C’est le dernier papier de Charles Gave de l’Institut des Libertés qu’il a intitulé pourquoi voter.
Après lecture, je pense qu’il s’est trompé de titre (il n’y a rien de méchant évidemment dans mon propos), car sa démonstration est parfaitement juste sur “l’utilité” toute relative du vote.
Pourquoi voter, cela se comprend aisément comme question, pourtant, au bout du compte, Charles Gave soulève un sujet nettement plus grave à savoir la rupture du couple légalité/légitimité.
Une élection peut être légale en tous points et c’est exactement ce qui arrive au président Macron, dont la réalité de la victoire juridiquement ne souffre strictement aucune contestation, et il n’a point eu besoin de bourrage d’urne au second tour, ou de faire voter les morts pour l’emporter.
Le problème évident, c’est qu’il n’est pas légitime et si tous les observateurs officiels font mine de ne rien voir ni de ne rien remarquer, la réalité vécue par le peuple est qu’en France le président élu démocratiquement et légalement, n’est pas perçu comme légitime et applique une politique qui n’a pas été voulue par la majorité de la population.
C’est évidemment le point crucial des problèmes que notre pays traverse.
Pour se maintenir au pouvoir il n’y aura qu’un recours accru à la violence et c’est exactement le chemin que semble vouloir prendre le gouvernement, qui souffrant déjà d’un déficit de légitimité va évidemment par un recours abusif à la force légitime finir par se décrédibiliser totalement et amener à encore plus de violence.
Tous ceux qui observent la situation et Charles Gave en fait comme moi partie, ressentent bien à quel point notre pays s’engage sur une pente terriblement glissante et dangereuse.
Charles SANNAT
Mais pourquoi voter ?
Par Charles Gave
Nous savons tous que : « La démocratie est le pire de tous les régimes à l’exception de tous les autres » comme le disait Churchill. Et dans la démocratie, il y a en principe un Souverain et un seul, le Peuple. En théorie, les autorités actuelles gouvernent au nom du peuple, au bénéfice du peuple.
Mais comme le disait le joueur de base-ball et philosophe américain, Yogi Berra : « En théorie, la théorie et la pratique c’est la même chose. En pratique, c’est rarement vrai »
A l’évidence la théorie est que le vote du peuple est déterminant tandis que la pratique semble être que le vote du peuple n’est retenu que si les élites sont d’accord.
Parce que depuis à peu près vingt ans, chaque fois qu’un peuple exprime sa volonté au travers d’une élection ou d’un référendum et si cette volonté est contraire au mouvement de l’Histoire telle que décrite par des hommes éminents tels monsieur Juncker, auteur de la célèbre formule : « il n’y a pas de sortie démocratique des institutions européennes », alors, curieusement, des obstacles innombrables se dressent qui empêchent la volonté du peuple de s’exercer.
Quelques exemples au hasard.
Commençons par la Grèce, prise dans le piège mortel de l’euro. Un parti de gauche est élu, qui lance un référendum pour savoir si le pays doit rester dans l’euro.
Une majorité écrasante se dégage pour que la sortie ait lieu. La banque centrale européenne ou BCE (qui n’est contrôlée démocratiquement par rien ni par personne) fait savoir que toutes les lignes de crédit et les banques grecques seront coupées instantanément si la sortie a lieu, le ministre des finances démissionne, le premier ministre se couche et la population Grecque est mise en esclavage pour sauver les banques allemandes ou françaises.
Passons à la France : En 2004, monsieur Giscard, le grand spécialiste des noms d’emprunts, concocte le texte d’une constitution européenne qui est solennellement signée à Rome par tous les Hommes de Davos représentant (?) 24 pays.
Quand cette constitution est soumise au référendum en France et aux Pays Bas, patatras, les peuples la refusent. Aucune importance, monsieur Sarkozy, nouvellement élu, fait entériner un copié-collé du document deux ou trois ans après le rejet du référendum sous le nom de traité de Lisbonne en se servant de la procédure du Congrès à Versailles, et pour faire bonne mesure, le même Sarkozy rejoint le commandement unifié de l’Otan sans rien obtenir en échange, signant ainsi une double forfaiture.
Venons-en à l’Italie. Monsieur Berlusconi, premier ministre Italien en 2011 envisage de quitter l’Euro et commence à faire imprimer des billets en se servant des machines spécialisées qui étaient restées dans les caves de la banque centrale locale.
