« Au nom de la productivité, du sentiment d’appartenance ou d’une meilleure collaboration entre les équipes, de nombreuses entreprises commencent à serrer la vis sur le télétravail et à exiger un plus large retour au bureau des salariés, parfois même total.

C’est le cas chez Groupama Immobilier, où les salariés reviennent travailler tous les jours au bureau depuis le 14 novembre. La filiale immobilière de l’assureur teste pour trois mois ce retour au monde d’avant la crise du Covid , après avoir instauré, comme la majorité des entreprises concernées, deux jours de télétravail par semaine. « On a un effectif de 130 collaborateurs, il y en a 30 qui ont rejoint l’entreprise depuis 2020 et qui n’ont jamais connu le présentiel ‘full time’ (à 100 %, NDLR) », justifie auprès de l’ AFP le directeur général, Éric Donnet. « Pour eux, ça va être l’expérimentation de ce qu’ont connu les collègues par le passé . Ils nous prennent pour des dinosaures ! »

Le présentiel pour la productivité !

« Ce qui se joue aujourd’hui, c’est un gros débat sur la notion de productivité », confirme Flore Pradère, directrice recherche et prospective bureaux chez le spécialiste de l’immobilier d’entreprise JLL, qui a mené deux études à l’échelle internationale sur l’articulation télétravail-bureau. « Au départ, on s’est dit : formidable gain de temps, (on va) optimiser l’espace, les gens vont pouvoir travailler plus et peut-être qu’on va économiser des mètres carrés.  » Désormais, « il y a un petit rétropédalage, où on se dit : quid de la transversalité, du sentiment d’appartenance, de la collaboration entre les équipes et des capacités à innover ? », explique-t-elle à l’ AFP .

Je vois bien la difficulté pour les entreprises et il n’est pas seulement question de « productivité ».

Par exemple le sentiment d’appartenance, n’a rien à voir avec la productivité. Bien au contraire. « l’appartenance », cela prend du temps, et cela coûte très cher en séminaires, restaurants et autres couillonnades de « team-building » où il faut danser ensemble, jouer au babyfoot et toutes les âneries d’usage.

L’idée, c’est l’endoctrinement et la libre pensée.

Voilà l’enjeu.

La présence physique permet le contrôle physique bien évidemment mais ce n’est pas l’enjeu essentiel.

L’important, c’est votre cerveau.

Votre esprit doit appartenir à l’entreprise et là vous êtes contrôlable.

Pour vous contrôler il faut que vous soyez là.

Présent.

C’est la seule manière de vous infliger toutes les petites et grandes humiliations managériales.

C’est la seule manière de vous « tenir », de vous « soumettre ». Le chef m’a-t-il regardé ? Le chef a-t-il mangé avec moi ou avec l’autre collègue ? Le chef m’a-t-il dit que je prenais mon après-midi, m’a-t-il culpabilisé par quelques remarques perfides ?

Vous l’avez compris, les entreprises ne peuvent pas contrôler ce qui est loin et ce qui n’est pas là,!

Elles ne peuvent pas endoctriner celui qui est loin.

Parce que « loin des yeux, loin du cœur ».

La distance ne réduit pas la productivité.

La distance augmente la productivité, vous n’êtes plus obligés de vous user dans des temps de transport absurdes, ni de supporter les bavardages sans fin de collègues qui n’en fichent pas plus en télétravail qu’en travail tout court un flemmard restant dans tous les cas un flemmard. On travaille mieux au calme que dans le brouhaha incessant d’un « open-space ».

Cependant… quand on est loin du cœur il y a une mise en retrait qui permet de se mettre à l’abri effectivement des méthodes de management cruelles et infantilisantes du monde du travail.

C’est tout l’enjeu.

Ce n’est pas une question de productivité mais de manipulation.

Charles SANNAT

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