J’aurais pu reprendre le titre du journal Libération « Italie : le M5S et la Ligue envoient bouler Bruxelles », mais j’ai préféré un terme plus fort. J’aurais pu aussi dire que l’Italie faisait un bras d’honneur à Bruxelles « en actant un déficit à 2,4 % du PIB malgré une dette publique déjà lourde, le gouvernement de coalition italien défie ostensiblement l’Union européenne, désignée ennemi commun par les deux partis populistes au plus haut dans les sondages »…

Les Italiens défient Bruxelles, la BCE de Francfort et aussi évidemment… les marchés obligataires qui commençaient à se tendre sérieusement dès vendredi dernier.

Comme le raconte Libé, « attendu par plusieurs dizaines de militants enthousiastes devant le palais Chigi, siège du gouvernement italien, Luigi Di Maio, le vice-président du Conseil et patron du Mouvement Cinq Étoiles (M5S), s’est présenté au balcon, dans la nuit, en faisant le V de la victoire. Au terme d’un long Conseil des ministres qui s’est tenu jeudi soir, le jeune leader a remporté sa bataille pour laisser filer le déficit budgétaire à 2,4 % du PIB au mépris des inquiétudes des marchés financiers et des recommandations de Bruxelles. Conformément à celles-ci, le gouvernement précédent, de centre gauche, avait prévu de limiter le déficit à 0,8 % du produit national ».

Et de rajouter… « C’est une attaque très claire contre l’Union européenne, analyse le politologue Roberto Castaldi. Il y a encore quelques semaines, la coalition gouvernementale promettait que les mesures promises en campagne électorale seraient introduites graduellement. En annonçant un déficit budgétaire de 2,4 % pour 2019 mais aussi pour les deux années suivantes, il y a une volonté de la part de la coalition populiste de provoquer une tension avec Bruxelles en vue des prochaines élections européennes. »

Adopter le budget du peuple !

« «Nous ne faisons pas un budget en fonction de ce que pense le commissaire [aux Affaires économiques et financières] Moscovici », a revendiqué le président du Conseil, Giuseppe Conte, après avoir annoncé un budget qui chiffre 27 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Il prévoit entre autres une augmentation des dépenses sociales, une réforme du système des retraites et des baisses d’impôts. «Nous avons réussi à faire adopter le budget du peuple, qui élimine la pauvreté grâce au revenu de citoyenneté pour lequel nous avons mis sur la table 10 milliards d’euros», s’est réjoui Luigi Di Maio. »

Au programme, revenu de citoyenneté de 780 euros par mois pour 6 millions d’Italiens, révision du système de retraite et possibilité de cesser le travail à 62 ans, ou encore la flat tax pour les petites entreprises et les autoentrepreneurs à 15 % pas pour les grandes multinationales cotées en Bourse et qui ne payent déjà rien en Europe, en Italie, comme ailleurs !

À cela se rajoute une amnistie fiscale pour ceux qui doivent moins de 100 000 euros au fisc, alors que les impôts italiens ont poussé vers la faillite personnelle des milliers d’Italiens par une politique de rétorsion et chasse aux sorcières totalement disproportionnée.

Et enfin… un plan d’investissement dans les infrastructures de 15 milliards d’euros.

Tout cela évidemment va déclencher le courroux de nos europathes, pour qui les politiques ne doivent pas être menées pour les peuples…

Si l’on peut et si l’on doit discuter le bien-fondé et la pertinence de chaque mesure envisagée, ce qui est certain c’est que toutes les politiques doivent être conduites dans l’intérêt des populations.

Quand ce n’est pas le cas, la politique en question est alors illégitime.

C’est aussi simple que cela.

Charles SANNAT

Source Libération ici

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