Dans le cadre de la réforme du franc CFA, une monnaie commune à quatorze pays du continent et perçue comme un instrument postcolonial par ses détracteurs, la banque de France vient de transférer 5 milliards d’euros de réserves de change à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Politiquement cela fait bien, et donne l’illusion à l’Afrique de pouvoir reprendre son destin monétaire en main, pourtant, la « tutelle » reste d’une certaine manière puisque le franc CFA est toujours arrimé à l’euro par une parité fixe. La réforme prévoyait d’ailleurs également un changement de nom, le franc CFA devant devenir l’éco, et la France devait se retirer des instances de gouvernance de l’UMOA.

Le problème c’est qu’entre les effets d’annonces et la réalité de la stabilité économique il y a un grand écart qui met en risque non pas la France mais bien les différents pays d’Afrique.

La question de fonds est celle de la force d’une monnaie et de sa valeur.

Les pays africains qui utilisent actuellement le franc CFA ne méritent pas et n’ont pas besoin d’une crise monétaire qui serait créée non pas en raison de difficultés économiques spécifiques, mais uniquement à partir d’une volonté idéologique de vouloir couper un lien qui peut sembler « colonial ».

Le faire trop vite et dans le cadre d’une réforme mal préparée reviendra pour les pays Africains concernés à se tirer une balle monétaire dans le pied.

Il ne faut donc pas traiter ce sujet sous le prisme du colonialisme, mais bien sous l’angle du pragmatisme économique et monétaire avec comme intention de laisser nos amis Africains évidemment décider pour eux-mêmes et par eux-mêmes.

Charles SANNAT

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Source Le Monde.fr ici

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