Julia Cagé est enseignante à l’université de Harvard et à l’Ecole d’économie de Paris. Votre modeste serviteur n’est qu’un humble économiste de grenier de province… autant vous dire que je n’arrive pas à la cheville académique de la dame concernée.

Mais je crois devoir vous dire que je n’ai strictement aucun avenir académique dans des universités aussi prestigieuses qu’Harvard et voir des esprits si brillants nous sortir de telles inepties, c’est vraiment du gâchis.

Julia Cagé se fend d’une superbe Tribune dans le journal du même nom intitulée tenez-vous bien « Pourquoi la France doit continuer à se désindustrialiser »…

Voilà un vaste programme…

Celui de l’abandon, de la souveraineté, de l’autonomie, de l’indépendance et au bout du chemin de notre liberté de souverain c’est-à-dire de notre prérogative de peuple à disposer de nous-mêmes… Pour le dire autrement la dame nous propose de jeter aux orties tout ce qui fonde les bases de la déclaration des droits de l’homme ou les principes de notre Constitution.

Il n’y a pas vraiment de surprise là-dedans, mais il fallait, dans le contexte actuel, une sacrée dose d’idéologie pour ne pas dire de volonté manipulatrice pour sortir un raisonnement comme celui-ci avec un titre comme celui-là !

« ll y a des discours politiquement vendeurs, car touchant aux peurs les plus profondes des citoyens. Ces discours sont dangereux quand ils sont faux et font le choix de la facilité. Les discours répétés sur la désindustrialisation et le déclin de la France sont de ceux-là. Oui, la part de l’emploi industriel dans l’emploi total est en train de baisser. Oui, la France est en train de se désindustrialiser. Mais non, ce n’est pas grave. En fait, c’est tant mieux.

On érige (un peu trop) souvent l’Allemagne en exemple. Mais si notre voisin se porte si bien quant à ses exportations, c’est en partie parce qu’il a délocalisé une part de sa production, tout en maintenant sur les sites nationaux les étapes à haute valeur ajoutée. La France doit avoir le courage de faire ce choix de l’« outsourcing », parce que c’est celui de la valeur ajoutée et de l’emploi.

Vous n’êtes pas convaincus ? Retournez votre iPhone : « Designed by Apple in California. Assembled in China ». Qui d’après vous est gagnant dans l’histoire ? La Chine qui produit ou les États-Unis qui créent ? Si l’assemblage d’un iPhone produisait plus de valeur pour le pays assembleur que sa conception pour le pays de création, alors il serait tout à fait légitime de défendre la survie d’une industrie forte qui puisse assembler tous les iPhones du monde. Mais ce n’est pas le cas. Dans un système mondialisé de l’innovation, celui qui capture la valeur, c’est celui qui innove, pas celui qui produit ».

En trois paragraphes nous avons un concentré de l’idéologie mortifère qui nous a conduit dans le mur lorsqu’il a fallut fournir des masques à notre population ou des blouses à nos infirmières. Il n’y a aucune valeur ajoutée technique dans le gant en latex du chirurgien ou dans le masque bleu… Il y a des productions de masse assez basiques !

Celui qui produit est indépendant. Celui qui fait produire est dépendant.

Simple.

Ensuite croire que la valeur n’est que dans la « conception » est une erreur d’une telle profondeur, qu’aujourd’hui l’hégémonie américaine est menacée par la Chine pour la raison simple que cela postule que le « petit chinois » n’est bon qu’à produire des tee-shirts, et qu’il sera à jamais incapable de faire de la « conception »…

La Chine est une immense civilisation, millénaire et brillante.

Nos amis Chinois savent donc désormais aussi bien produire que concevoir.

Et à votre avis qui gagne une compétition mondiale ?

Celui qui ne sait que « concevoir » et finira par se faire copier, ou celui qui sait concevoir et produire en masse ?

Le second bien évidemment.

Toutes les Julia Cagé du monde ou les Julien Cagé nous ont menés dans un piège mortifère qui se compte aujourd’hui en morts, mais aussi en chômeurs, mais aussi en perte d’indépendance, en perte de nos libertés, et en destruction de nos démocratie.

Alors ceux qui pensent qu’il faut désindustrialiser la France, ne se trompent pas.

Ils mentent.

Ils manipulent.

Ils défendent des intérêts biens particuliers et pas généraux.

Ils sont économistes à Harvard et bénéficient des honneurs.

Je préfère mon grenier et mon peuple.

Charles SANNAT

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Source La Tribune ici

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