Introduction
Je vous offre l’ensemble de mes billets, pour élargir l’étendue de vos réflexions et ainsi augmenter le « champ des possibles », notamment sur le plan de votre patrimoine. Le fait de citer divers auteurs, parfois (souvent) politiquement incorrects et généralement peu ou pas cités par les « grands médias », ne signifie pas pour autant que j’approuve la vision qu’ils développent. Étant parfaitement conscient que les avis et positions que j’exprime dans mes billets sont l’expression de ma vérité, je vous donne l’accès à mes diverses sources d’informations, afin que vous soyez en mesure d’avoir une appréciation éventuellement différente de la mienne et ainsi construire VOTRE vérité. La seule qui vaille à mes yeux.DES FAITSMon propos n’est pas de vous faire peur, mais de vous préparer, car c’est en sachant les choses qu’on peut mieux les gérer.

La semaine dernière, nous avons vu ensemble qu’une des motivations principales de la création des États-Unis d’Amérique est l’attachement viscéral à la liberté de développer le commerce international sans entraves. Un autre point est aussi très important dans le « logiciel intellectuel de conquête » des Américains : la notion de « sauveur du monde ». Il faut garder en mémoire qu’une partie des premiers colons anglais quittèrent leur pays pour habiter aux États-Unis d’Amérique, afin de fuir les persécutions du fait de leur religion, ce sont les « Puritains ». Plus tard, il y a eu aussi les mormons qui voyaient l’ouest comme une terre sainte, la nation américaine ayant pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation.

En 1839, le journaliste John O’SULLIVAN popularisa l’expression « manifest destiny ». En bon français, le caractère « de droit divin » de la colonisation du nouveau continent américain par les premiers colons anglo-saxons. Précisons à cette occasion que les « Anglo-saxons » sont un peuple d’origine germanique qui s’installe en Grande-Bretagne à partir du Vsiècle et qui, en quelques décennies, se mêle aux indigènes brittoniques.

Tout au long de l’histoire de ce pays, beaucoup de présidents ont affirmé et réaffirmés cette notion de mission divine. Plus près de nous, le sénateur républicain Mitt ROMNEY, avant d’être battu en 2012 par un certain Barak OBAMA, déclarait publiquement « Dieu n’a pas créé ce pays pour être une nation de suiveurs… L’Amérique doit diriger le monde, ou bien quelqu’un d’autre le fera ».

Il faut aussi rappeler que le jour de l’investiture de chacun des présidents et vice-présidents des États-Unis d’Amérique (inauguration day), ceux-ci prêtent serment sur une bible en prononçant la phrase suivante : « Je jure solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des États-Unis contre tous ennemis, externes ou intérieurs, que je montrerai loyauté et allégeance à celle-ci, que je prends cette obligation librement, sans aucune réserve intellectuelle ni esprit de m’en distraire et je vais bien et loyalement m’acquitter des devoirs de la charge que je m’apprête à prendre. Que Dieu me vienne en aide. » Quelques rares présidents n’ont pas prêté serment sur la Bible, comme John Quincy ADAMS qui l’a fait sur un volume contenant le texte de la Constitution, Théodore ROOSEVELT qui n’avait pas de bible à disposition ou Lyndon JOHNSON qui utilisa un missel.

Quelle que soit l’époque et quel que soit le pays, l’iconographie des billets de banque n’est jamais le résultat d’un « délire d’artiste » et encore moins « le fruit du hasard ». La semaine dernière, nous avons vu que le billet d’un dollar comportait, sur une de ses faces, le portrait de Georges WASHINGTON :

L’autre face du « billet vert » est tout aussi intéressante à étudier » :

De 1709 à 1755, les treize colonies imprimèrent différents types de billets, alors en livres sterling, origine britannique oblige. Dès le début de la guerre d’indépendance sont fabriqués des billets exprimés en dollars continentaux, le Continental dollar. Imprimés de façon très (trop) importante, il en a résulté une faillite du système financier de l’époque et donc la création de la Banque de l’Amérique du Nord le 7 janvier 1782. Gardez bien en mémoire le fait qu’une émission exxxcessive de billets de banque… amène inexorablement à la faillite de ce système financier, car c’est très exactement la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Le dollar est finalement adopté par le Congrès de la Confédération le 6 juillet 1785 et devient la monnaie officielle des États-Unis d’Amérique en vertu du Mint Act le 2 avril 1792.

En 1861, les premiers billets verts sont mis en circulation. Ce n’est qu’en en 1864 qu’apparaît pour la première fois sur la pièce de 2 cents l’inscription « In God We Trust », soit en bon français « En Dieu nous croyons » ou aussi « Nous avons confiance en Dieu ». Approuvée en 1955 par un acte du Congrès, elle est depuis 1957 systématiquement imprimée sur tous les billets américains.

