Je partage presque l’avis de l’économiste à la fin de cet article. Oui, l’année 2018 sera une année, comme depuis 10 ans, au mieux de croissance molle… Au mieux, car au pire ce sera un krach monumental et nul ne peut aujourd’hui prédire jusqu’où voudront aller les autorités monétaires dans le resserrement des taux d’intérêt susceptible de provoquer un effondrement obligataire mondial.

Charles SANNAT

L’économie mondiale semble s’être redressée après la dernière crise et montre des taux de croissance de plus en plus élevés. Ne serait-ce que le calme avant la tempête ? Voici les signes avant-coureurs d’une possible rechute.

Bien que l’accélération de la croissance économique soit faible, elle inspire la confiance à de nombreux hommes politiques et experts. D’après les données du Fond monétaire international, le taux de croissance a augmenté de 3,2 % en 2016 à 3,6 % en 2017. Néanmoins, un doute plane sur une éventuelle nouvelle crise financière et économique en train de s’amorcer.

« D’habitude, quand les gens sont heureux et optimistes, il se produit quelque chose de mauvais », a averti David Rubenstein, cofondateur du fonds d’investissement américain The Carlyle Group, lors d’une conférence organisée dans le cadre du Forum économique mondial 2018.

La principale crainte concerne une possible incapacité des acteurs financiers à faire face à une crise financière.

« Si nous avons une autre crise financière, il n’y a même pas de plan A », a déploré à Davos Kenneth Rogoff, professeur d’économie à Harvard.

Néanmoins, le professeur de l’université russe « École des hautes études en sciences économiques », Léonid Grigoriev, ayant participé à la conférence « Davos, bilan du forum 2018 » à Moscou, indique que ces craintes sont exagérées. Il a rappelé le mécanisme du « mûrissement » d’une crise économique.

« Il n’y a pas de crise sans accumulation de poudre. C’est-à-dire, d’abord de la poudre, puis un déclencheur, tout s’enflamme et crée une explosion », explique-t-il.

Selon lui, c’est une chute financière qui pourrait servir de déclencheur, comme cela a été le cas en 2008. Néanmoins, une crise financière ne produira pas nécessairement une crise économique.

« Il y a d’habitude deux fois plus de crises financières que d’économiques. Parce que, pour qu’il y ait une crise économique, il faut qu’il y ait un déclencheur financier. Mais pour deux crises financières, il n’y en a qu’une économique », précise M. Grigoriev en se référant aux données statistiques.

Dans le même temps, il y a d’autres phénomènes qui peuvent se révéler être un déclencheur de la prochaine crise économique. L’un de ces phénomènes est le développement des cryptomonnaies et notamment celui du Bitcoin. Son taux a augmenté de 12 fois par rapport à la livre sterling au cours de l’année 2017. Cette hausse spectaculaire a suscité des craintes que le Bitcoin crée une bulle dont l’explosion serait nuisible au système financier global. Néanmoins, les experts en finances se veulent rassurants, en indiquant que le Bitcoin ne peut pas mettre en péril la stabilité économique mondiale puisque le volume des transactions dans cette cryptomonnaie est négligeable.

Mais Léonid Grigoriev, tout en partageant cette opinion, met en évidence un autre risque lié aux cryptomonnaies.

« Si elles [les cryptomonnaies, ndlr] chutent, le danger n’est pas qu’elles chutent. S’ils [les gens] achetaient [des Bitcoins, ndrl] à 300 000 dollars et empruntaient de l’argent pour cela, quand il chute, ils ne peuvent plus payer. Il y a un élément de dette là, et ça, c’est dangereux », souligne M. Grigoriev.

Une euphorie fiscale

Une autre crainte est liée à l’état de l’économie américaine suite aux réformes de Donald Trump. La baisse des taxes aux États-Unis suscite de l’enthousiasme, en particulier chez le Président américain, auteur de cette réforme. Mais selon le Comité conjoint fiscal du Congrès américain, cette mesure se traduirait par la croissance du déficit budgétaire de 1,5 trillion de dollars au cours de 10 ans à venir.

« Il y a une certaine euphorie à propos de cette réforme […] D’autre part, je pense qu’il y aura de grands problèmes budgétaires […] Leur dette [celle des États-Unis] excède déjà le PIB et elle peut continuer à s’accroître […] À vrai dire, c’est dangereux », a fait part de ses préoccupations Rouslan Grinberg, membre de l’Institut de l’économie de l’Académie des sciences de Russie, lors de la conférence consacrée au bilan de Davos 2018.

Toutefois, les économistes russes restent optimistes au sujet de la possibilité du déclenchement d’une nouvelle crise économique. Léonide Grigoriev, quant à lui, estime que l’économie mondiale s’accroîtra à un rythme modéré pour les années à venir. Ceci serait en grande partie du au prix du pétrole peu élevé. Selon lui, une telle croissance lente est un signe favorable, puisqu’il signifie l’absence de surchauffe économique comme observée avant la crise de 2008.

Ce qui inquiète les experts, c’est l’absence de solution aux problèmes globaux, tels que le réchauffement climatique et la pauvreté. À leur avis, ces points faibles sont susceptibles de provoquer une catastrophe beaucoup plus grave qu’une nouvelle crise économique.

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