Le court termisme n’a pas seulement un effet catastrophique sur l’environnement, cela n’est que l’une des conséquences néfastes d’une vision de ses dividendes du prochain trimestre.

Cela veut dire que l’on ne construit rien dans la durée.

Cela veut dire que l’on sacrifie tout pour un peu plus d’argent demain, plutôt qu’énormément dans 10 ans.

Cela veut dire que l’on n’a plus la même compréhension de l’effort, de la constance.

Cela veut dire que l’on ne laisse plus le temps au temps pour qu’il fasse son ouvrage.

Alors oui, le court termisme n’est pas bon pour l’environnement, mais il également désastreux pour l’homme, pour la vie en société, pour le bien-être.

En réalité rien n’est facile pour personne.

Tout est difficile pour tout le monde.

Réussir, créer, construire, bâtir des cathédrales, des pyramides ou des temples cela prend du temps, jeter des ponts entre les hommes cela prend du temps.

Tout prend du temps, de la sueur, de l’énergie, du travail.

Rien ne se fait à court terme.

Le temps est essentiel à l’affaire.

Charles SANNAT

« Ceci est un article « presslib » et sans droit voisin, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

«Le court-termisme a un effet catastrophique sur l’environnement», dénonce Dominique Plihon

Tandis qu’Emmanuel Macron vient de présenter sa réponse aux propositions de la Convention citoyenne pour le climat, le podcast «Russeurope Express» consacre son dernier numéro à l’idée de planification écologique. Invité de Jacques Sapir et Clément Ollivier, l’économiste Dominique Plihon insiste sur le rôle néfaste de la financiarisation.

«Je le dis clairement, je suis en désaccord avec la taxe de 4% sur les dividendes que vous proposez. [Ce serait] réduire notre chance d’attirer des investissements supplémentaires», déclarait le président de la République le 29 juin aux membres de la Convention citoyenne pour le climat, réunis dans les jardins de l’Élysée pour écouter la réponse du chef de l’État à leurs 149 propositions.

L’essentiel d’entre elles, pas moins de 146, est néanmoins retenu par Emmanuel Macron, qui salue le travail de la Convention et met 15 milliards d’euros supplémentaires sur la table. Reste que, fidèle à son orientation économique, l’exécutif semble donc avoir été sensible aux réticences du patronat sur ce type de mesures redistributives, et continue notamment de compter sur le développement d’une «finance verte» pour aider à la transition écologique.
Mais l’économie financiarisée est-elle structurellement adaptée aux défis de l’urgence climatique? Invité de l’émission Russeurope Express sur Sputnik, l’économiste Dominique Plihon note une contradiction entre la vision à court terme des investisseurs financiers et l’horizon long de la transition.

«Un trader, ça pollue»
Très investi sur les questions écologiques, mais à l’origine spécialiste de la finance, le membre d’Attac cite une étude co-écrite en 2018 avec sa collègue Sandra Rigot: «Nous avons étudié ce qu’on appelle les “investisseurs institutionnels”, comme par exemple les fonds de pension aux États-Unis. Et nous nous sommes aperçus qu’ils ont une façon de fonctionner qui les rend nécessairement court-termistes.»

Jacques Sapir et Clément Ollivier reçoivent Dominique Plihon, économiste, professeur émérite à Paris 13 et membre d’Attac, auteur de la note «La planification écologique: une approche institutionnaliste» (revue Les Possibles, avril 2020).

«Le paradoxe incroyable, poursuit Dominique Plihon, réside dans le fait que ces investisseurs gèrent une épargne longue mais qu’ils sont incapables d’avoir des placements qui ne soient pas rentables rapidement.»
Le professeur émérite à Paris 13 juge donc notre système financier «totalement inadapté aux investissements de long terme qu’exige la transition. Ça a un effet catastrophique». Pour conjurer cette «tragédie des horizons», selon l’expression de l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney, Dominique Plihon appelle à renforcer la réglementation et à développer des institutions publiques capables de mener des investissements verts durables: «C’est un rôle que peuvent jouer les fonds souverains ou des acteurs comme la Banque publique d’investissement (Bpifrance), même si elle est encore toute petite et trop prisonnière, paradoxalement, de la logique financière.»

«Il ne faut pas oublier, renchérit Jacques Sapir, que l’économie financière a un coût énergétique très important, du fait de tous les systèmes informatiques par lesquels on cherche à gérer les marchés en temps réel. Un trader, indirectement, ça pollue!»
«Cela pose donc la question de se passer, ou au moins de réduire, les instruments financiers qui tentent de contrôler le présent de façon immédiate», conclut le directeur d’études à l’EHESS. D’où la nécessité, selon les deux économistes, d’une écologie qui ne soit pas qu’incitative mais aussi planifiée démocratiquement.

Difficile rupture
Or les pouvoirs publics, regrette Dominique Plihon, «sont aussi court-termistes à bien des égards, pour des raisons électorales ou autres». Il juge donc nécessaire de créer de nouvelles institutions politiques, en plus de celles de la démocratie représentative, qui seraient à même de planifier la transition écologique sur une temporalité plus longue que celle des mandatures traditionnelles.

Reprenant l’idée du philosophe Dominique Bourg, l’économiste compte sur la délibération que pourrait avoir une «Assemblée du futur» pour gérer ces problématiques de façon concertée. Un concept qui a d’ailleurs inspiré, dans la foulée de la crise des Gilets jaunes, la création de ladite Convention citoyenne pour le climat, à laquelle Dominique Plihon rend hommage: «C’est formidable que des gens souvent non politisés, des citoyens lambda, aient participé avec autant d’énergie et d’honnêteté intellectuelle à ce travail qu’il faut respecter.»
Mais le militant d’Attac estime que les mesures proposées «ne sont, pour la plupart, pas de nature à créer une rupture avec le système actuel», et met en cause «non pas les participants mais certaines personnes qui ont été désignées pour les encadrer». Une tiédeur que Dominique Plihon va jusqu’à juger «un peu dangereuse: le gouvernement pourrait être tenté de s’en contenter, tout en essayant de récupérer tous les bénéfices politiques.»

Source agence de presse russe Sputnik.com ici

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