Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

« Disrupter »… Bon, ce n’est pas vraiment du bon français, et cela vient de l’anglais « disruption ».

Bon, si on creuse un poil, on se rendra vite compte que l’on devrait parler de créations ou d’innovations « disruptives », car le mot « disruptif » existe bien chez nous et pour cause… Cela vient du latin ! Comme quoi, les « as » de la Silicon Valley n’ont rien inventé de plus que nos moines bénédictins…

« Du latin disruptus, participe passé du verbe disrumpere (ou dirumpere), briser en morceaux, faire éclater, rompre, détruire.

L’adjectif disruptif est un terme savant, peu usité qui qualifie ce qui sert à rompre, ce qui est relatif à une soudaine rupture. »

Si je viens de faire une innovation « disruptive », je viens évidemment rompre les usages technologiques ou les habitudes d’un marché. C’est exactement ce qu’il se passe avec les progrès d’Internet et des communications qui nous permettent de faire des choses impensables il y a encore seulement quelques années.

Moi qui vient du siècle dernier et du millénaire précédent, jeune étudiant, il fallait péniblement écumer physiquement les bibliothèques et autres centres de documentations et d’informations pour trouver ce que l’on cherchait. Puis Internet est devenu une bibliothèque géante accessible de partout tout le temps… L’accès aux connaissances a été bouleversé… De même que notre manière de consommer, d’acheter, de comparer les prix, de nous faire livrer, ou même de nous déplacer. Chaque jour, les financiers et les investisseurs du monde entier attendent la nouvelle innovation « disruptive » qui va venir casser le fonctionnement traditionnel d’une profession et permettre évidemment au passage une énorme augmentation des profits…

Il y a des secteurs qui sont très vulnérables, et d’autres moins. Il y a par exemple une énorme probabilité que le secteur des banques se fasse « disrupter » tant elles sont devenues chères pour les épargnants, et tant elles sont devenues inutiles, et tant l’épargne ne rapporte plus rien….

De l’autre côté, un secteur comme celui des HLM et du logement social a peu de chance d’être « disrupté » car il n’y a pas vraiment d’argent à gagner à loger des pauvres solvabilisés uniquement avec des aides sociales… N’y voyez aucune critique, c’est juste pour montrer que tout ne peut pas forcément être bouleversé. C’est la même chose par exemple avec les maisons de retraite, bien que dans ce cas précis, on pourrait tout de même envisager « l’exportation » de nos anciens dans des contrées low cost (comme peuvent le faire les Japonais). Votre maison de retraite est ici, avec les coûts d’ici, et les services même mauvais doivent être assurés au minimum. Tout cela limite les marges de manœuvre (jusqu’à l’arrivée des super humanoïdes).

Prochaine étape pour Amazon ? Les comptes bancaires !

Si le géant Amazon propose déjà des cartes de paiement pour ses clients américains, émises par la banque Chase, le groupe Amazon souhaite aller plus loin encore en proposant cette fois rien de moins qu’un compte courant.

Le colosse de l’e-commerce est en discussion avec de grandes banques, et les noms de la JP Morgan et de Capital One ont été évoqués à plusieurs reprises.

Pour le moment, Amazon n’a pas percé véritablement dans les usages de ses modes de paiement comme son système Amazon Pay, qui permet de payer avec son compte Amazon (un peu comme fonctionnerait un compte PayPal) sur d’autres sites. La firme de Seattle envisage de l’étendre aux magasins physiques, en particulier dans ses boutiques bio Whole Foods.

Mais pour le moment, le groupe Amazon patine.

Alors Jeff Bezos, le patron, va-t-il accélérer sur ce sujet de gros sous ? En effet, les commissions et frais bancaires payés par Amazon représentent dans le monde entier des sommes phénoménales.

Si Amazon débarque réellement dans le secteur bancaire avec ses méthodes, sa culture et ses moyens, il y a de fortes chances que les banques traditionnelles soient littéralement pulvérisées et très rapidement !!

La seule chose qui sauve pour le moment le secteur bancaire traditionnel, c’est que les géants du Web, Amazon comme Google, n’ont pas encore osé franchir totalement le Rubicon, et c’est assez logique. En devenant banque, ils déclareraient la guerre au système financier qu’ils menaceraient.

Ces grands groupes se mettraient également dans une telle position de domination (dite dominante dans le droit des affaires) que cela pourrait déclencher des procédures de démantèlement et l’application des lois antitrust qui démangent Donald Trump dans le cas d’Amazon.

Tout cela est donc à surveiller avec attention, mais il se pourrait bien que les géants du net n’aillent pas aussi loin que ce qu’ils pourraient théoriquement faire.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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Source The Wall Street Journal ici

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