Dans une Tribune, le magazine Marianne découvre que « L’effacement des dettes a déjà commencé (mais il ne faut pas le dire) ».

 » Faudrait-il effacer une partie de l’ardoise issues de la crise sanitaire ? Des économistes le souhaitent mais finalement, puisque les banques centrales ouvrent les vannes depuis longtemps, ne le font-elles pas déjà … sans le moindre débat démocratique ?
Ici encore, les alternatifs ne sont pas les plus habiles communicants. Il faut dire que parler d’effacement de la dette rend le sujet explosif. La différence avec un défaut n’est pas claire pour les profanes, et cela permet toutes les caricatures, ce qu’Agnès Verdier-Molinié s’est empressée de faire. Pourtant, la monétisation des dettes publiques par les banques centrales, la création de monnaie ex nihilo, pour racheter les titres de dettes publiques des Etats, n’est-ce pas une forme d’effacement officieux des dettes publiques ? Après tout, quand une banque centrale publique détient les titres de dettes de son pays, l’Etat se doit à lui-même de l’argent. On peut considérer que les titres de dettes que possède cette banque centrale sur son propre pays sont à la fois au passif du pays (qui doit rembourser l’argent qu’il a emprunté), mais aussi à son actif, via la banque centrale, qu’il détient, et qui recevra le remboursement.

Comptablement, on pourrait sérieusement considérer que la monétisation est une forme d’effacement des dettes publiques. De facto, l’Etat, par sa banque centrale, créé de l’argent pour racheter ses propres dettes, qu’il finit par se devoir à lui-même. A l’échéance de ces dettes, le Trésor versera une somme à la Banque Centrale, ce qui revient comptablement à transférer de l’argent d’une poche (de l’Etat) à une autre. En outre, on constate depuis 2008 que les banques centrales entretiennent leur action, en renouvelant les achats de titres à échéance pour ne pas réduire leur soutien à l’économie. Ainsi, l’augmentation de l’encours de dettes publiques est devenue un instrument comme un autre de la politique monétaire. Ce faisant, il serait intéressant d’étudier le niveau de dettes publiques nettes (montant total moins celui détenu par la banque centrale), pour avoir un regard plus complet sur la question.

Cela explique le cas si particulier du Japon, dont la dette publique atteint 259 % du PIB, ce qui devrait lourdement contraindre les choix du pays. Mais parce que la Banque du Japon a acquis 43 % de la dette publique (pour 111 % du PIB), Tokyo présente une dette nette assez proche d’autres pays. C’est parce que Shinzo Abe a décidé d’une accélération du programme de monétisation (à plus de 10 % du PIB par an depuis 2012), que le pays n’a pas de pression pour se financer, pouvant se permettre des déficits importants. Néanmoins, la particularité du Japon est que sa banque centrale continue à fonctionner comme dans les pays européens des années 1980, Allemagne exclue, à savoir qu’elle obéit au gouvernement, dont elle n’est pas indépendante. Dans le cas du Japon, comptablement, il est très légitime de considérer que la dette publique détenue par la banque centrale est de facto effacée ».

Et la tribune de conclure, que finalement, ce que fait la BCE n’est pas si éloigné que cela de ce que fait la banque centrale nippone.

Et c’est totalement vrai.

Cela fait même 10 ans que la BCE fait comme la BoJ, la Bank of Japan.

Elle fait la même chose mais moins vite, moins fort et moins loin.

La BCE gagne du temps.

Chaque année, elle va toujours un peu plus loin dans la monétisation.

La BCE va lentement parce que l’Allemagne tire sur le frein.

Mais Merkel pèse de moins en moins lourd face à la volonté mondiale du retour de l’inflation, parce qu’il n’y a pas le choix !

Charles SANNAT

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Source Marianne ici

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