“Au nom de la productivité, du sentiment d’appartenance ou d’une meilleure collaboration entre les équipes, de nombreuses entreprises commencent à serrer la vis sur le télétravail et à exiger un plus large retour au bureau des salariés, parfois même total.
C’est le cas chez Groupama Immobilier, où les salariés reviennent travailler tous les jours au bureau depuis le 14 novembre. La filiale immobilière de l’assureur teste pour trois mois ce retour au monde d’avant la crise du Covid , après avoir instauré, comme la majorité des entreprises concernées, deux jours de télétravail par semaine. “On a un effectif de 130 collaborateurs, il y en a 30 qui ont rejoint l’entreprise depuis 2020 et qui n’ont jamais connu le présentiel ‘full time’ (à 100 %, NDLR)”, justifie auprès de l’ AFP le directeur général, Éric Donnet. “Pour eux, ça va être l’expérimentation de ce qu’ont connu les collègues par le passé . Ils nous prennent pour des dinosaures !”
Le présentiel pour la productivité !
“Ce qui se joue aujourd’hui, c’est un gros débat sur la notion de productivité”, confirme Flore Pradère, directrice recherche et prospective bureaux chez le spécialiste de l’immobilier d’entreprise JLL, qui a mené deux études à l’échelle internationale sur l’articulation télétravail-bureau. “Au départ, on s’est dit : formidable gain de temps, (on va) optimiser l’espace, les gens vont pouvoir travailler plus et peut-être qu’on va économiser des mètres carrés. ” Désormais, “il y a un petit rétropédalage, où on se dit : quid de la transversalité, du sentiment d’appartenance, de la collaboration entre les équipes et des capacités à innover ?”, explique-t-elle à l’ AFP .
Je vois bien la difficulté pour les entreprises et il n’est pas seulement question de “productivité”.
Par exemple le sentiment d’appartenance, n’a rien à voir avec la productivité. Bien au contraire. “l’appartenance”, cela prend du temps, et cela coûte très cher en séminaires, restaurants et autres couillonnades de “team-building” où il faut danser ensemble, jouer au babyfoot et toutes les âneries d’usage.
L’idée, c’est l’endoctrinement et la libre pensée.
Voilà l’enjeu.
La présence physique permet le contrôle physique bien évidemment mais ce n’est pas l’enjeu essentiel.
L’important, c’est votre cerveau.
Votre esprit doit appartenir à l’entreprise et là vous êtes contrôlable.
Pour vous contrôler il faut que vous soyez là.
Présent.
C’est la seule manière de vous infliger toutes les petites et grandes humiliations managériales.
C’est la seule manière de vous “tenir”, de vous “soumettre”. Le chef m’a-t-il regardé ? Le chef a-t-il mangé avec moi ou avec l’autre collègue ? Le chef m’a-t-il dit que je prenais mon après-midi, m’a-t-il culpabilisé par quelques remarques perfides ?
Vous l’avez compris, les entreprises ne peuvent pas contrôler ce qui est loin et ce qui n’est pas là,!
Elles ne peuvent pas endoctriner celui qui est loin.
Parce que “loin des yeux, loin du cœur”.
La distance ne réduit pas la productivité.
La distance augmente la productivité, vous n’êtes plus obligés de vous user dans des temps de transport absurdes, ni de supporter les bavardages sans fin de collègues qui n’en fichent pas plus en télétravail qu’en travail tout court un flemmard restant dans tous les cas un flemmard. On travaille mieux au calme que dans le brouhaha incessant d’un “open-space”.
Cependant… quand on est loin du cœur il y a une mise en retrait qui permet de se mettre à l’abri effectivement des méthodes de management cruelles et infantilisantes du monde du travail.
C’est tout l’enjeu.
Ce n’est pas une question de productivité mais de manipulation.
Charles SANNAT
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »
Bravo pour cet article très pertinent. Cet aspect de manipulation n’est jamais évoqué, c’est le monde merveilleux de la France LinkedIn. Un autre aspect, particulièrement dans l’IT est l’agilité, une méthode d’organisation du travail qui a lentement dérivé en une idéologie sectaire et déshumanisante. C’est un des vrais risques de l’évolution de la société actuelle
Le télétravail généralisé c’est, à terme, le déclin puis la fin inéluctable du salariat et cela peu d’entreprises comme d’individus y sont prêts.
100% d’accord
Il est certain que les chefs de service/groupe/departement sont déstabilisés.
