 dans leur contexte, il faut savoir qu’entre 1900 et 1933, 20,67 dollars pouvaient être échangés contre une once d’or, même durant les heures les plus sombres de la Grande Récession. En raison des dégâts occasionnés par la Grande Récession, des bank runs et des faillites bancaires ont eu lieu, si bien que les gens ont perdu confiance dans le dollar : il n’était plus possible d’obtenir une once d’or pour le ratio officiel, 20,67 $. Conscient que le manque de confiance dans le dollar était un énorme problème, ainsi que l’incapacité du gouvernement à créer de la monnaie afin de résoudre la pénurie de dollars, le président Roosevelt prit trois mesures drastiques. Il annula la convertibilité du dollar en or, interdisant la possession de métal jaune (pièces et lingots) à tous les Américains de par le monde. Après avoir obtenu l’or récupérable, il changea le cours fixe d’une once d’or à 32,32 dollars, puis ensuite à 35 $, dévaluant ainsi de fait le billet vert de 70 %.

Note : pour être précis, comme nous l’avons écrit dans cet article publié il y a deux ans sur la confiscation de 1933 :

« Les citoyens n’ont pas dû remettre tout leur or. Chacun pouvait conserver 100 $ en pièces, donc 5 Double Eagle. En 1933, la population américaine dépassait les 120 millions, ce qui signifie que, théoriquement, des centaines de millions de pièces étaient exemptées (soit davantage que les pièces en circulation). 

Il était quasi impossible d’imposer dans les faits l’Executive Order, qui fut d’ailleurs largement ignoré. L’économiste Milton Friedman avait découvert qu’un an après la publication de l’ordre exécutif, 78 % de l’or américain se trouvaient toujours dans les mains des particuliers. (…) Ces pièces furent rapidement expédiées vers l’Europe ou l’Amérique du Sud pour être gardées dans un lieu sûr, ou enterrées dans des boîtes métalliques. (…)

Les poursuites furent rarissimes. Le cas le plus connu est celui d’un avocat de New York qui mit publiquement au défi Roosevelt de prendre son or. Il fut poursuivi en vertu de l’ordre exécutif et fut… acquitté ! »

Lorsque les Américains déposaient leurs pièces à la FED, on leur remettait en échange des dollars. C’était le but : augmenter les réserves d’or pour pouvoir augmenter la masse monétaire en dollars. (…) Ok, le dollar fut ensuite dévalué jusqu’à 35 $ l’once, mais on ne peut pas parler de confiscation sans compensation.

Au Canada et dans d’autres pays occidentaux, aucune confiscation ou expropriation n’a eu lieu. Aux États-Unis, l’argent et le platine n’ont pas été concernés par l’expropriation de 1933.

Dans les faits, les mesures de Roosevelt ont produit les effets escomptés par son administration : en dévaluant le dollar par rapport à l’or, davantage de masse monétaire a pu être créée en restant dans les clous du standard or. La création monétaire additionnelle a réglé les soucis d’une pénurie désespérée de devises dans une période de grand besoin. (…)

Les réserves d’or du gouvernement américain, qui s’élèvent à 8 133,46 tonnes, valent environ 326,9 milliards de dollars à 1 250 $ l’once d’or. Sur ses livres comptables, il est toujours comptabilisé à 42,22 dollars l’once, comme du temps de Nixon, pour un montant total légèrement supérieur à 11 milliards. On estime que les particuliers américains possèdent 47 millions d’onces, pour un montant total modeste de 58,5 milliards de dollars. Comparez ces chiffres à l’énorme déficit des États-Unis. Par exemple, rien qu’en août, le gouvernement fédéral a enregistré un trou de 107 milliards : la futilité de l’expropriation de l’or devient évidente. (Note : d’après un sondage BVA, les Français détiennent 395 tonnes d’or, pour environ 15 milliards d’euros, à plus de 90 % en bijoux… ce qui rend la probabilité d’une confiscation ou d’une expropriation encore plus mince qu’aux États-Unis.)

Mais cela dit, est-ce qu’une expropriation pourrait avoir lieu aujourd’hui ? Dans la négative, que pourrait-il se produire ?

Comme l’histoire le prouve, la taxation est toujours le premier choix d’un gouvernement cherchant à augmenter ses revenus pour réduire son déficit. (…)

Une autre option consisterait à obliger les assurances vie à investir dans les obligations du gouvernement. (Note : en France, en juin 2016, l’encours d’assurance vie dépassait les 1 600 milliards d’euros. Où pensez-vous que le gouvernement tapera s’il a besoin d’argent ? Dans les 15 milliards d’or, composé à plus de 90 % par des bijoux de Madame, ou dans l’assurance vie ? Il s’agit bien entendu d’une question rhétorique…)

Le gouvernement pourrait également abaisser ses dépenses en réduisant la sécurité sociale, même s’il s’agit de loin l’option la plus difficile à mettre en œuvre. (…)

Aujourd’hui, notre environnement économique est fort différent de celui de 1933. Désormais, la FED peut créer autant de monnaie qu’elle le souhaite, elle n’est pas limitée par ses réserves en or. Le gouvernement ne devrait donc pas exproprier l’or des Américains.

Article de Nick Barisheff, publié le 2 mars 2017 sur SafeHaven.com

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