Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Hier, je concluais mon édito en écrivant :

« Lorsqu’un système économique n’est plus en mesure de rémunérer l’épargne, c’est qu’il y a un immense problème, car l’argent n’a plus de prix. Il y a une raison à cela. Et la raison n’est en aucun lié au «capitalisme», mais à nos États qui ont besoin de croissance. Je vous expliquerai cela demain ! »

Les États, tous les États ou presque d’ailleurs, ont totalement modifié les règles du capitalisme.

Reprenons, en ces temps de grande confusion, les choses simplement.

Le capitalisme, c’est quoi ?

Fondamentalement, une chose… la propriété privée et par extension la propriété privée des moyens de production par rapport au communisme et au collectivisme.

Il ne faut donc pas confondre le capitalisme avec ce que nous vivons.

Non pas que ce soit bien ou mal, non, ce qui est important, c’est de savoir de quoi on parle.

Et nous parlons… d’un système totalitaire marchand, que nous pourrions aussi appeler « consumérisme d’État ».

Le consumérisme d’État, c’est quoi ?

C’est un système économique global et, par définition, de plus en plus totalitaire où convergent les intérêts des grandes multinationales et des États de la planète.

Par quel mécanisme ?

Par celui de la croissance !

Reprenons.

Plus les États sont endettés, plus ils ont besoin de rentrées fiscales pour payer la dette et, généralement, uniquement les intérêts de la dette.

Pour pouvoir maintenir l’illusion de la solvabilité et s’assurer que la pression fiscale soit supportable, il faut de la croissance économique.

À part pour Christine Lagarde, qui nous avait inventé de la croissance négative, la croissance est évidemment positive et elle nécessite plus de tout cette année par rapport à l’année dernière. Plus de croissance c’est nécessairement, dans notre conception, plus de consommation. Plus de voitures, de mouchoirs, de téléphones, d’ordinateurs, de logements, etc. Plus, plus, toujours plus.

Logique.

Comme on exprime notre solvabilité par le ratio de la dette sur PIB, plus on augmente le PIB, plus le ratio est favorable et la solvabilité, maintenue.

Pour maintenir un niveau toujours plus élevé de croissance du PIB, il faut pousser à la consommation et parfois même la forcer.

D’ailleurs, « on » la force de plus en plus !

La consommation forcée !

Je vous en parle de plus en plus, mais ce sujet, il faut dire, commence à me poser de sérieux problèmes intellectuels et économiques que les économistes sérieux (ceux qui passent à la télé), et pas ceux de comptoir comme moi, ne soulèvent toujours pas.

En effet, prenons par exemple toutes ces lois qui ont pour finalité de vous faire dépenser plus d’argent, et de l’argent que vous auriez franchement gardé pour épargne ou pour en faire toute autre chose.

« Chérie ?

– Oui mon amour ?

– Ça te dit qu’on s’offre un petit diagnostic immobilier ce week-end pour se faire plaisir ?

– Évidemment, non !

– Chérie, ça te dit que l’on s’augmente notre facture EDF de 7 % ?

– Évidemment, non !

– Chérie, ça te dit que l’on s’augmente notre contrôle technique ?

– Évidemment, non !

– Chérie, ça te dit que l’on se refasse tout le système électrique de la maison qui marche très bien pour qu’il soit aux dernières normes ?

– Évidemment, non ! »

Nous en sommes donc arrivés au point où l’État, par la mise en place de normes nouvelles ou d’augmentations de tarif, influe directement sur le taux de croissance du PIB en forçant littéralement la consommation et en rendant obligatoire la dépense. C’est évidemment la définition même d’un processus totalitaire.

Or, l’État a besoin que vous consommiez de plus en plus. D’abord, parce qu’à chaque achat, il perçoit au moins 20 % du prix sous forme de taxe, comme la TVA, mais aussi la TIPP sur les carburants, et aussi parce que cela fait artificiellement augmenter le PIB.

Un taux de croissance déterminé à l’avance !

Je peux vous dire de combien sera la croissance de l’année 2018 !! Enfin, non je ne peux pas, mais tout de même… Je ne peux pas, car je n’ai pas accès aux gros ordinateurs de Bercy, mais si vous me les filez deux ou trois jours, j’ai la prétention de vous calculer le futur PIB de notre pays à la fin de l’année sans me gourer !

Comment ?

Il faut juste prendre en compte les variables les plus importantes !

