Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Nous nous trouvons dans une situation d’une extrême complexité, parce que c’est un sujet sanitaire complexe, dans un monde globalisé, et induisant des perturbations mondiales et très nombreuses sur les plans économiques, géopolitiques et financiers.

Parce que c’est grave, les mensonges sont à la hauteur de la gravité de la situation.

Nombreux sont ceux à penser – parce que le nombre de morts semble moins élevé, ce qui est vrai pour le moment, ce qui n’a pas toujours été vrai et ne le sera peut-être pas toujours – que l’épidémie est terminée, qu’il faut s’amuser et surtout ne pas fermer les restaurants de Marseille !

Je peux comprendre tout cela, mais le sujet est vraiment plus complexe. Pour vous donner une illustration de cette complexité sans prétendre à l’exhaustivité, vous avez le sujet des séquelles cardiaques et neurologiques qui touchent dans des proportions effrayantes, même les jeunes peu malades et peu symptomatiques. Seul le temps long permettra de quantifier la perte réelle d’espérance de vie de ceux qui auront été touchés. Vous avez aussi, pour prendre un autre exemple, le sujet des « réinfections » qui sont importantes et la recherche… cherche ! L’OMS suit tout cela avec une très grande attention. Le plus difficile est de déterminer avec précision si tel ou tel malade a été réinfecté et comment. Cela prend beaucoup de temps pour avoir des certitudes scientifiques et médicales et actuellement des dizaines de cas font l’objet d’enquêtes approfondies. Rien que ces deux sujets vous démontrent parfaitement la complexité de la situation à laquelle nous sommes confrontés, et pour conclure sur cette partie je rajouterai les risques de « croisement » ou de « mutation » du virus actuel qui augmentent avec sa diffusion exponentielle dans le monde. Le risque de deux mauvaises rencontres s’accroît.

Alors oui, on ne nous dit pas tout, pour de multiples raisons avouées et inavouables que je ne commenterais pas ici car ce n’est pas le sujet.

Ce que je veux vous dire, c’est que depuis le départ je vous invite à considérer, d’un point de vue analytique, la possibilité forte que nous soyons confrontés à un confinement en yo-yo, que la crise sanitaire va durer 24 mois ou encore qu’il ne faut pas croire ces histoires de reprise en V selon laquelle bien évidemment après la forte chute et la pluie, viendraient la grande hausse éternelle et le beau temps radieux pour toujours. En réalité, nous savons depuis le départ qu’il n’y aura aucune sortie radieuse de crise parce que la crise sanitaire n’est pas terminée et qu’aucun marqueur de sortie de crise ne s’est réellement mis à clignoter et j’en ai parlé à de multiples reprises.

Voici donc logiquement, et sans surprise, que la « théorie » de la deuxième vague et du « double deep », le double creux, refait surface notamment aux Etats-Unis.

Je vous traduis ci-dessous cet article du jour de la chaîne CNBC qui explique très bien les craintes des marchés, qui comme prévu corrigent sur cette peur des conséquences économiques de cette deuxième vague qui induit de nouvelles perturbations économiques, pour le moment particulièrement en Europe. Demandez aux restaurateurs marseillais. Ils en savent quelque chose…  Dans les semaines à venir ils seront rejoints par leurs collègues des autres régions les plus touchées par l’épidémie.

La deuxième vague de COVID-19 confronte l’Europe à une récession à double creux.

Source CNBC.com ici

Ce titre ci-dessus est la traduction du titre anglais. Pour commencer, qu’est-ce qu’une récession à double creux ?

Une récession à double creux c’est une période de recul temporaire de l’activité économique d’un pays caractérisée par une première chute du produit intérieur brut suivie, après une reprise avortée, d’une rechute plus profonde.

Maintenant que nous avons vu cette notion importante, nous pouvons donc nous concentrer sur le reste.

« L’Europe est maintenant confrontée à une deuxième vague d’infections du coronavirus qui pourrait de nouveau causer des dommages importants à l’économie de la région.