À droite de la valeur faciale du billet (ONE) pour un dollar figure le « grand sceau » des États-Unis qui est utilisé pour prouver l’authenticité de documents officiels au sein du gouvernement américain. L’illustration située à gauche du billet représente une pyramide surmontée d’un œil. Elle est entourée de deux inscriptions en latin : en haut, « ANNUIT COEPTIS », qui peut être traduit par « Notre entreprise est désormais couronnée de succès ». En bas, « NOVUS ORDO SECLORUM », qui se traduit par « Nouvel Ordre Séculaire ». À la base de la pyramide figure en chiffres romains 1776.

Avec de pareils symboles, ce sont moult interprétations qui fleurissent, toutes plus argumentées et convaincantes les unes que les autres… ou pas !!! Je vous laisse le libre choix de faire vôtre… ou pas les plus répandues d’entre elles, car là n’est pas mon propos dans cette série de billets. Cela étant, il ne faut surtout pas négliger « le sens caché des choses » et se contenter de balayer d’un revers de main ces différentes « explications ». Le mysticisme est bien présent et je pense que cette illustration n’a certainement pas livré toutes ses significations. Quoi qu’il en soit, il n’est certainement pas « constructif » d’évacuer cette réflexion sous prétexte de « théorie du complot ». J’ai déjà eu maintes fois l’occasion de m’exprimer sur ce point.

Largement utilisée depuis la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement pendant les années de guerre froide avec l’URSS, l’expression de leader du « monde libre » est particulièrement révélatrice de la mégalomanie américaine. Cette expression trouve sa source dans la tradition politique des États-Unis qui est construite sur l’idée de la supériorité intrinsèque des principes de liberté et de démocratie qui la régissent. Elle affirme de facto la supériorité des démocraties occidentales sur les autres idéologies ou régimes politiques, qualifiés de monde de l’esclavage, ou de la tyrannie, ou de monde totalitaire. Rappelons-nous les mots du président Georges Walker BUSH en janvier 2002 puis en 2003, relatifs à « l’axe du mal ».

Examinons maintenant à travers l’exemple de ce que je résume par « l’inexorable assimilation du Canada », ou comment les États-Unis d’Amérique procèdent pour établir leur domination impérialiste commerciale. Il s’agit d’une forme de guerre très sournoise où la corruption des dirigeants politiques et la manipulation des masses règnent en maître. La pratique du « billard à trois bandes », des « coups tordus », sans jamais l’affrontement direct, s’avèrent la marque de fabrique des stratèges US. De plus, ils savent parfaitement « endormir les peuples » qui, atteints du « syndrome de la grenouille », ne sont pas conscients des sombres desseins du « pays conquérant ». L’expansion de l’influence américaine a une particularité qui est de se faire le plus souvent par le commerce, par l’argent, parfois même par « la culture », plutôt que par les seules guerres territoriales classiques. Mais venons-en maintenant au Canada.

En 1812, pour étendre leur territoire vers le nord du continent, les Américains, sous la conduite de leur quatrième président, James MADISON, vont chercher à profiter du fait que les Anglais « sont occupés » à vaincre Napoléon en Europe pour porter leur offensive militaire vers le Canada. La chose ne s’avérera pas si aisée que prévu. Parmi les différentes batailles de conquête, en 1813, le secrétaire à la guerre des USA, John ARMSTRONG, souhaite capturer Montréal, mais son projet échoue du fait des conflits entre les différents commandants de son armée, et de l’inexpérience des troupes qui étaient alors constituées principalement « d’engagés volontaires », d’autant plus mauvais soldats que les soldes étaient faibles. Pire, lors de la bataille de la Châteauguay, près de Montréal, les Américains, pourtant très supérieurs en nombre, sont repoussés par le lieutenant-colonel Charles-Michel d’IRUMBERRY de SALABERRY et ses volontaires québécois. Il est croustillant de préciser que ce héros canadien-français était d’origine basque comme son nom l’indique bien. Humiliation suprême en 1814, quand les troupes britanniques s’emparent de la ville de WASHINGTON, la capitale fédérale. En « réponse » à l’incendie de la ville d’YORK (aujourd’hui Toronto) au Canada le 27 avril 1813, les vainqueurs incendient les principaux bâtiments de la ville, dont le Capitole et le « palais présidentiel » du président MADISON qui est obligé de s’enfuir de la ville. La légende veut que le bâtiment, gravement endommagé, fut repeint tout de blanc, pour masquer les traces de cette destruction. C’est l’origine de la dénomination de « Maison Blanche ».

Prenant conscience que ce n’est pas par les armes qu’ils s’empareront du Canada, les Américains choisissent le statu quo et signent le 24 décembre 1814, avec les Britanniques, le traité de Gan, en Belgique, qui marque la fin de la guerre de 1812.

