Depuis janvier 2018, 39 experts désignés (société civile, plateformes de médias sociaux, organes de presse, journalistes et universités) conseillent l’Union sur des mesures politiques visant à contrer les « fake news » et la désinformation en ligne. Dans ce groupe, vous retrouverez par exemple le fondateur d’Euractiv et de la fondation Euractiv, Christophe Leclercq. Il est également le rapporteur du sous-groupe représentant la presse…

La première grande et immense difficulté est de définir ce que sont les fake news et là, les choses sont passionnantes et exquises de paradoxes.

Les « fake news » ne sont pas des informations « fausses » ou « illégales »

« Définissons tout d’abord les «fake news». Il ne s’agit pas d’informations «illégales», telles que la diffamation ou la publication de contenu raciste, qui sont déjà réglementées par de nombreuses lois. Il ne s’agit pas non plus de satires ou d’erreurs, qui peuvent être corrigées. Notre groupe étudie la désinformation «intentionnelle», pour un motif politique ou commercial. Actuellement, la Russie est responsable d’un grand nombre de fausses informations. Elles peuvent aussi provenir des États membres.

C’est ce type de fausses informations qui représente un véritable défi. Un juge ne peut pas simplement interdire la désinformation. Tout d’abord en raison de la vitesse à laquelle elle se propage sur les réseaux sociaux et d’autres plateformes numériques. Ensuite, il est bien souvent difficile d’établir la vérité, du point de vue juridique. Enfin, et surtout, parce que ce type de mesures reviendrait à de la censure. »

Les fake news, c’est la « désinformation intentionnelle »… Remarquable définition qui permet de se contorsionner pour ne pas tomber dans la censure, qui consiste justement à définir des vérités officielles et interdire toutes les autres idées et pensées.

« Diluer les fausses informations avec des informations de qualité »

Le groupe d’experts de haut niveau propose six mesures pour affaiblir la désinformation.

« Éducation aux médias : développer l’esprit critique des citoyens. Les journalistes et autres professionnels des médias doivent également développer de meilleures compétences : vérification des faits, innovation et journalisme de données.

Transparence : nous devons exploiter la vitesse des plateformes, tout en ne leur laissant pas les choix éditoriaux. Il est indispensable pour les utilisateurs et les publicitaires de connaître l’origine du contenu. Cela s’applique également aux publicités et au contenu sponsorisé, afin que les contenus douteux ne soient pas mis en avant.

Qualité : pour nourrir et influencer les algorithmes des plateformes en ligne, nous avons besoin d’indicateurs de transparence des sources, en collaboration avec les conseils de presse et des ONG. Ils permettront d’augmenter la visibilité des informations de qualité tout en réduisant la désinformation, au lieu d’essayer de la tuer. Cette approche positive reçoit un soutien important.

Financement privé et public : pour fournir une information de qualité, le journalisme doit survivre ! L’UE va développer une stratégie de viabilité des médias d’information européens pour le mandat 2019-2024. Des fonds des programmes de recherche et développement, de formation et des programmes sociaux sont disponibles. L’Union se penche actuellement sur son budget à long terme. »

Marginaliser les informations alternatives !

L’idée c’est de marginaliser les informations alternatives en faisant remonter en haut des résultats de recherches de moteurs comme Google les « bonnes » informations véhiculées par les « bons » médias et marginaliser le reste.

Idem sur les réseaux sociaux.

En réalité, c’est un travail qui se fait à trois. Les autorités politiques d’un côté, les GAFA de l’autre, et enfin les journalistes « accrédités » et « officiels ». Ils mettront encore un peu de temps mais d’ici deux ou trois ans, la neutralité du net dans tous les sens du terme sera un bien lointain souvenir.

Charles SANNAT

Source Euractiv.fr ici

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