Fin juin, le Syndicat des membres de l’inspection générale des affaires sociales s’émouvait de la censure en interne d’un rapport sur les 35 heures. Si les productions de l’Igas sont censées être transmises aux ministères concernés, il existe en effet la possibilité pour son directeur de décider de ne pas en faire connaître les conclusions. Ce que Pierre Boissier, le directeur actuel, n’avait jamais fait jusqu’ici, rappelle Mediapart, alors qu’il a tranché en ce sens début juin. Au Monde, les services de l’Igas ont rappelé que « des travaux insuffisamment achevés ou présentant des faiblesses méthodologiques ne sont pas transmis par le chef de l’Igas ». Une grosse quinzaine de jours plus tard, le rapport a finalement fuité (il est lisible ici). En voici les principaux enseignements :

• Premier constat : les 35 heures, ce n’est pas l’horrible ralentisseur de croissance et empêcheur d’embaucher (en rond) qu’on nous dépeint depuis quelques années. « Les politiques de réduction de la durée légale du travail permettent de créer, au moins à court terme, de l’emploi à condition de respecter des conditions strictes », peut-on lire.

• Deuxième constat : la France ne fait pas figure d’exception en matière de temps de travail. « La durée effective du travail en France n’est pas particulièrement basse par rapport à celles des autres membres de l’Union européenne si l’on considère le temps de travail de tous les salariés, et pas seulement ceux à temps complet. »

• Troisième constat : la flexibilité, c’est bien, mais quand c’est correctement utilisé, c’est mieux. Ainsi, alors que les travailleurs en France sont assez ouverts à une individualisation de leur temps de travail, et prêts à adapter leur emploi du temps, les entreprises rechignent à appliquer de la « flexibilité interne », lui préférant une« flexibilité externe », c’est-à-dire le recours à des contrats de courte durée.

• Quatrième constat : augmenter le nombre d’heures supplémentaires, lorsque la croissance n’est pas au rendez-vous, « pèse négativement sur l’emploi ».

Source Libération ici