Perspectives sur l’économie en berne, forte inflation, durcissement des politiques monétaires de la BCE et de la Fed… L’AMF brandit le spectre d’une « nouvelle correction » sur les actions !

« Après un krach à Wall Street et une forte chute des Bourses européennes, les actions (CAC 40, Nasdaq…) peuvent-elles aller plus bas ? Ce risque reste clairement sur la table, avertit le secrétaire général de l’Autorité des marchés financiers (AMF) Benoît de Juvigny dans la cartographie des marchés et des risques 2022 du gendarme de la Bourse, dans un « contexte économique mouvant » et avec « des perspectives qui s’assombrissent ». La cheffe économiste de l’AMF, Kheira Benhami, a ensuite énuméré les menaces qui planent, de la forte inflation aux Etats-Unis et en Europe à la normalisation des politiques monétaires des banques centrales, qui se traduisent par des hausses de leur taux, en passant par les tensions sur le marché des matières premières, notamment agricoles.

Le niveau de risque, « très élevé » depuis un an, est encore orienté à la hausse pour 2023 dans la synthèse faite par l’AMF. Les dangers sont davantage accrus pour le marché de la dette, où la liquidité, c’est-à-dire la facilité qu’ont les acteurs à s’échanger des titres, s’est assez nettement dégradée. Sur le segment de la dette d’entreprise, « la perception du risque est remontée proche du pic de mars 2020 », au plus fort de la crise financière liée au Covid-19, note Mme Benhami« .

Traduisons. Pour l’AMF les risques de forte chute des marchés sont toujours là en raison d’une inflation forte et persistante qui rogne sur les marges des entreprises, mais aussi des risques de « liquidités » et ça c’est nouveau. La liquidité en langage financier c’est la disponibilité de l’argent et la facilité de faire une transaction. On dit du marché boursier qu’il est liquide parce que vous pouvez vendre votre action Total à tout moment. Quand il n’y a pas d’acheteur on dit du marché qu’il n’est pas liquide. Pour tout ce qui est titres (boursier ou obligataire et même immobilier) quand vous n’avez pas d’acheteur de vos titres vous n’avez pas d’argent à la place ! Et vous pouvez rester un temps plus ou moins long avec vos titres sur les bras.

Plus étonnant, « l’AMF s’est enfin inquiétée du financement de la transition énergétique. Celui-ci a besoin « d’investissements significatifs sur des horizons très longs et de rentabilité financière », et pourrait donc souffrir de la hausse des taux, qui rend plus attractif l’investissement dans d’autres types d’actifs.

Le secrétaire général de l’AMF a également fait part « des interrogations » de l’autorité sur le « verdissement effectif » promis par certains de ces investissements. Par exemple, les standards qui définissent actuellement les émissions vertes (green bonds), inspirés par les critères de l’association internationale des marchés financiers, sont « très souples et vagues » selon M. de Juvigny ».

Et c’est une inquiétude exprimée très pudiquement, mais qui ne reste pas moins juste.

En effet il faudra bien financer ce qu’ils appellent la transition écologique et il faudra des centaines de milliards d’euros pour le faire et cela ne sera pas possible avec des taux ne seraient-ce qu’à 5 %.

Charles SANNAT

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Source Capital.fr ici

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