Voici une lettre ouverte qui a été envoyée à nos sinistres du gouvernement par la FNAIM et par Sites & Cités remarquables de France (le réseau par exemple des Villes d’Art et d’Histoire).

Que disent-ils ?

Qu’il faut un DPE spécifique pour nos vieux bâtiments qui ne sont pas forcément plus énergivores que les plus récents !

Et pour cause, ce qu’ils ne disent pas aussi clairement que je vais l’écrire c’est que nos maisons et immeubles construites avant la Seconde Guerre mondiale ont tous été construits à une époque où il n’y avait pas beaucoup d’énergie disponible. Il n’y avait pas de chaudière au fioul ni de chauffage central ! On ne se chauffait tout simplement pas ! Il y avait au mieux un poêle à charbon et surtout, une cuisinière à bois qui trônait au milieu de la cuisine la seule pièce de vie et la seule pièce chauffée.

On était à cette époque bien moins énergivore qu’aujourd’hui !

Pour réussir la « transition », dans la bâtiment, il faut se garder des excès.

Il faut faire ce qui est adapté et nécessaire et surtout pas plus, car c’est toujours contreproductif.

Charles SANNAT

« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

Mesdames les Ministres, Messieurs les Ministres,

Vouloir la transition énergétique passe par un DPE spécifique à l’ancien.

Supprimer la méthode sur factures pour le bâti d’avant 1948 était nécessaire. Cette méthode basée uniquement sur les consommations des ménages n’était pas satisfaisante et générait trop
d’incompréhension. Il n’est pas question de revenir en arrière.

L’adoption d’une méthode conventionnelle pour le bâti de cette période répond à un souhait d’objectivité, mais nous ne pouvons aujourd’hui nous satisfaire de ses résultats. Nous le constatons au quotidien, et nous sommes, vous le savez, loin d’être les seuls. Elle ne prend pas en considération les qualités intrinsèques de la construction ancienne.

Croire que plus un bâtiment est ancien, plus il serait énergivore est une erreur. Une maison construite avant 1948 n’est pas forcément une passoire énergétique. Même lorsqu’elle n’a pas été restaurée. On le sait de longue date. Le projet BATAN mené à l’orée des années 2010 sous la houlette de l’ADEME et du ministère du Logement a montré que ce parc ancien se révélait bien moins énergivore que les bâtiments de la période 1949-1974. Pour être juste, le classementmoyen de ce parc ancien devrait correspondre à une étiquette D et une consommation énergétique de 200 kWhEp.m².an, comme l’a montré BATAN.

Depuis la mise en orbite du nouveau diagnostic en juillet 2021, plus de 5 millions de DPE tous habitats confondus ont été réalisés. Les résultats du premier trimestre 2023 publiés par l’Ademe, concernant quelque 850 000 logements, classent 60 % du bâti sorti de terre avant 1948 E, F ou G. Autrement dit, assujettis à une obligation de rénovation d’ici 2034 pour ceux proposés à la location.

L’explication tient à la méthode de calcul. Malgré plusieurs correctifs successifs depuis 2021, la méthode 3CL-DPE ne restitue pas encore les qualités intrinsèques de l’ancien. Le bâti traditionnel réclame une approche davantage environnementale qui prend en compte le système constructif particulier et les propriétés hygrométriques et d’inertie des matériaux utilisés.

Des pistes de réflexion existent pourtant. Des aménagements au DPE sont possibles par exemple pour une meilleure prise en compte des espaces tampon, de la réalité des ponts thermiques, du confort d’été et pour une meilleure prise en compte des isolants biosourcés et géosourcés comme le torchis des murs ou les toitures de chaume, les enduits isolants…

Tout comme pour les logements de petite surface systématiquement pénalisés dans l’actuelle méthode, le DPE a besoin de correctifs pour assoir sa crédibilité dans l’ancien. Ce rééquilibrage est d’autant plus indispensable que les constructions d’avant 1948 représentent un tiers du parc de logements.

Ce travail est nécessaire, il est urgent aussi. Car avec plus de 7 millions de passoires énergétiques tous habitats confondus identifiées par l’actuel DPE selon une estimation du Gouvernement, les objectifs de rénovation voulus aujourd’hui par la loi Climat et Résilience et demain l’Europe, semblent inatteignables. Affiner le DPE en l’adaptant à la construction ancienne, permettra de sortir des biens injustement classés comme passoires et d’identifier ainsi les biens réellement énergivores.

Autrement dit de savoir où concentrer les efforts pour réussir la transition énergétique du bâti et d’éviter en même temps une montée en puissance de la contestation des propriétaires concernés. On ne peut asseoir des contraintes sur des documents dont l’argumentation est contestée par les professionnels eux-mêmes. Améliorer les connaissances des diagnostiqueurs va certainement dans le bon sens, mais encore une fois, comment fonder une politique en espérant que certains seront meilleurs que d’autres et auront une appréciation plus fine, ce qui sous-entend que les autres conduiraient à l’erreur ?

Dans l’attente de la réponse que vous nous apporterez, et en vous remerciant par avance, nous vous prions de croire, Mesdames les Ministres, Messieurs les Ministres, à l’expression de nos
sentiments les plus distingués.

Source Sites et Cités ici

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