Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Je vous ai laissés de manière imprévue et je m’en excuse, quelques jours pour me consacrer à d’autres tâches pendant ces jours de pont que j’ai rarement le temps d’accomplir. Je vous retrouve avec un grand plaisir, et en cette mi-mai 2018, l’actualité est riche.

Je vous ai laissés donc sur un édito intitulé « Les tambours de la guerre ». Et nous n’y sommes pas encore tout à fait à la guerre, mais au moins au son tonitruant des tambours.

Israël est sur des charbons ardents. L’accord nucléaire liant l’Iran à la communauté internationale a été rompu comme prévu par Donald Trump.

Mais Donald Trump vient non seulement de rompre cet accord international mais de surcroît il vient de rétablir les sanctions contre les pays et les entreprises qui commercent avec l’Iran, et c’est évidemment le cas des entreprises françaises qui en 2015 ont pu reprendre leurs flux d’affaires avec l’Iran non sans avoir payé en bonne et due forme des dizaines de milliards de dollars de pénalités et d’amendes pour avoir commercé en dollars avec un pays sous embargo américain.

Ce fut le cas, souvenez-vous, pour la BNP ou encore la Société Générale et toutes les grandes banques françaises ou presque.

Extraterritorialité !

C’est ce que l’on appelle des lois d’exceptions extraterritoriales.

Les États-Unis, uniquement parce qu’ils sont les « plus forts », ont décidé d’imposer leurs lois et leurs règles au monde entier, y compris à des entreprises françaises commerçant avec d’autres pays.

C’est exactement la raison pour laquelle l’Iran, la Chine ou encore la Russie commercent entre eux sans passer par le dollar américain. En se passant de la monnaie américaine, ils ne tombent pas sous le coup des juridictions US.

L’UE doit « passer des paroles aux actes en matière de souveraineté économique »

La France et les entreprises françaises ne pourront pas faire grand-chose contre les États-Unis. Si nous voulons lutter contre l’Oncle Sam, cela ne peut se faire qu’avec nos autres partenaires européens, et c’est exactement ce que vient de dire Bruno Le Maire.

N’imaginez pas que je sois pour l’Europe un seul instant, car c’est cette construction européenne et la perte de nos souverainetés qui nous ont conduit à cette soumission de notre nation à des intérêts qui ne sont pas ceux du peuple de France.

D’ailleurs, nous n’avons pas besoin de l’Europe, et ce n’est pas l’Europe qui luttera contre les États-Unis mais une coalition et une alliance d’États européens, une coalition de nations fortes.

Les États-Unis doivent être isolés par le reste du monde

Voici ce que nous rapporte le site Euractiv.

« Le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire a jugé qu’il était «temps que l’Europe passe des paroles aux actes en matière de souveraineté économique», pour se défendre face aux sanctions que les États-Unis veulent appliquer aux entreprises étrangères travaillant en Iran.

Avec «tous nos alliés européens, nous discutons collectivement avec les États-Unis pour obtenir (…) des règles différentes» concernant les entreprises européennes en Iran, mais «il faut que nous travaillions entre Européens à la défense de notre souveraineté économique», a déclaré le 11 mai sur Europe 1, le ministre, qui doit recevoir dans la journée son homologue néerlandais.

«Fin mai, je réunirai le ministre des Finances britannique, le ministre des Finances allemand, et à trois nous allons regarder ce que nous pouvons faire (…) en réponse à ces décisions américaines sur l’extraterritorialité», a-t-il indiqué.

Les Européens travaillent « sur 3 propositions très concrètes »

«La première réponse, c’est le règlement de 1996, un règlement européen qui permet de condamner les sanctions extraterritoriales», a-t-il déclaré.

Créée pour contourner l’embargo sur Cuba, cette loi dite «de blocage» permet aux entreprises et tribunaux européens de ne pas se soumettre à des réglementations sur des sanctions prises par des pays tiers et stipule qu’aucun jugement décidé par des tribunaux étrangers sur la base de ces réglementations ne saurait s’appliquer dans l’UE. Elle n’a toutefois jamais eu à être appliquée.

«Nous souhaitons renforcer ce règlement et y inclure les dernières décisions prises par les États-Unis», a souligné M. Le Maire.

«La deuxième piste de travail, c’est celle de l’indépendance financière européenne : comment fait-on pour doter l’Europe d’instruments financiers qui lui permettent d’être indépendante face aux États-Unis ?»

Enfin, le ministre a évoqué l’existence d’«un bureau de contrôle des actifs étrangers qui permet au ministre des Finances américain de suivre les activités des entreprises étrangères qui ne respecteraient pas les décisions américaines, de les condamner et les poursuivre». «Pourquoi ne nous doterions-nous pas en Europe du même type de bureau européen capable de regarder les activités des entreprises étrangères et de vérifier qu’elles respectent les décisions européennes ?», a-t-il suggéré. »

Sauf que tout cela ne réglera strictement rien !

Pourquoi ?

Prenons le cas de nos banques. Si elles veulent pouvoir acheter des dollars aux États-Unis et les revendre par exemple aux entreprises européennes et faire leur travail de banquier, il faut qu’elles disposent des autorisations nécessaires.

La BNP aurait pu faire le choix de ne pas payer cette amende aux USA et de ne plus commercer en dollars. Impossible pour une banque de premier plan, et cela lui aurait à terme coûté plus cher en perte de clientèle que de payer l’amende.

Les États-Unis le savent et Bruno Le Maire aussi. Il n’y a pas le choix. À partir du moment où les États-Unis veulent imposer des sanctions extraterritoriales, ce pays instaure un rapport de force de guerre économique avec les autres nations.

La seule façon de lutter contre ces sanctions et cette politique du plus fort américaine, c’est de frapper directement les entreprises américaines pour le même montant et systématiquement.

La seule façon de gagner une guerre, c’est de la livrer et de se battre

La seule façon de gagner une guerre c’est d’être les plus motivés et c’est évidemment de mener les politiques économiques, militaires, diplomatiques nécessaires pour passer de la soumission à l’indépendance.

C’est-à-dire l’inverse de ce que nous faisons depuis 30 ans.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)

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Source site Euractiv.fr

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