C’est un article du Monde (source ici) qui ouvre ses colonnes au secrétaire national de la CFDT-Cadres, Laurent Tertrais, pour une Tribune intitulée “Conditions de travail : « L’injonction permanente à se dépasser, à s’adapter et à être autonome est épuisante »”

Pour lui la charge de travail n’est pas une affaire de gestion, mais d’attention psychique et sociale, et qu’elle constitue aujourd’hui le grand enjeu du monde professionnel, y compris pour les cadres.

“Enquêtes d’opinion et baromètres sociaux confirment une attente forte des salariés et des agents publics de réguler leur charge de travail. Les études convergent pour montrer que la moitié subit une charge excessive en permanence.

Pourquoi une telle plainte aujourd’hui ? Parce que le contexte de travail impose une charge mentale de plus en plus importante et qu’elle est difficile à saisir. On ressent de la fatigue, mais on ne sait pas comment s’en dépêtrer.

Ce n’est évidemment pas nouveau : on s’interrogeait sur le surmenage aux débuts de l’ère industrielle. Mais c’était avant la révolution numérique, qui impose de cohabiter avec une réalité virtuelle qui ignore notre rythme animal. Avant que le travail pour la plupart d’entre nous ne devienne invisible, sans bornes physiques et temporelles. Se représenter l’immatériel demande un effort cognitif.

Parallèlement, nous travaillons depuis une vingtaine d’années sous une pression croissante : faire plus en moins de temps. Peu d’activités sont épargnées par l’intensification. Peu de travailleurs échappent à la polyvalence : en plus de son métier, une cheffe de service hospitalier doit faire de la comptabilité, un livreur doit acheter et entretenir son vélo, une caissière doit inciter les clients à se fidéliser, un juriste doit savoir manipuler ses outils informatiques.

L’injonction permanente à se dépasser, à s’adapter et à être autonome est épuisante. Même les cadres ne sont pas épargnés, loin de là.

Mais cette “charge mentale”… n’est pas qu’au travail, elle touche toutes les sphères de la vie. Explications.

Si je suis d’accord avec ce qui a été dit, que ce soit sur l’injonction permanente à se dépasser, on oublie aussi les injonctions contradictoires, les objectifs toujours plus élevés et toujours plus difficiles à atteindre, ou encore les exigences de reporting ou administratives toujours plus épaisses.

Mais ce n’est là que le volet “professionnel”.

Le problème c’est que dans la vie privée c’est la même chose.

La charge mentale “totale” devient effroyable.

Terrifiante.

Il vous faut gérer tout ce que faisaient autrefois des entreprises ou des administrations.

Les impôts dans votre espace contribuable.

EDF ? Une application pour déclarer votre consommation.

Vos enfants ? Il faut se connecter sur Edu-machin ou école.net ou .com ou je ne sais quel truc pour déclarer l’absence du petit dernier et attacher le certificat médical numérisé que le docteur vous a fait sur papier après 5 heures d’attente et votre scanner est en panne… oui.

Oui.

La charge mentale est terrible.

Effroyable.

Elle nous rend tous fous.

Car la société nous rend folle.

Si le patron de la CFDT a raison, le problème est plus grave qu’il ne le dit parce qu’il est bien plus large.

Charles SANNAT

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