Mes chères impertinentes, chers impertinents,

« Renforcer l’Union économique et monétaire : la présidence fera avancer les discussions sur les initiatives relatives à l’union bancaire, en particulier la mise en place d’un système européen d’assurance des dépôts, et sur l’approfondissement de l’union des marchés des capitaux. En outre, elle prévoit d’entamer des discussions sur les modifications à apporter à la directive et au règlement sur les exigences de fonds propres, ainsi que sur les propositions législatives relatives à la prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme ».

C’est ce que l’on trouve dans un document que peu de personne prennent le temps de lire et qui est un peu le programme politique que chaque pays, qui assure la présidence de l’Union Européenne, rédige et publie.

Aujourd’hui c’est au tour de nos amis Portugais de présider aux destins de l’Europe de Bruxelles.

Et page 17 de cette profession de foi portugaise, nous trouvons un petit paragraphe fort intéressant qui évoque le SEAD.

Oui, le SEAD.

Chez les mamamouchis européens comme français, car rien ne ressemble plus à un technocrate qu’un autre, quel que soit le pays ou les époques, on adore parler avec des sigles. Le summum est atteint par les mamamouchis qui font spécifiquement de l’économie et encore plus à Bruxelles. Nous avons des MES, des SEBC, et autres SME, BCE ou encore TLTRO je peux vous en faire une liste à la Prévert.

Cette fois nous rajoutons donc le SEAD dans notre besace de sigles.

Le SEAD c’est donc le système européen d’assurance des dépôts. 

Actuellement, vous avez un système de garantie des dépôts dans chaque pays, c’est un système national.

Pour construire l’Europe fédéral il faut donc mettre en place un système européen.

Si on ne va pas vers plus d’Europe alors les europathes de Bruxelles tremblent à l’idée que nous allions vers moins d’Europe.

Le problème de cette histoire d’assurance des dépôts au niveau européen est toujours le même.

Si le mécanisme de sauvetage est européen, ce sont toujours les plus riches et les plus vertueux qui risquent de payer pour les mauvais de la classe. Ce n’est pas faux.

Et comme le bon élève, c’est l’Allemagne, les Allemands, eux, se font toujours tirer les oreilles par les autres membres de l’Union qui veulent plus d’Europe, plus de solidarité, et évidemment, plus de sous allemands si nécessaires.

Alors comme à chaque fois en Europe, il va y avoir des effets d’annonces précédés de psychodrames et suivi d’usines à gaz faisant passer les créations de nos énarques pour des mécanismes simplistes de simplets.

Oui… il va falloir mettre en commun les risques, sans risquer les sous allemands en les protégeant tout en en prenant quand même un peu au passage mais sans que cela ne se voit trop…

Alors on pense à un «  modèle hybride  »

Oui, c’est mieux que rien, et à force d’être hybride l’Europe est toujours bancale.

Cela tient toujours, mais fonctionne très mal.

L’idée c’est de faire coexister les systèmes nationaux de garantie des dépôts avec un fonds central et européen qui interviendrait dans le cas où le système national arriverait à court d’argent. Si le Fonds de fonds européen était épuisé, alors le fonds européen via le Conseil de résolution unique serait habilité à emprunter auprès des systèmes nationaux de garantie des dépôts par le biais d’un mécanisme de prêt obligatoire…

Oui je sais ce n’est pas limpide, voire même vous n’avez rien compris.

C’est logique.

Quand on cherche à faire rentrer du rond dans du carré, ça déforme les structures.

Vous vous souvenez du MES et autre FESF ? Il s’agissait de mécanismes pour sauver les pays européens de la faillite.

On avait donc eu une idée géniale. On avait créé un nouveau machin dans lequel les pays les moins en faillite mettaient des sous, pour que le machin puisse emprunter à son tour de l’argent que personne n’avait pour sauver des pays qui n’en avaient vraiment plus du tout… Bancal à souhait.

D’ailleurs plus personne ne parle plus de ces machins-là.

Aujourd’hui la BCE imprime directement les sommes nécessaires et achète les emprunts d’Etats de la zone euro qui sinon seraient presque tous déjà en faillite.

Il en sera de même avec le SEAD.

Nous allons d’abord les voir concevoir un truc hybride et mal fichu, qui sera incapable de sauver quoi que ce soit en cas de crise systémique.

Au bout du compte, je peux vous annoncer déjà ce qu’il se passera lors de la prochaine crise financière européenne.

Soit la BCE fera les chèques nécessaires pour sauver l’Union Européenne et l’euro, soit la monnaie unique explosera et ce sera le retour en catastrophe aux monnaies nationales.

Le choix, comme à chaque fois, sera politique, parce que que ce soit en France, ou dans les autres pays européens, il n’y a pas suffisamment de Kopecks pour garantir vos dépôts et il n’y en aura jamais assez.

C’est impossible.

Pourquoi ?

Parce que pour avoir une garantie il faudrait que pour chaque euro déposé à la banque nous disposions d’un euro de côté.

Cela impliquerait tout simplement de doubler la masse monétaire.

Une garantie des dépôts est donc une fiction imaginaire et une chimère. Elle est impossible.

C’est un peu la chasse au dahu.

Mais c’est normal que dans un monde de Shadocks on chasse le dahu…

Restez à l’écoute.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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