Par chez moi, le pire c’est au’on est éclaté sur la planete entière et 1/3 des effectifs sont en Inde.
Donc, il ne rete effectivement plus que l’endoctrinement ou le besoin de “voir” comme raison.
– Le passage lent du salariat vers le travailleur indépendant par externalisation … la liberté est dure à accorder !
depart 18h du bureau…..
immanquablement qqun sort…..t as pris ton apres midi…..
Tout à fait Charles
Mais même en présentiel, la plupart des cheffaillons commencent à comprendre leur véritable rôle, à relativiser leurs petits avantages alors que leurs sous-fifres comprennent également le non sens de ce mode de fonctionnement.
Je parle essentiellement pour les grands groupes. Les petites PME, par leur taille, souvent, conservent encore et pour combien de temps leur côté humain…
Qu’ils sont mignons.
La pression des salariés pour obtenir le télétravail ne date pas du COVID. Cela avait commencé bien avant, vers 2018 je dirais.
Le COVID a juste forcé l’inéluctable.
Il n’y aura pas de retour en arrière.
Les entreprises qui le refuseront disparaîtront par manque de combattants qui trouveront des jobs en remote partout ailleurs.
L’autre gros morceau c’est l’enseignement supérieur.
Avec les problème d’accès aux locations, de très nombreux étudiants abandonnent l’idée de faire des études en ville.
Et donc comme pour les entreprises, pas d’étudiants, pas besoins de facs et autres écoles dans le supérieur.
Il faudra donc que tout ça se mette aux cours à distance ou que ça disparaisse.
Je pense qu’il va aussi y avoir un gros ménage dans les cursus à la con style histoire du lard et du cochon et autre conneries socio machin festif et citoyen.
Bref, à titre personnel, en full télétravail depuis fin 2019, je ne mettrais plus jamais les pieds dans un bureau.
Depuis que je n’ai plus à habiter en ville et perdre mon temps et mon argent pour des déplacements dans des bureaux miteux, mon salaire n’est plus amputé des 2/3 comme ce fut le cas avant .
Si demain la boîte qui m’emploie veut revenir en arrière, c’est démission immédiate.
Ma productivité personnelle est plus grande en (m’) évitant les temps de transport.
Mais l’entreprise s’en fout puisque le temps de trajet n’est pas payé.
Et aussi: très très difficile de trouver des preuves contre un flemmard à domicile pour le virer.
Et il montre l’exemple aux autres.
C’est la productivité générale qui en pâtit.
La “manipulation” peut aussi être positive.
On ne gagne pas le 100 m aux JO, en ne venant que 3 jours sur 5 au stade.
On ne peut avoir une industrie et un niveau de vie de premier plan sans effort, ni incitation / manipulation à l’excellence.
Il n’y a pas que ça. Avec le télétravail, les roitelets cheffaillons sont nus : pas de collaborateurs sur place à manager (entendez exploiter, harceler, réprimander), pas de réunionites avec moult présentations powerpoint, brainstorming, rapports, due diligences, tableurs excels,…..
Bravo Charles,
on voir que certain parle par expérience !
“Je peux convaincre n’importe qui de n’importe quoi si je le répète assez souvent et que le sujet n’ait aucune autre source d’information” disait Charles Manson, gourou de la célèbre secte.
Voilà, on a la preuve qu’une entreprise fonctionne comme une secte : ce qui intéresse le management, c’est de pouvoir vous répéter assez souvent qu’il faut faire du chiffre, et de vous priver des autres sources d’information.
Peut-être aussi est-ce la meilleure façon de relancer le business des locaux commerciaux et d’entreprise, qui n’ont pas l’air d’aller fort ces temps -ci ? Ou de les couler pour de bon.
Hello Charles, exactement ça !.
Au début il y avait un réel gain de productivité, confirmé par différents chefs d’entreprises.
Mais au fur et à mesure une majorité de personnes en télétravail ont reéquilibré avec bon sens tout ça, pensant, enfin, à leur qualité de vie…et donc effectivement sans cette avantage (d’ordre financierau final) il faut vite reprendre le contrôle quitte à s’asseoir sur le bonheur au travail qu’à apporté à beaucoup le télétravail….
Quid de ceux qui sont allés s’installer en province repeuplant ainsi des zones sinistrées ?…
Tout est dit. Pour moi 3 jours en tad c’est parfait. Et 2 en présentiel pour garder le contact.
