J’aime bien titiller l’esprit de contradiction de mes camarades lecteurs !

En effet, comme vous le savez, partout il est écrit que c’est la fin du dollar, l’effondrement du roi dollar.

Je n’en crois rien pour le moment et à ce stade.

Mon analyse est qu’il ne faut pas confondre passage d’une domination monétaire sans partage à un monde monétairement multipolaire et effondrement.

Progressivement, la place du dollar dans les échanges va se réajuster en fonction des nouveaux et futurs équilibres économiques planétaires. Évolution certes. Effondrement ? Pas pour le moment.

D’ailleurs, l’exemple iranien, qui est le dernier en date, montre bien l’attrait du dollar américain.

En effet, le « gouvernement a décrété ce taux de change fixe pour enrayer la chute de la monnaie nationale, qui a perdu plus de 30 % de sa valeur face au billet vert en six mois ».

Du coup, les Iraniens se jettent sur les billets verts… sans en trouver !

« J’ai fait tous les bureaux de change, il n’y a pas moyen de trouver des dollars. » Comme Tahmoures Faravahar, de nombreux habitants de Téhéran se sont rués chez les cambistes dans l’espoir de trouver des billets verts à un prix abordable. Mais ils ont fait chou blanc et beaucoup expriment leur colère, quelques heures après l’instauration d’un taux de change fixe entre le dollar et le rial iranien.

La chute est nourrie par un mouvement de spéculation basé sur la crainte d’un effondrement encore plus marqué de la monnaie nationale si le président américain Donald Trump exécute sa menace de retirer en mai les États-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien.

Depuis mardi, l’Iran n’autorise plus que les échanges au taux de 1 dollar pour 42 000 rials iraniens. La veille, il fallait encore débourser jusqu’à 60 000 rials sur le marché libre pour espérer acquérir un dollar.

Espérant acheter des billets verts au nouveau taux plus avantageux, des centaines de personnes ont afflué dans la rue Ferdowsi, au centre de Téhéran, qui compte des dizaines de banques et de bureaux de changes.

Mais sur les devantures, ils n’ont souvent trouvé que le panneau suivant : « Nous n’avons pas de dollars à vendre ».

Trafic de drogue ou trafic de dollars, même combat pour les autorités iraniennes !

« Nous ne reconnaissons aucun autre taux de change et à partir de [mardi], nous considérerons comme de la contrebande tout autre taux de change sur le marché », a-t-il martelé après une réunion d’urgence du gouvernement.

Comparant toute tentative d’obtenir ou de vendre des dollars à un autre taux au « trafic de drogue », il a ajouté que « la justice et les forces de sécurité s’occuperont » d’éventuelles violations. »

Effondrement monétaire… 

Si avec l’euro nous avons l’illusion d’une immense stabilité, il ne faut pas oublier qu’avant l’arrivée de la monnaie européenne, la valeur du franc ou des autres monnaies européennes étaient parfois très fluctuante et c’est le moins que l’on puisse dire. Si l’euro a comme très net avantage de nous conférer une stabilité que nous n’avions pas, il a pour défaut de supprimer les mécanismes de réajustement économiques naturels.

Du coup, quand il craquera, nous connaîtrons une crise monétaire de l’ampleur du Venezuela, de l’Iran, ou de la Russie ! Et cela fera drôle. Ce sera alors, pour nous aussi, la course au dollar, ou vers toute autre devise semblant sûre… ou vers l’or, seul actif tangible fractionnable et liquide… hors monnaie papier.

Évidemment, on ne s’assure pas quand la maison brûle mais avant !

Les Iraniens qui courent aujourd’hui n’avaient rien anticipé. Pourtant, ils avaient tous les signes avant-coureurs.

Pour nous aussi c’est le cas.

Charles SANNAT

Source AFP via Romandie.com ici

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