Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

L’une des mes « grandes théories » personnelles est que si l’homme a techniquement beaucoup progressé lors de ce dernier siècle et en particulier dans les 50 dernières années, avec une forme de progrès technologique exponentiel, l’âme humaine, elle, n’a pas évolué d’un pouce depuis nos illustres philosophes grecs, ou depuis les empereurs romains, qui avaient une intelligence politique à faire pâlir d’envie nos biens fades mamamouchis actuels.

Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, je trouve qu’en termes analytiques les ressemblances avec la révolution française sont assez édifiantes. Dès le 21 novembre j’intitulais un édito « pourquoi ce n’est sans doute pas une révolte mais une révolution ». 

Il y a une similitude assez surprenante même dans la succession d’événements, où nous avons une révolte populaire, suivie de l’ouverture dans chaque mairie de cahiers de doléance, puis de la mise en place d’un grand débat qui n’est que la transcription modernisée des Etats-Généraux que convoqua le roi.

La fin du grand débat, moment de tous les dangers…

Si l’on en croit l’histoire de France, c’est que convoquer les Etats-Généraux c’est très bien, mais encore faut-il que cela débouche sur quelque chose de concret, et il y a deux manières de faire du concret lorsque l’on se trouve dans une période « révolutionnaire ».

Partager le pouvoir, et remplir les gamelles! C’est ce sur quoi j’attirais l’attention de tous dans cet article, j’expliquais dans cet autre intitulé « c’est une révolution? Non Sire, c’est une restauration » l’aspect politique non-dit et sous-jacent du mouvement qui ne fait que se confirmer.

La solution est donc systématiquement une double réponse, politique d’une part avec une modernisation des institutions dites de « gouvernance » et économique avec une distribution nécessaire de pain pour tous ceux qui le nécessitent et même, excès des révolutions, pour ceux qui n’en ont pas tant besoin que cela.

Pour les changements dans la gouvernance, il y a évidemment le RIC, une démocratie participative plus vivante et pas à base d’usage massif de LBD et où nous pourrions aussi utiliser la subsidiarité que j’évoquais dans cet article « le principe de subsidiarité pour sortir de l’insurrection et éviter la révolution ». 

Bref, il y a deux siècles, le grand débat de l’époque se termina par la prise de la Bastille le 14 juillet, qui ferait passer les black blocs pour d’aimables plaisantins, car au risque d’effrayer le bobo des beaux quartiers de la capitale, les révolutions épargnent rarement les Porsches…. aussi bien des belles voitures que les porches des beaux immeubles, surtout dans un pays qui aime autant détester ses riches… terrible rançon d’années de détestation organisée par ceux-là mêmes qui nous dirigent encore.

Après vint la grande peur!

« La Grande Peur est un mouvement de jacqueries et de révoltes engendrées par une peur collective, qui se sont répandues en France, essentiellement du 20 juillet 1789 au 6 août 1789, mais se sont prolongées au-delà.

Peu réprimées, elles ont signalé l’effondrement de l’autorité de l’Ancien Régime et engendré un important mouvement d’émigration de la noblesse. Elles ont également provoqué la surprise — et l’inquiétude des nouvelles autorités politiques et ont entraîné, en termes de réponse immédiate de celles-ci, l’abolition des privilèges ». Ce sera la fameuse « Nuit du 4 Août ».

« Les révoltes font suite à un demi-siècle de soulèvements et de contestation anti-seigneuriale accrue. Les cahiers de doléance se sont faits l’écho des revendications des paysans, et ont levé en eux l’espoir de ne plus subir les droits et les redevances, qui suite aux mauvaises récoltes de 1788, les accablent plus que jamais. Les comptes rendus des événements de Paris, et notamment les récits de la prise de la Bastille, mal compris, s’accompagnent de rumeurs et de craintes d’une vengeance ou de complots aristocratiques. L’inquiétude est d’autant plus vive que le mois de juillet voit arriver le moment de la soudure, avec une hausse des prix prévisible et le soupçon que les nobles puissent « accaparer » les grains rares. Dans certains cas, la panique a été déclenchée par le bruit que les aristocrates recrutaient des brigands pour couper les blés verts des campagnes et anéantir ainsi la récolte. Dans d’autres régions, les souvenirs anciens d’invasions étrangères (anglaises ou piémontaises) se sont réveillés. La peur s’est répandue rapidement de paroisse en paroisse, au son du tocsin et les révoltes ont éclaté quasi simultanément : six paniques ont ainsi éclaté en Franche-Comté à la suite d’une explosion accidentelle d’une réserve de poudre au château de Quincey, près de Vesoul ; en Champagne, où la poussière soulevée par un troupeau de moutons fut prise pour celle d’une troupe de soldats en marche ; dans le Beauvaisis, dans le Maine, dans la région de Nantes et dans celle de Ruffec, où des moines mendiants furent pris pour des brigands ». (Source et suite ici)