Le cerveau-lent de certains se remet à fonctionner après 3 ans de panne totale ! C’est comme le diesel, il faut que ça chauffe avant… Mieux vaut tard que jamais !! Tout n’est pas foutu …
Mon beau fils travaille dur en télétravail, ce n’est pas un flemmard comme vous dites, certains ont une haute conscience de leur travail et le font bien loin de leur bureau (d’entreprise) ou de chez eux( l’électricité consommée n’est pas payée par le patron).
Ces mêmes patrons qui font venir une main d ‘oeuvre pas chère (les migrants), cherche toujours à payer le moins possible…Ils ont voulu le télétravail pour moins payer de location de bureau, ils se sont piégés tous seuls avec l’aide des gouvernements (qui sont leurs amis). Ils récoltent ce qu”ils ont semé!!! Je ne les plains pas.
Merci Charles pour ce point de vue détonnant. Je trouve cependant votre vision de la vie de bureau un peu caricaturale ou alors symptomatique de certaines expériences d’entreprises. Mais je partage votre argument sur la productivité du travail à distance ou à domicile.
La liberté du salarié c’est de pouvoir envoyer ch*** son chef et de lui dire qu”il ne vous mérite pas. Et même de claquer la porte et d’aller voir ailleurs. Pas forcément pour mieux, mais merde, on a sa fierté !
Les lois de protection des salariés, en définitive, en ont fait des esclaves de leurs entreprises. Effet pervers.
Tant que les USA n’atteignent pas 15 mb/J, le télétravail a de l’avenir.
Effectivement le but du “middle management” (ventre mou des strates managériales) doit prouver la sa valeur par des chiffres donc il faut faire rapport sur rapport qui vont eux même être compilés dans plein de jolies feuilles Excel.
On finit par se retrouver avec 6 chefs et un “consultant externe” qui n’est jamais assez productif pour nourrir les 6 chefs donc on finit toujours par le virer parce qu’on se rend compte qu’il n’est pas assez productif, mais pas avant de l’avoir bien essoré bien sûr.
C’est à peu près ce que j’ai vécu dans une grande entreprise française qui avait des architectes qui faisaient des choix complètement débiles par pure idéologie et qui tuaient les performances du système informatique.
La conséquence ? “Le système a des performances lamentables, vous êtes de mauvais développeurs”
Le même problème commence à se poser sérieusement dans les grandes structures médicales. plutôt que de laisser de l’autonomie aux équipes pour “faire le boulot” et laisser bosser ceux qui connaissent vraiment l’activité, on mets e place des commités de pilotage (qu’ est-ce que ça fait cool !)
Dans certains cas ceci va tellement loin que je me demande comment les grosses entreprises peuvent survivre (à part en mettant une pression de dingue sur leurs fournisseurs).
Tout n’est pas blanc ou noir, c’est très dépendant de la qualité du management. Ceux qui croient que le contrôle strict du petit chef et autres calembredaines de “l’appartenance” sont efficaces, détruisent eux-mêmes la productivité de leur entreprise ou administration.
J’ai eu la chance de travailler dans 3 environnements très différents mais avec un point commun: de petites équipes qui avaient le désir de travailler ensemble et d’arriver au résultat, le chef y était plus un arbitre entre les différents choix de solutions, ils laissaient les équipes s’organiser par elles-mêmes. Mais le contact est dans ce cas presque vital, cela avançait car on allait facilement d’un bureau à l’autre pour discuter d’une nouvelle idée, demander l’avis sur un nouveau problème, … Et se détendre en plaisantant autour de la machine à café. Dans le dernier job il y a finalement eu la possibilité d’un jour de télétravail par semaine pour pouvoir finaliser des dossiers au calme, mais la période covid sans presque plus de présentiel fut délétère.
Comme tout, c’est une question de circonstances
Bonjour Charles,
Votre post m’étonne. Moi qui suis souvent d’accord avec vous, pour le coup cette fois ce n’est pas le cas.
Vous prôner régulièrement la mesure dans vos articles (tout n’est jamais tout blanc ou tout noir), cette fois ci cela a l’air d’être tout noir pour vous.
Bien évidemment, il y a des entreprises pour lesquelles le retour au bureau rime avec contrôle du personnel mais ce n’est pas le cas pour toute.
Certaines font preuve de bienveillance envers leurs équipes et organisent des séminaires et autres voyages pour créer de la cohésion entre les gens et de la motivation.