Tenez, EDF par exemple. EDF fait un CA de 70 milliards, si on augmente l’électricité de 10 %, cela fait 7 milliards d’euros de PIB en plus. Ensuite, on prend l’augmentation du timbre que l’on multiplie par la CE de la Poste, puis on prend les péages, puis on prend le prix du ticket du métro, puis on fait augmenter les prix de la nourriture avec la nouvelle loi alimentation de 6 % que l’on applique en moyenne sur la totalité des CA des supermarchés de ce pays, on pense aussi à l’augmentation des contrôles techniques multipliés par le nombre de contrôles effectués chaque année, etc., etc., etc. !!!

Si vous avez les bonnes machines et les bons modèles économiques, vous allez pouvoir calculer à l’euro près la croissance économique forcée et décidée par l’État.

Autrement dit, c’est de l’économie administrée !!

Le problème avec l’économie administrée, c’est que cela ne fonctionne pas. Enfin, un temps seulement, après, cela se termine mal… en général !

D’abord, il faut bien comprendre que si facialement, en augmentant la consommation, on crée plus de croissance économique, on ne crée pas plus de richesse, ce qui est une évidence que mon fils de 11 ans comprend déjà parfaitement.

Si je consomme des trucs achetés et produits en Chine, certes j’augmente mon PIB ici, mais j’augmente aussi mon déficit commercial, et le déficit (ou l’excédent) commercial c’est tous les sous que l’on perd ou que l’on gagne collectivement. Nous, en France, on les perd par dizaines de milliards d’euros qui partent d’ici pour aller en Chine (et de façon générale, dans les pays qui produisent moins cher que nous), ce qui n’empêche pas notre taux de croissance, lui, de monter…

Et vous avez cette situation remarquable où un gouvernement se tape sur le ventre pour se satisfaire d’un taux de croissance meilleur que prévu alors qu’il repose sur une plus grande quantité de dettes accumulées que de croissance générée, et qu’en plus nous nous appauvrissons à chaque achat effectué à l’étranger, que nous considérons comme du PIB…

Si à ce niveau du raisonnement vous avez enfin compris que nous vivons dans un asile de fous économiques, alors c’est que vous êtes… normal et sain d’esprit !! (Ça, c’est la bonne nouvelle.)

Nous en sommes donc arrivés au paradoxe exquis où la croissance créée par l’État consumériste crée de la pauvreté… C’est logique, d’abord nous nous appauvrissons collectivement de l’ensemble de nos déficits (budgétaires, commerciaux, etc.), mais en plus nous sommes forcés de faire des dépenses totalement inutiles ou que nous n’aurions évidemment pas faites.

Ce sont ce que l’on appelle pudiquement en économie les dépenses « contraintes », comme votre loyer, votre facture EDF ou téléphone, sans oublier… vos impôts !! Plus les dépenses contraintes augmentent, plus le pouvoir d’achat baisse.

Mais la baisse du pouvoir d’achat n’est pas le seul élément à prendre en compte. Il y en a un autre, qui est le corollaire de la dépense contrainte, qui est le sentiment de perte de liberté. Vous êtes obligés et vous n’êtes plus libres de vos dépenses ou de moins en moins. Ce sentiment de dépossession n’est pas pour rien dans l’explosion du mouvement des Gilets jaunes, un mouvement par ailleurs très sain dans ce qu’il représente de rejet d’un système devenu totalement fou.

Je suis persuadé que vous avez remarqué que globalement (à part une ou deux années), notre PIB croît. Plus il augmente, plus nous avons l’impression de nous appauvrir. Eh bien, ce n’est pas qu’une impression. Le consumérisme d’État augmente le PIB au détriment du pouvoir d’achat et de la liberté des ménages.

Conclusion de tout cela ? La croissance crée la pauvreté !

La croissance économique actuelle crée de la pauvreté, de la pollution, de la détresse sociale, de la misère environnementale, et un cortège de conséquences particulièrement néfastes.

L’ennemi n’est ni le petit riche, ni le voisin, ni le pauvre bougre qui traverse l’océan, mais le système consumériste d’État qui trouve sa source dans des États qui ont besoin de croissance absolue du PIB et de multinationales qui veulent vendre toujours plus dans une course infinie à l’augmentation des profits.

Tout cela forme le système totalitaire marchand.

Au bout du compte, cela donne le théorème de Sannat, au comptoir, avec mon copain Gérard.

« Plus ça augmente, moins y’en a ! »

CQFD.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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