La zone euro, la zone qui partage la monnaie unique, a vu son économie chuter de 11,8 % au deuxième trimestre 2020, frappée par les mesures de verrouillage strictes utilisées pour contenir la propagation du virus.

Les économistes prévoyaient un rebond au second semestre 2020, mais ils remettent aujourd’hui ces prévisions en question. De nombreux gouvernements annoncent de nouvelles restrictions de confinement, ou un ralentissement des réouvertures, car ils font face à une hausse significative des cas.

« La probabilité d’un double creux, c’est-à-dire d’une autre contraction au quatrième trimestre, a augmenté de manière significative », a déclaré Carsten Brzeski, économiste en chef chez ING, mercredi à la CNBC.

Il s’attend à d’autres fermetures régionales dans les semaines à venir, comme celles déjà observées à Madrid et à Lyon.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a notifié qu’au 22 septembre, il y avait eu 2,9 millions d’infections confirmées en Europe, l’Espagne et la France voyant maintenant le nombre de cas quotidiens dépasser la barre des 10 000.

Il y a un « grand risque de double creux » au quatrième trimestre, a expliqué Chris Williamson, économiste en chef chez IHS Markit, à l’émission « Street Signs » de CNBC mercredi.

Les données publiées cette semaine ont montré que la reprise s’est arrêtée dans la zone euro ce mois-ci. L’indice composite PMI (Purchasing Managers’ Index ou Indice des Directeurs d’Achat en français) de la zone euro – qui mesure à la fois l’industrie manufacturière et les services – s’est établi à 50,1. Ce dernier chiffre préliminaire indique que l’activité économique de la région a atteint son niveau le plus bas depuis trois mois.

« Alors que nous nous dirigeons vers le quatrième trimestre, il est évident qu’il y a beaucoup plus de restrictions en place et que cela va vraiment freiner la croissance », a ajouté M. Williamson.

Les inquiétudes concernant le choc économique lié à de nouvelles restrictions ont mis les actions européennes en vente en début de semaine. « La pandémie constitue le principal risque pour notre appel à une reprise en forme de tique après la chute de l’activité économique en mars/avril », a déclaré Holger Schmieding, économiste en chef chez Berenberg, dans une note mardi. « Le risque augmente ».

Les avertissements sont similaires pour le Royaume-Uni, où le gouvernement a annoncé mardi que les pubs et les restaurants devaient fermer plus tôt et que les gens devaient travailler de chez eux si possible, plutôt que de se rendre au bureau.

Cathal Kennedy, économiste européenne de la RBC, a annoncé que les nouvelles mesures « affecteront à nouveau principalement le secteur des services » et que cela entraînera un ralentissement de l’activité des entreprises dans les prochains mois.

La reprise économique a également commencé à s’essouffler de l’autre côté de la Manche atteignant son plus bas niveau depuis trois mois selon de nouvelles données publiées mercredi.

Les conseillers scientifiques britanniques ont déclaré qu’il pourrait y avoir 50 000 nouvelles infections par jour d’ici la mi-octobre et les annonces faites mardi par le Premier ministre Boris Johnson ont été considérées comme une réponse directe à ces sombres avertissements.

« Il semble une fois de plus évident que la hausse des infections entravera la reprise du secteur des services et laisse entrevoir un chemin difficile pour le Royaume-Uni », a confessé Ambrose Crofton, stratège du marché mondial chez JPMorgan Asset Management, dans un courriel mercredi. »

Les mesures vont progressivement se durcir en Europe et l’automne comme l’hiver, seront compliqués à gérer. Nous aurons de nouvelles formes de confinement et de restriction et ce sera délétère pour la croissance économique. Bruno le Maire, notre mamamouchi à l’économie, a déjà annoncé qu’il allait aider les restaurateurs de Marseille. C’est parfait. Il faut évidemment le faire. Mais… nous allons le faire avec de l’argent que nous n’avons pas. Nous allons avoir une nouvelle chute du PIB, une nouvelle hausse du déficit et de l’endettement.

Nous voudrions très fort l’inverse, mais, l’épidémie n’est pas comme Capri, elle n’est pas finie !

Prenez bien soin de vous et restez vigilants.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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