Et puis soyons honnête, rester en télétravail tous les jours, ca rend fou au bout d’un moment.
On a tous besoin de lien social et malheureusement c’est le travail qui occupe la majeur partie de nos vies donc …
Cela dit, j’en profite pour vous remercier pour vos articles que je prend toujours plaisirs à lire quotidiennement.
Merci Charles,
tout ceci est tout à fait vrai, et j’en sais quelque chose !
Avantage du télétravail : loin des yeux, loin de mon âme !
Inconvénient du télétravail : loin des yeux, loin du coeur de mon employeur !
Tout est là et c’est la raison pour laquelle tout le monde va accepter de reprendre sa petite auto pour créer de nouveau des centaines de km de bouchon matin et soir. Personne ne veut perdre le coeur de son manager, et à la finale perdre son emploi.
Il y aura donc ceux qui plient, et ceux qui changent de job et/ou de modèle de vie.
Bonjour, c’est un fait, le temps payé fait que ce temps est consacré exclusivement à l’employeur et ne pouvons pas vaqué à nos occupations personnelles, ni en pensées, c’est le deal !
Enfin, le salariat est une mise en concurrence des salariés depuis le 14eme siècle, il s’agit donc d’une organisation de travail très bien connue.
Bon personne ne vous force à signer un contrat de travail… À moins que… Nous ayons besoin d’argent pour vivre !
Relire Étienne de la Boétie : la servitude volontaire !
Bravo, enfin un discours lucide sur le monde de l’entreprise. L’essentiel est dit.
Je confirme que je travaillais mieux quand j’étais seul devant mon pc et avec mon téléphone, n’ayant pas à supporter la médiocrité ambiante.
Bon, je ne suis probablement pas dans la partie centrale de la courbe de Gauss… ni politiquement d’ailleurs.
J’ai pu quitter ce monde détestable il y a longtemps maintenant. Les paniers de crabes, c’est pas du tout mon truc ; je ne suis pas un médiocre, malheureusement pour moi.
Merci
Il faut aussi redonner du travail a tout un tas de manager qui ont été promu, soit pas incompétence, soit pour les “récompenser” et qui sont en fait les boulets des entreprises.
Avec le télétravail, tous ces pseudos managers ne servent plus à rien et cela commence a se voir. Donc pour se sauver la face, on demande a tout le monde de rentrer dans le chenil de l’entreprise.
Charles
Remplacer le mot “Entreprise” par le mot “Etat” et ses factures electroniques et le résultat est du pareil au meme…
CQFD
C’est bien tourné, félicitations, Charles Sannat.
Je souhaite abonder un peu dans le développement de l’idée, initialement très bien accueillie par les entreprises, de faire “partir” en télétravail le plus d’employés possible :
D’une part, les directeurs financiers et les cadres se frottaient les mains à l’idée de l’imminente mise en location des mètres carrés ainsi récupérés mais, plus important encore, d’autre part il y avait l’idée sous-jacente que ce télétravail était aussi, en même temps, le décor et la mise en condition préalable pour réussir une “mise à l’écart” (loin des yeux, loin du cœur … et surtout très loin du portefeuille) d’une bonne partie des employés à licencier (réduction des coûts et par conséquent augmentation mécanique des bonus et primes des DRH et cadres … donc une vrai bonne vieille incitation économique à ce faire).
Or, chose très étrange par cette époque dystopique de maximisation à outrance des rendements au nom de l’efficacité économique, qui obéit à son tour à une certaine idéologie, d’autre part ce gain financier immédiat, qui entraînait mécaniquement un gain en termes de réputation (d’efficacité et de “modernité”, en tout cas de bien coller au dernier buzz) et par conséquent de l’image de marque (qui vaut son pesant en valeurs monétaires), s’est révélé être un trompe l’oeil, car finalement l’ensemble des actionnaires, des décideurs et des cadres des entreprises ont fini par se rendre compte de cette évidence : ce fameux “sentiment d’appartenance” (qui était aussi invoqué par les employés eux-mêmes et leurs représentants syndicaux, et donc par conséquent mécaniquement méprisé par ces mêmes actionnaires, décideurs et cadres), qui est quelque chose de parfaitement immatériel, finit sur le moyen et long terme par avoir autant d’importance et de poids économique et financier que l’emplacement immobilier où se situe l’entreprise, son mobilier et équipements, et même ses produits et services. Car l’image de marque et la réputation de l’entreprise en pâtit inexorablement, ce qui se traduit en pertes de parts de marché et de ses ressources et capacités à rester en course face aux concurrents.
