Mais pourquoi diable les États-Unis d’Amérique, premier marchand d’armes de la planète et premier fabricant d’avions de guerre et qui soit dit en passant mettent consciencieusement des bâtons dans les roues de tous les concurrents possibles à commencer par les Rafales de Dassault aviation, veulent-ils tout d’un coup acheter des avions français, et quelque peu démodés qui plus est ?

La France vend 63 Mirages d’occasion aux États-Unis

La réponse se trouve du côté de la privatisation de l’armée américaine, qui de vous à moi ne sera bientôt plus qu’une pauvre milice, enfin, plutôt une milice de luxe au service des multinationales et l’outil de répression du totalitarisme marchand.

Pour aller vers cet objectif, la guerre devient un marché comme les autres, avec ses appels d’offres et ses grandes firmes privées, capables d’aligner des armées entières de mercenaires équipées pourtant du matériel dernier cri.

Ainsi la ministre des Armées Florence Parly va conclure la vente 63 Mirages F1 société Airborne Tactical Advantage Company (ATAC), filiale groupe Textron.

Ces avions de chasse, « joueront désormais le rôle de l’adversaire lors des entraînements des pilotes américains de l’US Air Force. Une seconde vie pour ces appareils qui rouillent sous les hangars de la base de Châteaudun (Eure-et-Loir) depuis qu’ils ont été retirés du service en 2014 ».

« Dans l’affaire, ATAC était en concurrence avec une autre société de service américaine, la compagnie Draken International. Alors que l’armée de l’air américaine s’apprête à lancer un méga-appel d’offres pour la fourniture de 37 000 heures de vols par an pendant dix ans pour l’entraînement de ses troupes, les entreprises américaines tentent d’acquérir tous les avions possibles sur le marché international. ATAC rachète ainsi ces chasseurs Dassault, dont elle espère tirer 5 à 9 000 heures de vol par an à vendre à l’armée de l’air américaine. Ce qui correspond à la remise en vol de 30 à 45 appareils sur les 63 repris. »

Donc en gros, vous êtes en train d’assister à la privatisation rampante de l’armée américaine. Ici il s’agit de l’USAF, et d’un marché concernant l’entraînement des pilotes.

N’imaginez pas que tout cela soit fait uniquement pour des raisons de coûts ou d’efficacité. Il y a un objectif bien moins inavouable derrière tout cela, et c’est une politique menée sur des décennies dont on commence à voir poindre le résultat.

Il n’y a rien de plus dangereux qu’une armée de « métier » car cela finit inévitablement par devenir une milice privée au service d’intérêts privés.

Seule la conscription empêche ce genre de dérives.

Charles SANNAT

Source Les Échos ici

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