“Le bon temps pour les clandestins est fini : préparez-vous à faire les valises”, a prévenu M. Salvini !
Cette phrase n’est pas franchement anodine, et nous aurions tort de la prendre à la légère.
La démondialisation prend plusieurs formes parce que la mondialisation est un phénomène protéiforme.
Mondialisation des flux de marchandises, mondialisation des flux financiers, et évidemment aussi, mondialisation des flux migratoires.
Aux États-Unis, vous retrouvez le même type de dialectique de la part de Trump sur l’immigration. Idem dans certains pays de l’Est de l’Europe, et nous pouvons citer par exemple la Hongrie. Avec l’Italie, c’est la première fois qu’un grand pays européen embraye sur ces sujets.
Le sujet migratoire sera certainement le plus grand marqueur de ce nouveau gouvernement dit “populiste” par ses détracteurs tant le marqueur économique et monétaire avec l’euro risque d’être nettement plus complexe à mettre en place.
Les Italiens ne raisonnent pas du tout de la même manière que les Français sur le sujet migratoire, et les Français sont nettement plus pondérés et beaucoup plus accueillants. En un mot, les Français sont moins conflictuels vis-à-vis des étrangers. C’est exactement la même chose en Espagne, ou parce exemple un “étranger” est quelqu’un qui vient du reste de l’Espagne, et un “immigrant” qui vient d’un autre pays.
La politique italienne sur les migrants risque de mettre de grosses tensions dans d’autres pays européens notamment par l’exemple que cela peut susciter.
Charles SANNAT
“Matteo Salvini, le patron des souverainistes italiens devenu cette semaine ministre de l’Intérieur, se rend dimanche en Sicile pour marteler le discours anti-immigration qui l’a porté au pouvoir.
Le rendez-vous était pris de longue date : le chef de la Ligue (extrême droite) était jeudi en Toscane et en Ligurie, samedi soir en Vénétie, et vient dimanche en Sicile pour soutenir des candidats de son parti à une série d’élections municipales partielles prévues le 10 juin.
Ce port du sud de la Sicile est en première ligne : c’est principalement à Pozzallo et dans les ports de l’est de la Sicile (Augusta, Catane, Messine) que les navires militaires ou humanitaires qui les ont tirés de l’eau viennent les débarquer.
Certes, les arrangements controversés de l’ancien gouvernement de centre gauche avec les autorités et des milices libyennes ont permis de faire chuter les arrivées de plus de 75 % depuis l’été 2017, mais depuis le début de l’année, les autorités italiennes ont quand même enregistré plus de 13 500 arrivées.
La dernière arrivée remonte à vendredi soir, quelques heures après la prestation de serment de M. Salvini : 158 personnes, dont neuf enfants, sont arrivées à Pozzallo après avoir été secourues au large de la Libye par un navire humanitaire, dans une opération coordonnée par les gardes-côtes italiens.
Mais désormais, “le bon temps pour les clandestins est fini : préparez-vous à faire les valises”, a prévenu M. Salvini samedi soir lors d’un meeting à Vincenza (Nord).
– ‘Vice-passeur’ –
“Les États doivent recommencer à faire leur travail et plus aucun vice-passeur ne doit accoster dans les ports italiens”, a-t-il aussi prévenu, dans une attaque claire contre les ONG de secours en mer, qu’il accuse régulièrement de complicité avec les réseaux de passeurs.
Luigi Di Maio, le chef de file du M5S, a lui aussi traité ces ONG de “taxis de la mer”, même si le discours de son mouvement reste plus tempéré que celui de la Ligue sur l’immigration.
Pour accélérer les expulsions — il y en a eu seulement 6 500 en 2017 —, M. Salvini devra multiplier les centres de rétention et les accords avec les pays d’origine, dont beaucoup ne sont pas pressés de voir revenir leurs citoyens.
Source AFP via Romandie.com ici