Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Il y a quelques jours suite à un rapport qui montrait sans ambiguité que le temps de travail effectif des Français était supérieur aux 35 heures officielles et que 6 Français sur 10 travaillaient en moyenne 6 heures de plus sans être payés, j’ai voulu dire qu’il ne fallait pas se situer uniquement dans un rapport comptable avec son travail.

En disant cela j’ai reçu quelques courriers allant du « Macron sort de ce corps », à « ça y est vous voulez plaire au Palais », sans oublier les commentaires justement parfaitement comptables…

En voici un écrit par notre camarade François:

« Je cite : « Travailler en regardant l’heure pour surtout ne pas donner 5 minutes de plus à son « patron » est tout aussi triste. ». Non c’est au contraire parfaitement rationnel. Les jeunes qui ne veulent pas travailler gratuitement ont parfaitement raison.
Quand vous faites des achats et qu’il vous manque des zeuros repartez-vous quand même avec tous vos achats ou bien ne prenez-vous que ce que vous pouvez payer ? La réponse coule de source car sinon c’est tout simplement du vol. Et des cotisations qui ne rentrent plus, d’où des déficits.
S’il n’y a pas de repas gratuit, il n’y a pas de travail gratuit… »

Pour François il ne peut pas y avoir de travail de gratuit.

Pour François le travail est un bien comme un autre. Sans émotion. C’est une simple transaction commerciale entre un demandeur de bras et un offreur de bras… C’était vrai à la révolution industrielle, mais ce sera de moins en moins vrai et c’est déjà très largement le cas. Il faut de la valeur ajoutée car les bras qui font des mouvements faciles à reproduire sont évidemment remplacés par des machines.

François oublie aussi à mon sens toute la sphère du bénévolat qui fait tourner tout autant ce pays que la sphère productive du salariat. La gratuité du travail et de l’action y est la base.

François oublie l’engagement et la vocation. Un pompier va-t-il poser sa lance à Notre-Dame parce qu’il vient de terminer son service?

Toujours à propos de cathédrale, c’est l’histoire de la parabole des tailleurs de pierre.

L’architecte en charge des travaux se dirige vers un individu à l’air maussade et lui demande ce qu’il fait. «Je taille des pierres. C’est ainsi que je gagne ma vie.» Il en avise un deuxième occupé à la même tâche, qui lui répond poliment : «Je taille le chapiteau d’une colonne.» Puis il en interroge alors un troisième qui lui lance, enthousiaste : «Moi, je suis tailleur de pierre et je bâtis une cathédrale !»
L’attitude de celui qui pense tailler simplement une pierre est très différente de celle de celui qui participe à une œuvre bien plus grande. Cette parabole montre aussi que tout dépend de la manière dont on appréhende sa propre réalité. Approche comptable ou pas.

François oublie ces médecins et ces infirmiers et tous les personnels médicaux qui se précipitèrent dans les hôpitaux parisiens pour servir, pour sauver, pour soigner le soir du Bataclan. Le chef du service des urgences dira même qu’à un moment de la nuit, en levant la tête, il ne connaissait pas la moitié des gens en train de soigner. Vous savez pourquoi? Parce que les médecins qui étaient en vacances à Paris sont tous allés dans les hôpitaux même quand ils venaient de Province. Des heures supplémentaires non payées et hors de tous contrats.

François oublie aussi ces profs, ces maîtresses, qui souvent font plus que ce qu’on leur demande.

Derrière ce « plus » qui est « donné » il y a généralement la certitude partagée que si « je ne le fais pas, qui le fera ».

Derrière le travail il y a un objectif personnel qui va au-delà du fait pourtant indispensable de gagner sa vie.

Ne jamais justifier l’exploitation!

Mon cher François, vous avez raison et il est important de le dire. L’engagement, la vocation, rien de tout cela ne doit justifier l’exploitation, rien ne l’autorise d’ailleurs.

Ceci étant dit et posé, quel est votre objectif, et à toi, quel est ton objectif? Et vous votre objectif de vie? Votre rêve?

Nous devons tous gagner notre vie, mais ne pas perdre notre vie à la gagner!

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas travailler.

Cela veut dire qu’il faut faire converger ses passions avec son travail. Cela veut dire qu’il faut savoir faire converger ses névroses avec son travail. Il faut chercher des convergences et des compatibilités.

Ne pas perdre sa vie à la gagner n’est pas une ode à la paresse.

C’est le rappel salutaire à poursuivre son objectif, à poursuivre ses rêves, au fait de dépasser le fait de simplement gagner sa vie.

Lorsque l’on aime ce que l’on fait, il n’y a pas uniquement de rapport comptable. Bien évidemment que dans la vie tout doit être équilibré, et que même passionné vous devez consacrer du temps aux autres, à votre conjoint ou à votre famille au sens large par exemple. Il faut donc aussi savoir canaliser sa passion ou ne pas se faire emporter par celle-ci. De la même manière, il ne peut pas y avoir une absence de rapport comptable à sens unique, ni de relation profondément déséquilibrée.

Pour autant, pour pouvoir sortir d’une éventuelle relation comptable avec son employeur, il faut pouvoir changer d’employeur, en posant le constat que lorsque l’on est dans une telle situation, le travail n’est pas un « plaisir » mais une vraie contrainte. Dans ce cas là ce n’est pas le nombre d’heures qu’il faut tenter de réduire, ou les minutes qu’il faut grappiller.

Bien souvent c’est le travail qu’il faut changer.

Bien souvent on se croit, ou l’on se sent prisonnier de sa vie, de son travail, de sa localisation.

Bien souvent on cherche toutes les excuses pour ne rien changer.

Il n’y a aucun problème à cela. Chacun fait ce qu’il veut. Le seul vrai problème est le bonheur. Etes-vous heureux?

Je n’ai jamais connu une seule personne heureuse de compter ses minutes avant la pointeuse. Je ne l’ai jamais été non plus moi-même ainsi.

L’une des recettes du bonheur est de ne jamais perdre de vue son objectif, de ne jamais renoncer à ses rêves, et vivre de telle manière que « l’enfant que vous étiez soit fier de l’adulte que vous êtes devenu ».

Je n’ai jamais vu un enfant compter. Ils ne savent pas compter le temps. Ni les heures. Ni les jours. Ils ne savent pas compter l’argent, et les sommes ne représentent rien pour eux. C’est nous qui leur apprenons tout cela afin de les préparer à la dictature de la pointeuse et de la nécessité de « gagner sa vie ».

C’est une bien triste perspective.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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