Mon titre est volontairement provocateur, parce que dès que l’on parle de « génétique », de potentialité et d’égalité, on s’engage sur une pente particulièrement glissante et dangereuse.

Or, c’est exactement ce qu’il s’est passé lors de ce colloque du CNRS consacré aux apprentissages et intitulé « Colloque international. Éducation et inégalités » (Source ici)

Avant de partager avec vous quelques éléments de réflexion, le pomme de discorde se trouve en page 8 dans la partie :

Facteurs génétiques

Franck Ramus, chercheur au laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique (LSCP) du CNRS, s’interroge : « Le génome des parents transmis à l’enfant n’intervient-il pas en tant que facteur confondant en amont de tous les autres facteurs qui influencent la performance scolaire ?

Il pourrait influencer à la fois le statut socio-économique de la famille et la performance scolaire de l’enfant ». Il apporte un éclairage inédit, puisé dans les récentes avancées scientifiques en génétique. Depuis une dizaine d’années, les généticiens ont trouvé des marqueurs génétiques qui confirment aujourd’hui ce qui est pressenti depuis longtemps :
le facteur social ne suffit pas à expliquer les différences entre élèves.

Pour preuve, certains programmes spécifiques testés en classe réussissent à certains et non à d’autres, alors qu’ils ont le même statut socio-économique : tous les élèves, y compris ceux qui ont d’importants troubles des apprentissages (TSA, dyslexie) ne répondent pas de la même manière à une approche pédagogique donnée. « Des études génomiques ont apporté récemment des preuves de l’implication de facteurs génétiques à la fois dans le développement cognitif de l’enfant et dans sa performance scolaire, affirme Franck Ramus.

Mais attention, tient à préciser le chercheur, il ne s’agit pas d’utiliser des tests génétiques pour prévoir les potentialités scolaires de chaque élève, avec l’idée de mieux personnaliser l’enseignement. Pour moi, cette perspective n’est ni plausible, ni particulièrement désirable ».

L’intérêt serait plutôt de pouvoir contrôler précisément le facteur génétique afin de mieux estimer l’impact des facteurs sociaux, et également de mieux déterminer les effets des interventions éducatives et sociales. Les prédispositions génétiques peuvent offrir une clé de compréhension, tout en interagissant avec les facteurs environnementaux et éducatifs.

« Même s’il s’agit d’une petite révolution conceptuelle en soi, affirme le chercheur, le génome serait bien un facteur confondant
des facteurs sociaux ».

Au delà de l’émotion légitime sur ce genre de thématique réfléchissons !

Les proverbes ou les expressions populaires en disent généralement plus long que les longues études sociologiques.

Nous avons par exemple « les chiens ne font pas de chats », ou « on ne fait pas d’un âne un cheval de course », ou encore « ce n’est pas le couteau le plus affuté du tiroir ». Nous avons tous bien conscience qu’il existe des niveaux d’intelligence et donc de capacités cognitives entre les personnes. C’est d’ailleurs bien pour cela que l’on mesure le QI qui n’est certes, qu’un des éléments multiples qui forge notre intelligence.

A la base, nous avions un « tronc commun » de savoirs de base, lire, écrire et compter, et globalement tout le monde y arrivait, plus ou moins difficilement, mais tout le monde y arrivait. Après il y avait ceux qui quittaient l’école, ceux qui poursuivaient des études, techniques ou plus intellectuelles et les enseignements ainsi que les publics étaient très différenciés.

Nous avons voulu une école unique et pousser tout le monde au bac, en obligeant des millions de jeunes à une torture intellectuelle. Evidemment vu de Paris et des couloirs des ministères où le seul espace vert est celui du square de quartier, on ne se rend pas compte par exemple que beaucoup de jeunes, d’enfants, ne sont pas dotés du gène du « restez assis pas bouger et mange des maths toute la journée ».

Dans mon petit coin de Normandie la moitié des gosses a besoin d’être dehors. Ce sont des enfants de la campagne, bien qu’ils commencent comme partout à devenir des enfants des écrans ce qui est terrible pour les apprentissages. Bien plus que l’école buissonnière et d’aller courir dans les prés derrière les lapins.

Notre erreur a été, et, est toujours de vouloir pousser jusqu’au Bac des millions de jeunes qui n’en ont jamais vu l’intérêt.

La composante génétique est indéniable, mais elle n’explique rien des dysfonctionnements de l’école actuelle.

Pourquo i?

Parce qu’il y avait autant d’abrutis il y a 50 ans qu’aujourd’hui, en données corrigées de la bêtise provoquée par les écrans et l’affaiblissement du langage (donc de la pensée).

Ce qui a changé c’est la manière d’enseigner et d’orienter.

En ce qui me concerne, je ne parlerais même pas de capacités génétiques intellectuelles, mais simplement d’enfants dits « scolaires » ou non-scolaires. Pour nos gosses pas très scolaires, ceux qui ne tiennent pas en place, nous ne proposons rien ou si peu, avec une forte augmentation en plus des traitements « calmants ».

Bref, sur ce sujet, comme sur tous les autres, nous manquons cruellement de bon sens.

Vouloir 95 % de bacheliers dont la moitié ne sait ni lire ni écrire, est d’une immense stupidité, c’est un immense gâchis financier, mais pire que tout, c’est un effroyable gâchis humain car nos enfants sont notre avenir et la société de demain. Leur éducation, leur instruction et leur formation doit être l’une de nos priorités nationales bien évidemment.

Enfin en faisant « croire » qu’ils sont « tous » bacheliers pour de « vrai » alors que c’est pour de faux pour la moitié, nous envoyons à tous une mauvaise information, une mauvaise mesure. On leur fait croire à un niveau qui n’est pas le leur, ce qui viendra alimenter après un sentiment d’échec, de colère, d’envie, d’injustice ou provoquera un abattement et/ou de la perte de confiance. Ce mensonge collectif est aussi un mensonge qui individuellement engendre de très fortes conséquences, des conséquences désastreuses. La démagogie est le chemin toujours le plus facile, mais il se termine toujours dans les larmes.

Charles SANNAT

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