Émoi dans le landerneau bruxellois et la rumeur court qu’à ce moment-là la Chancelière allemande et le Président Français de l’époque ont demandé la permission au Président américain de renverser le premier ministre Italien. Ce qui fut fait, et monsieur Berlusconi fut remplacé par un haut fonctionnaire Européen Mario Monti, une espèce de Kisling local, qui s’empressa de faire bruler tous les billets et de détruire les machines.
Il faudra attendre 2018 pour que l’Italie se dote d’un gouvernement qui n’ait pas été nommé par Bruxelles.
Passons aux élections américaines. Un homme qui ne faisait pas partie des Oints du Seigneur à la surprise générale l’emporte aux élections. Immédiatement, un procureur spécial est nommé pour empêcher monsieur Trump de gouverner.
Deux ans après, ce procureur spécial n’a rien trouvé et nous attendons toujours son rapport.
Mais nous savons de source sure que et l’administration Obama, le clan Clinton et les chefs du FBI, de la CIA et du ministère de la Justice aux USA sont gravement compromis dans des manœuvres sordides pour essayer de délégitimer celui que les américains ont choisi.
Maintenant que nous avons un nouveau ministre de la Justice aux USA, on peut peut-être espérer que les dossiers vont enfin sortir (voir mes anciens articles sur le sujet).
Venons-en enfin au Brexit. Le peuple anglais décide de quitter les institutions européennes de façon fort démocratique au travers d’un référendum.
Curieusement, les conservateurs au pouvoir et au Parlement (qui voulaient majoritairement rester en Europe), nomment un premier ministre qui était partisan elle aussi de rester en Europe. Et les difficultés commencèrent à s’accumuler presque immédiatement.
Comme une majorité des députés aux communes sont officiellement partisans de rester en Europe, nous arrivons à une situation tout à fait britannique : le plan du premier ministre est inacceptable mais une sortie sans accord avec le reste de l’Europe est également inacceptable, alors même qu’il ne reste plus de temps pour négocier. Comprenne qui pourra…
Le lecteur assidu de romans policiers qui écrit ces lignes remarque qu’il y a là comme une « méthode » qui indique au fin limier qu’il est que le même groupe doit être à l’œuvre pour perpétuer tous ces crimes.
Je vais maintenant révéler aux lecteurs, que j’espère admiratifs, la méthode qui est utilisée à chaque fois pour empêcher le peuple d’arriver à ses fins quand une majorité cherche à revenir à la démocratie.
Une campagne électorale a lieu dans un pays ou dans un autre et le peuple commence à s’agiter sous l’influence mauvaise de ceux qu’il est de bon ton d’appeler populistes sans doute parce qu’ils aiment le peuple et sont aimés de lui.
Devant la gravité de la situation trois forces se lèvent immédiatement pour rappeler le peuple a son devoir.
La première force ce sont bien sur les médias.
Leur premier travail est de susciter une sainte trouille chez le bourgeois en expliquant que le niveau de vie du pauvre bourgeois va baisser très fortement si on laisse faire les populistes. L’économie Britannique devait s’écrouler si les électeurs choisissaient de sortir de l’Europe et la bourse de New-York s’effondrer si monsieur Trump était élu. On a vu les résultats.
Le taux d’emploi est à un plus haut historique en Grande-Bretagne et la bourse de NY est montée très fortement depuis l’élection du Donald. Leur deuxième obligation est de raconter des horreurs sur les leaders populistes qui émergent (racismes et antisémitisme font en général l’affaire), en partant du principe qu’il leur faudra vingt ans pour se laver d’une accusation fausse. (C’est ce qui vient d’arriver à Renaud Camus, accusé de racisme par un plumitif il y a vingt ans et blanchi aujourd’hui).
Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose et une condamnation en diffamation ne coûte pas chère et peut rapporter gros en termes de carrière.
La deuxième est représentée par les hommes de Davos et autres Oints du Seigneur sévissant dans les milieux politiques qui font savoir que toutes les grasses prébendes distribuées par la classe politique et qui permettent de vivre sans travailler risquent d’être transférées à quelqu’un d’autre si les populistes gagnent.
Nous vivons dans un superbe capitalisme de connivence et il est nécessaire de convaincre tous ceux qui en bénéficient de voter comme il se doit, faute de quoi leurs rentes pourraient disparaître.
