Lorsqu’il a annoncé le confinement, le président Macron a immédiatement évoqué dans son allocution la « suspension des loyers commerciaux ».

Les magasins devaient fermer sur ordre de l’Etat, et l’Etat, suspendait les loyers.

La mesure pouvait sembler bonne et elle l’était en réalité. Le problème n’est pas la mesure, mais de prendre la mesure de ce que la prise d’une telle mesure implique… et nous allons y revenir en fin de cette petite réflexion partagée.

« Dès le début du confinement, le président de la République Emmanuel Macron, l’avait promis : les loyers des petites entreprises en difficulté seraient suspendus. Seulement voilà, sur le terrain, aujourd’hui, la réalité est bien différente. Derrière le chef de l’État, le gouvernement n’a donné ni détails, ni directives. Pas de mesures coercitives par exemple. Il a laissé s’organiser les commerces et leurs propriétaires (les bailleurs de fonds, pour la plupart banques, assurances, sociétés foncières, propriétaires des murs). Aujourd’hui ça coince.

La fronde est partie des petits commerçants pour gagner aujourd’hui des enseignes comme l’opticien Afflelou, Yves Rocher, Eram, Sport 2000, Fnac-Darty puis les grands centres commerciaux. Tous ont signé une tribune dans le quotidien Les Echos mercredi 15 avril. Contraints à la fermeture, les magasins locataires demandent la suspension de leurs loyers depuis le début du confinement. Les loyers pèsent grosso modo 20% du chiffre d’affaires des commerçants. Difficile, voire impossible, d’assumer avec des trésoreries exsangues. Si rien n’est fait pour alléger la facture, 50 000 magasins et restaurants pourraient mettre la clef sous la porte et plusieurs dizaines de milliers de salariés perdraient leur emploi ».

Que disent les bailleurs de fonds ?

« Les assureurs et certains groupes bancaires communiquent sur le report ou l’étalement des loyers mais, à leur décharge, ces bailleurs (grandes ou petites structures) portent eux-mêmes de lourds investissements qui sont financés essentiellement par de la dette qu’ils doivent rembourser. Une banque ou un assureur peut s’arranger, mais c’est beaucoup plus difficile pour des sociétés foncières, voire de petits propriétaires privés.

« Le gouvernement se retrouve en arbitre. Pour l’instant, il appelle les bailleurs à s’adapter et ces derniers font valoir qu’ils abondent déjà le Fonds de solidarité public mis en place par l’État et alimenté par les grandes institutions. Quand l’activité va reprendre, on pourrait imaginer une adaptation des loyers demandés aux commerçants proportionnellement à leur activité, car tout ne va pas repartir du jour au lendemain. Pour l’instant, nous en sommes là. Ce qui révèle un vrai déchirement entre acteurs économiques au sein même de la crise ».

L’enfer pavé de bonnes intentions…

Vous l’aurez compris dans cet article de France infos, le problème c’est que si vous suspendez les loyers des murs commerciaux achetés par milliards d’euros à crédits, vous allez mettre dans de terribles difficultés les fonds et les foncières privées, sans oublier quelques petits propriétaires également endettés. Si ces derniers ne reçoivent par leurs loyers, alors ils ne peuvent pas rembourser leurs crédits bancaires.

Si plus personne ne rembourse ces milliards d’euros aux banques, alors les banques vont devoir constater de terrifiantes pertes financières… et les banques feront faillites.

Quand les banques feront faillites il faudra que l’Etat injecte des centaines de milliards d’euros pour les sauver.

Prendre la mesure de ce que la prise d’une telle mesure implique nécessite tout simplement de formaliser que l’Etat va devoir payer les loyers des commerces qui ont été fermés.

Cela coûtera beaucoup moins cher à l’Etat de payer quelques mois de loyers à tout le monde que de sauver les banques, dernières victimes d’une chaîne de faillites en cascade.

Charles SANNAT

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Source Francetvinfo ici

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