Est-ce que les actionnaires, les décideurs et les cadres seront suffisamment intelligents pour tirer les enseignements ? Par exemple, mener une vraie réflexion permettant d’arriver, à terme, à des modèles plus vertueux de fonctionnement, d’une amélioration continue ? J’entends par là une réflexion de l’ensemble de l’entreprise, c’est à dire avec les employés eux-mêmes, conjointement. Comme le fait depuis longtemps, par exemple, Toyota, pour citer un exemple célèbre de la philosophie kaizen d’amélioration continue. Et bien évidemment que, du point de vue des employés, sans des revalorisations salariales significatives et non pas seulement de pacotille, sans primes ni bonus, l’intérêt et l’implication seront forcément très bas, voir nuls, voir négatifs. En effet, à quoi bon contribuer des idées rentables (mais rejetées jusqu’à présent par les actionnaires, décideurs et cadres car venant d’en bas, chose inadmissible dans cette époque “formidable”) si cela n’est pas recompensé, mais au contraire est même puni car toujours traduit mécaniquement, et bien à tort, dans de nouvelles mesures de flicage sous prétexte de mesurer avec exactitude la productivité individuelle ?
Au regard des faits observables depuis la décennie 1970, soit +50 ans, l’ensemble des données indiquent qu’à l’échelle globale, lorsque de telles réflexions vraiment intelligentes éclosent selon les circonstances, elles restent purement anecdotiques tant que ces mêmes réflexions ne sont pas adoptées en mises en oeuvre au cœur même du système global, c’est à dire les EUA. Car c’est l’expérimentation aux EUA et le buzz ainsi généré à échelle globale qui donne le feu vert aux actionnaires, décideurs et cadres ailleurs dans le monde pour adopter ces mesures, sans doute déjà proposées en interne par les employés eux-mêmes et leurs représentants syndicaux, mais rejetées car jugées trop “communistes”, “socialistes” ou autre péjoratif ignorant du même acabit.
C’est assez pathétique d’avoir fait Mines, EHESS, Sciences Po, l’ENA, et être bardés de diplômes pour, à la fin, être paralysé de peur de faire quoi que ce soit d’innovant, d’efficace, de productif, et de rafraichissant tout simplement parce que ça ne vient pas des EUA d’abord, donc avec la bénédiction et la (gentille ?) injoction des possesseurs de ressorts de la planète et donc de la destinée de l’humanité dans son ensemble.
Ils ont oublié le formidable enseignement contre-intuitif d’Henry Ford et son idée des chaînes de montage + augmentation des salaires au double, carrément : tout le monde voulait avoir sa Ford et c’est comme ça comme que la Ford s’est intronisée très rapidement comme le leader américain de l’automobile dans très peu de temps et face à une ribambelle de concurrents, intronisation qui n’a pas manqué, image de marque oblige, à étendre au reste du globe.
Comme le dit si bien l’adage anglais, “ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”.
Bonjour à tous
Ils n’ont pas pensé à la pub , eux qui l’utilise à tour de bras “contre” leurs clients ?
Les entreprises pourraient afficher sur les écrans de leurs télétravailleurs des pubs pour les motiver .
Mettant même en place des pubs ciblées ……..
Salutations attristées aux esclaves
Ah ça, les méthodes managériales de XIXe siècle n’ont certainement pas disparu. Elles sont plus “vicieuses” et manipulatrices derrière des formations de “managers bienveillants” (un non sens !).
Ce que ne comprennent pas les salariés (plus ou moins), c’est qu’un poste de manager ne DOIT PAS être une carotte. On est manager ou on ne l’est pas. On ne le devient pas à coups de formations débiles. Au mieux, on sera “moyen”… Être manager, c’est avoir le “sang d’un leader”….
C’est bien ce qu’il me semblait également, le troupeau doit être sous contrôle par les chiens du berger, ce que le nudge appelle “la culture d’entreprise” !
Avoir des gens à l’esprit libéré, c’est le risque de les voir partir.
Charles, je suis toujours dubitatif sur ce jugement sévère où le management est dur et impitoyable et les collaborateurs bons et pleins d’entrain.
D’abord, le télétravail exige un objectif, un ensemble de tâches et un résultat individuel. Dans un projet, c’est déjà difficile de détourer ce qui relève d’une responsabilité unique.