L’union sacrée de tous les profiteurs indus qui ont peur de perdre leurs rentes injustifiées se met en ordre sous le beau nom d’Union Républicaine par exemple, avec l’aide des médias bien sûr.
Et la troisième, aussi curieux que cela puisse paraître, c’est la Justice qui se met à chercher fébrilement les casseroles des populistes en laissant avec soin de côté les marmites des Hommes de Davos ou autres Oints du Seigneur.
Et tout ce que la Justice trouve ou cherche est immédiatement transféré aux médias pour permettre aux ODS de flinguer tranquillement les populistes en faisant état de la grande vertu de leur candidat à eux. Chacun aura reconnu ici le scénario du limogeage de Berlusconi, de la mise à mort de Fillon ou de la nomination du procureur spécial aux USA qui aurait dû débarrasser les ODS américains du Président Trump.
Hélas, l’animal est résistant et est toujours là et c’est là l’un de leurs rares ratés. Ce qui explique pourquoi la plupart des journalistes ont la bave aux lèvres quand on leur parle de Trump. En fait, ils sont morts de peur.
Résumons.
Le peuple soutient quelque chose qui déplaît fortement aux élites.
Une alliance sacrée se noue immédiatement entre les forces antipopulaires qui bénéficient massivement de l’organisation actuelle, et ce sont bien sur les médias, la classe administrativo-politique et la Justice (ce que l’on appelait dans ma jeunesse les forces de la réaction) pour déconsidérer les leaders du mouvement d’opposition aux yeux des électeurs, freiner la mise en œuvre de ce pourquoi ils ont voté ou qu’ils soutiennent et si possible mettre en prison ou au pire en examen les participants au mouvement.
On voit fort bien la façon dont cette alliance sacrée s’est remise en place instantanément contre les gilets jaunes. Pas besoin d’instruction, tout le monde connait son texte…
Venons-en à la situation française actuelle, qui est de loin la plus inquiétante en Europe.
La campagne de la République en marche a été organisée en prenant exemple sur le mouvement 5 Stars en Italie et le coup de poker a marché. Le coup de génie de ceux qui ont porté monsieur Macron au pouvoir a en effet été de capitaliser sur ce désir d’être entendu d’une majorité de la population pour maintenir en place la structure de pouvoir mentionnée plus haut, un peu comme de Gaulle avec son « Je vous ai compris ».
Et donc, LREM occupe le terrain qui aurait dû être occupé par des forces représentant vraiment ceux que j’appelle les hommes des arbres, c’est dire les français qui veulent vivre en France. Or les pauvres ont voté en fait pour les hommes des bateaux, les partisans de la globalisation c’est-à-dire pour ceux qui les gouvernent depuis quarante ans.
Et du coup, les hommes des arbres se retrouvent sans personne pour les représenter politiquement alors qu’ils sont majoritaires en France et voila qui est extrêmement dangereux…
Et bien évidemment, le « coup de génie » qui a permis ce coup de bonneteau est en train de se retourner contre ceux qui ont organisé ce qu’il faut bien appeler la plus grande fraude électorale de l’histoire de la République.
Nous sommes de fait de plus en plus dans une situation où le pouvoir en place est perçu comme illégitime quand bien même il serait légal et sans qu’il existe une porte de sortie électorale pour que légitimité et légalité se fondent à nouveau en une seule réalité, ce qui devrait être le cas dans une démocratie.
Historiquement, cette rupture entre légalité et légitimité a toujours été une combinaison extraordinairement dangereuse.
En France aujourd’hui, le pouvoir est légal et utilise le monopole de la violence dont il dispose pour se maintenir. Mais cette violence est perçue comme illégitime par une part de plus en plus grande de la population, ce qui va amener une montée aux extrêmes à la Clausewitz, les plus radicaux des mouvements non entendus et non représentés, se tournant in fine vers le terrorisme. Logiquement, il faudrait voter à nouveau…ou autoriser le référendum d’initiative populaire. Mais les parvenus qui nous gouvernent ne songent pas au bien du peuple, mais cherchent simplement à l’enfumer.
Comme je ne cesse de le dire, et depuis bien longtemps, nous rentrons dans des temps dangereux, tout simplement parce que nous ne sommes plus ni en démocratie ni dans une économie de marché .
Source l’IDL ici