C’est alors que les Américains vont expérimenter une nouvelle forme de guerre qu’ils emploient encore aujourd’hui : la guerre économique symbolisée par « les traités de libre-échange ». À cet égard, la déclaration de Andrew JACKSON, alors qu’il n’est pas encore élu septième président des USA, est tout à fait claire : « Nous allons nous prévaloir de notre droit au libre-échange et ouvrir le marché au produit de notre sol afin d’égaler les exploits de Rome. »

Je vais maintenant citer quelques faits relatés dans deux ouvrages dont je recommande la lecture à ceux d’entre vous qui veulent aller plus loin sur ce sujet, afin de les mettre en perspectives pour illustrer mes propos.

Voici le rapport fait le 13 mai 1854 par un certain Isaac ANDREWS, agent secret des États-Unis d’Amérique, au département d’État américain, autrement dit l’équivalent de notre ministère des Affaires étrangères :

« Dans le but d’aider les mouvements partisans de l’annexion et du libre-échange au Canada, j’ai versé 5 000 dollars à un rédacteur de journal, 5 000 dollars à un procureur général, 5 000 dollars à un inspecteur général et 15 000 dollars à un député de l’assemblée du Nouveau-Brunswick. J’ai pris par conséquent les mesures qu’exigeait la situation au Nouveau-Brunswick afin de modérer l’opposition et de tranquilliser l’opinion publique. J’ai réussi à me rendre à […] avant la fin de la session de l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick et ainsi éviter tout débat sur la proposition de traité de libre-échange à l’étude ou sur toute autre mesure législative néfaste. J’ai déversé plus de 100 000 dollars pour convaincre d’éminentes personnalités d’appuyer l’annexion du Canada par les États-Unis ou, sinon, le libre-échange avec les États-Unis. Mais cette somme n’est rien en comparaison des privilèges qui vont être obtenus de façon permanente et du pouvoir et de l’influence que cela donnera à jamais à notre Confédération. »

Cette stratégie est couronnée de succès puisqu’en 1860, le consul américain à Montréal écrit à son supérieur le secrétaire d’État (équivalent à notre ministre des Affaires étrangères) Lewis CASS (je n’ai pas écrit Lewis Strauss !!! car là, c’est une autre histoire… quoique, j’y reviendrai plus tard … Voyez comme c’est « amusant » :

« Le traité est en train de transformer tranquillement, mais sûrement, les 5 provinces en États de l’union ».

On « enfonce le clou » avec ce rapport du 7 août 1888, de John SHERMAN, alors secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique :

« Je veux que le Canada fasse partie des États-Unis. L’union avec le Canada ne se fera pas en adoptant des lois hostiles, mais plutôt en lui faisant des propositions amicales. Cette union est inévitable. La seule politique de notre gouvernement est d’offrir au Canada la liberté des échanges commerciaux et de lui faire cette proposition de façon fraternelle afin que le peuple canadien y voie une invitation à faire partie de notre république ».   

En 1948, les États-Unis d’Amérique proposent au Canada un accord de « libre-échange ultime », autrement dit, la suppression des barrières douanières entre les deux pays. Il est, encore une fois, rejeté. Je vous laisse admirer la lucidité du négociateur canadien John DEUTSCH, dans une déclaration faite au parlement d’Ottawa :

« Le prix à payer pour une union douanière avec les États-Unis est la perte de notre indépendance politique en ce sens que nous n’aurons plus le contrôle effectif de nos politiques nationales. Celles-ci seront décidées à Washington. »

Le croirez-vous ? L’accord de libre-échange canado-américain (ALE) est finalement signé en octobre 1987 et ratifié le 2 janvier 1988. Ce n’est pas tout. Cet accord a été intégré dans un nouvel accord de libre-échange incluant en plus le Mexique, sous le nom d’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), ou NAFTA en anglais et TLCAN en espagnol, signé le 17 décembre 1992 et entré en vigueur le 1er janvier 1994.

En guise de conclusion pour cette semaine, voici l’illustration de la façon dont les États-Unis d’Amérique ont réussi à ce que les dirigeants politiques canadiens corrompus abusés osent présenter à leurs concitoyens, les bienfaits de ce traité :

« L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui est en vigueur depuis le 1er janvier 1994, a permis de créer la plus vaste zone de libre-échange au monde, de stimuler la croissance économique et de hausser le niveau de vie de la population des trois pays membres. En renforçant les règles et procédures régissant le commerce et l’investissement, l’ALENA s’est avéré une base solide pour bâtir la prospérité du Canada et un exemple valable, pour le reste du monde, des avantages que procure la libéralisation des échanges. »

Chers lecteurs, prenez bien soin de vous. Je vous aime et vous salue.