Ensuite, les aléas, les imprévus, qui font partie de la job, doivent être réintégrés dans le processus global et redonner des cartes à jouer à chaque acteur : difficulté supplémentaire à traiter sans délai et en respectant les prérequis assignés à chacun au départ.
Ensuite, avoir un super système de mesure/contrôle pour évaluer la performance équitablement.
Je crains que le management 2023 ne soit pas à la hauteur de la tâche. Je crains en plus que les justifications données par l’employeurs soient toujours teintées de politiquement correct ce qui fausse le jugement.
Mais des mauvais, il y en a toujours eu et il faut les surveiller tout le temps, c’est comme ça.
Les autres, il faut les cadrer serré et contrôler à la fine pointe, sinon ça dérive facile.
Bref, c’est un peu illusoire ce télétravail super moderne, super classe qui va remplacer le boulot habituel. Il y aura toujours une relation entre le travail à faire et le résultat, le temps passé, la manière de faire et la capacité pour le faire.
Je veux bien qu’il y ait des chefs mauvais et de la manipulation, OK ! Mais au bout du bout, il y a une job à faire et c’est ça qui compte.
Manipulation sinon sadisme oui.
Reste que “loin des yeux, loin du coeurs” fonctionne dans les deux sens.
il y a du pour et il y a du contre.
ça dépend bien sûr de votre chef local, de vos rapports avec vos collègues, de votre profession (j’imagine mal un chauffeur routier en télétravail) de la nécessité ou pas d’utiliser certain matériel ou de travailler en équipe… ça dépend aussi de votre capacité à supporter la solitude pendant le travail et d’avoir une vie sociale après.
ça dépend aussi de la souplesse de votre employeur et de plein d’autres circonstances.
à titre d’exemple, lors de la dernière tempête, je suis restée tranquillement en télétravail, ça m’a semblé moins con que d’aller mourir sur les routes. pareil quand il y a de la neige ou du verglas. mais pas tout les jours.
C’est même plus vicieux que ça Charles!
Un manager pour se maintenir doit avoir des collaborateurs qui sont immatures et ont besoin qu’on les “manage”, car si en effet les gens font ce qu’on attend eux sans manager alors pourquoi faudrait-il payer des gens souvent très cher pour les manager?
Il y a bien sûr des faignants, mais j’ai un scoop pour certains: ils existaient avant le télétravail et certains sont très doués pour se cacher au bureau.
Il est fort probable qu’après avoir rappelé presque tout le monde au bureau les boîtes vont se rendre compte que c’est pire car prendre les gens pour des abrutis n’est jamais bon ni pour la motivation ni pour l’appartenance.
Cela va se retourner contre les directions et les managers en particulier qui pour le coup n’auront plus rien à inventer pour justifier qu’ils ne servent pas à grand chose.
Je pense néanmoins qu’il faut des gens qui aident les équipes et qui ont un certain pouvoir pour arbitrer les problèmes, mais ce pouvoir devrait être utiliser rarement, des gens qui n’arrivent pas travailler ensemble sereinement ce n’est pas sain.
Le truc c’est qu’aujourd’hui on infantilise les salariés exprès pour pouvoir maintenir des managers. On ne leur apprend pas à être autonome et à savoir comment interpréter la stratégie de la boite, donc il faut des managers.
je préfererais des facilitateurs qui font l’interface avec les autres équipes, expliquent les décisions stratégiques, aident les gens à se développer pour devenir plus autonomes et efficaces, …
Ce qui est très drôle c’est que les entreprises citées dans cet article sont deux gestionnaires d’immobilier de bureau. Clairement elles n’ont aucun intérêt au maintien du télétravail et doivent remplir les bureaux tout neufs construits en périphérie de Paris. On porte le débat sur le fond du télétravail comme un détournement mais le premier sujet pour ces entreprises et de sauver leur peaux avec un immobilier de bureau à 20-30 km des grandes villes qui a perdu plus de 60% de sa valeur. Alors on lance ce type de “campagne” espérant que d’autres industries suivent.
Prenez un salarié tout à fait productif en télétravail et un autre, en présentiel qui glande, brasse du vent et fait des courbettes devant ses manageurs.
Bien souvent le second est mieux apprécié par son supérieur. Cela montre le niveau de stupidité du système qui encourage l’hypocrisie et le copinage…