“La naissance d’un champion mondial est souvent une source de fierté dans le pays d’origine du groupe. Pas cette fois-ci… L’annonce, mercredi dernier, du rachat de Monsanto par Bayer pour la modique somme de 59 milliards d’euros inquiète beaucoup les Allemands. Politiciens, associations environnementales, fermiers, particuliers… Tout le monde s’alarme des conséquences de la naissance du leader mondial des semences et de la chimie.”
Ou encore :
“Cette opération va permettre au géant allemand de contrôler plus d’un quart du marché mondial des semences et des pesticides. « C’est une mauvaise nouvelle pour les fermiers du monde entier, résume, dans un communiqué commun, plusieurs associations caritatives comme Misereor, Fian Deutschland, Inkota-Netzwerk et Brot für die Welt. Seules les multinationales de l’agribusiness ont profité ces dernières années de la privatisation, de la dérégulation et de la libéralisation qui ont touché ce secteur. Les big six – Monsanto, Syngenta, Bayer, DuPont, Dow et BASF – contrôlent déjà 75 % du marché mondial des produits chimiques destinés à l’agriculture et plus de 60 % des ventes de semences. Le rapprochement entre Monsanto et Bayer après la création de Syngenta ChemChina et le mariage entre DuPont et Dow va avoir des conséquences fatales : trois groupes vont contrôler le marché des semences et les moyens de subsistance de l’humanité tout entière. »
Nous assistons, dans un silence total, à la privatisation du vivant, à la marchandisation de toutes les ressources, à la dépendance partout, de tous les paysans du monde qui ne se rendent même pas compte qu’ils sont devenus les quasi-salariés de ces grandes corporations qui, prochainement, achèteront les terres et les exploitations de paysans devenus “obsolètes et inutiles” lorsque les robots et autres tracteurs automatisés pourront les remplacer définitivement.
L’homme sera coupé de la nature.
L’homme sera dépendant pour sa pitance.
Nous nous préparons un bien triste monde.
Ce rapprochement, ce n’est pas la naissance d’un géant : c’est la naissance d’un monstre.
Charles SANNAT