“Plus d’un milliard d’euros” d’actions ont été souscrits par les particuliers dans le cadre de l’opération de privatisation de la Française des jeux (FDJ), a annoncé Bruno Le Maire, dimanche 17 novembre. Un “immense succès populaire”, selon le ministre de l’Economie et des Finances, interrogé sur BFM.
Un… “immense succès populaire” ! C’est bien Bruno de dire cela, mais je resterais nettement plus pondéré sur le succès final, car de quoi parle-t-on au juste ?
D’une entreprise que l’Etat privatise, et normalement, si l’Etat vend toutes les actions et il y en a un peu plus de 190 millions au prix bas soit 16,50 € alors cela fait 3,15 milliards d’euros.
Si l’Etat vend au prix haut, les plus de 190 millions d’actions à 19,90 cela nous fait 3,8 milliards d’euros !
Donc… quand Bruno Le Maire s’extasie sur l’immense succès populaire, je serais nettement plus prudent car il n’y a eu qu’un milliard de souscrit ce qui laisse encore de la marge.
Dans le jargon financier et boursier on parle de “sur-souscrit”. On utilise ce mot pour dire qu’il y a 100 actions en vente, mais que les investisseurs veulent en acheter 200, 300 ou même parfois 500. Dans de tels cas c’est un immense succès, car, évidemment, il n’y en a pas pour tout le monde !
Ensuite il y a évidemment également le paramètre du nombre de particuliers qui achètent des actions.
Au-delà même de la notion de montant, sont-ce des millions de Français qui achètent pour un milliard d’actions de la FDJ ou sont-ce quelques milliers d’épargnants seulement ? C’est effectivement un autre critère qui témoigne du succès d’une entrée en bourse. Ces chiffres, le ministère se garde bien de les publier, si tant est qu’il les connaisse.
Bref, communication, propagande et promotion.
C’est de bonne guerre, mais c’est faux.
Pour le moment, sans dire que cela soit un échec, loin de là, il n’y a certainement pas de quoi se réjouir. Et les journalistes, plutôt que de relayer sans recul ce type d’information, pourraient au moins faire une ou deux multiplications pour voir si, dans les grandes masses, cela colle… ou pas !
Pour aller plus loin une analyse sur les risques et le potentiel de la FDJ.
Charles SANNAT
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Source FranceTVinfo ici