Va-t-on à nouveau assister à un nouveau naufrage américain, avec des conflits politiques stériles qui entraînent des fermetures ou « shutdown » de l’administration fédérale qui ne reçoit plus les moyens de fonctionner ?
C’est en tout cas la crainte de nombreux observateurs alors que les relations du président Trump avec le reste de l’establishment et en particulier du congrès américain sont plus que tendues.
Il est évident que dans une telle éventualité, cela provoquerait une belle secousse sur les marchés, une dégradation de la note souveraine américaine, une forte augmentation des taux d’intérêts, une baisse de la bourse… et une augmentation de l’or.
Charles SANNAT

Dans un mois, les caisses du gouvernement américain seront vides si le plafond de la dette publique n’est pas relevé. Les experts ont déjà ouvert le concours du scénario le plus apocalyptique.

Plus le pronostic est sinistre, plus grand sera son écho auprès du public – c’est logique. Et c’est précisément le coup marketing parmi d’autres qu’a décidé d’utiliser l’agence de notation Standard & Poor’s. D’ailleurs, c’est elle qui avait réduit la note de crédit des USA en 2011, précisément après la dernière tentative ratée d’augmenter le plafond de la dette publique. Selon Vestifinance.

Il suffit de noter le titre de l’article publié par l’agence pour comprendre : « With A Shutdown, There Will Be Blood » (« En cas d’arrêt du gouvernement, le sang va couler »). L’article continue sur le même ton dramatique. Ainsi, l’économiste du département américain de S&P Beth Ann Bovino déclare que si le plafond de la dette publique n’était pas relevé, cela provoquerait des conséquences encore plus catastrophiques qu’après l’effondrement de Lehman Brothers. De plus, on pourrait assister à un véritable crash anéantissant toute la croissance économique post-crise.
Par ailleurs, Beth Ann Bovino n’accorde pratiquement aucune attention aux éventuelles conséquences de la dette technique des USA, par exemple une perte potentielle, par le dollar, du statut de monnaie de réserve. L’économiste se concentre essentiellement sur les pertes subies pour l’économie en cas d’arrêt du travail du gouvernement. En particulier, elle écrit que si la suspension du travail du gouvernement arrivait au début du prochain trimestre, elle coûterait au PIB du pays au moins 6,5 milliards de dollars par semaine. Beth Ann Bovino base son analyse sur l’expérience des anciens shutdowns en 1995-1996 et de l’arrêt du travail du gouvernement pendant 16 jours en octobre 2013.

Par ailleurs, Beth Ann Bovino, tout comme les analystes de Goldman Sachs, ne croît pas vraiment à un arrêt du travail fin septembre, du moins elle estime cette probabilité peu plausible. D’autant que les conséquences de l’ouragan Harvey rendent le pire des scénarios moins probable.

D’un autre côté, l’économiste de S&P ne s’empresse pas d’annoncer une fin positive à cette histoire. « Miser sur la réflexion rationnelle du gouvernement américain pourrait être risqué », écrit-elle. Et manifestement, les acteurs du marché sont du même avis. La marge de revenus sur les lettres de change expirant en octobre et en septembre a considérablement augmenté hier, ce qui confirme l’anxiété des investisseurs. La disposition actuelle signifie que les investissements dans les obligations de dette expirant en octobre paraissent très risqués. Si le shutdown avait lieu, ces titres pourraient ne pas être remboursés.

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