De fake news en vraies rumeurs et véritables craintes, d’espoirs déçus en gouvernements déchus…

« L’histoire ne se répète pas, elle bégaie » aurait dit Karl Marx. Karl Marx, lui qui disait également (il faut lire Karl Marx) que lorsque l’infrastructure change, la superstructure politique doit aussi changer, et quand ce n’est pas le cas, cela provoque… une révolution. Nous sommes peu ou prou dans un tel cas de figure aujourd’hui.

Nous ne devons pas oublier « qu’une révolution cela prend du temps » comme je voulais tenter de l’expliquer dans cet article et le temps des chaînes d’information en temps réel et de twitter n’est pas du tout le temps de l’histoire.

Le grand débat, qui a été une vaste foutaise qui fait doucement rigoler tous ceux qui sont allés remplir le QCM du site du gouvernement où l’on vous demande si vous voulez un peu plus de sel ou un peu moins de poivre sur vos macaronis, ne va évidemment pas déboucher sur des décisions révolutionnaires et de ruptures ayant pour conséquences de proposer une nouvelle répartition du pouvoir, une nouvelle gouvernance, et un plein de gamelles généralisé.

Ce qui nous attend, c’est évidemment, plus vraisemblablement, un plein de gabelles et d’autres taxes destinées à assurer la solvabilité de notre pays et le triple A que donnent les agences de notation à notre pays.

Ajoutez à cela, un mouvement des gilets jaunes que l’on présente dans les médias, nous dirons pudiquement, comme s’essoufflant histoire d’être courtois avec le prince et avec le système dont ils se nourrissent tous.

Pourtant, après 18 semaines, ce qui est un record, les mouvements du samedi, mouvement de gens qui travaillent durant la semaine se poursuit avec une constance impressionnante.

Pourtant, après 18 semaines, d’une propagande médiatique d’un niveau rarement atteint contre les gilets jaunes (et l’on peut être opposé à ce mouvement et on a le droit de l’être) il se poursuit avec la force des lames de fond.

Pourtant, après 18 semaines de répression réelle, de violence très forte, où les médias préfèrent montrer les vitrines cassées aux gueules cassées de nos compatriotes par des tirs de LBD en pleine tête, il se poursuit avec une indéniable constance.

Pourtant, après tout cela, 50% des Français décidément gaulois génétiquement réfractaires continuent à soutenir le mouvement qui inspire tant de haine dans les beaux quartiers boboisants.

Evidemment, on nous explique en boucle sur les plateaux, que ce n’est pas 10 000 pauvres gueux en gilets jaunes qui vont faire quoi que ce soit, ce qui revient à dire que les 15 000 hommes de la France libre n’ont pas fait l’histoire, et ce qui occulte totalement le fait, que justement l’histoire n’est jamais écrite par la majorité. Jamais.

Si les gilets jaunes étaient officiellement 15 000 à Paris, ou 10 000, ils étaient nettement plus nombreux au niveau de la France entière. Nous parlons de plusieurs centaines de milliers de personnes estimation à 290 000 personnes par le syndicat de policiers en colère ici

Fin du grand débat, début du grand danger…

Notre pays est éruptif. Avec ou sans Internet, avec ou sans réseaux sociaux, notre pays a toujours été socialement éruptif et nous sommes dans l’un de ces contextes où tous les ingrédients sont réunis pour provoquer de terribles poussées de violence qui pourraient dans leur forme la plus grave être généralisées à… la province.

Car c’est ainsi que cela s’est déjà passé, et c’est aussi ainsi que cela se passe avec les gilets jaunes, qui sont un mouvement profondément rural et péri-urbain.

Certes, le défilé sur les Champs est devenu le rendez-vous médiatique hebdomadaire, mais dans toutes les provinces de notre pays, l’agitation est là. Latente. L’eau dort, mais peut se réveiller, tumultueuse en quelques instants. Interdire les Champs ce sera déplacer le problème ailleurs.

Un pouvoir ne peut jamais gagner contre une insurrection sans couper les sources d’alimentation c’est-à-dire les causes qui produisent l’insurrection. Un pouvoir ne gagne jamais militairement et par la répression contre une insurrection populaire. C’est une constante historique.

La grande peur de la révolution française, c’est l’histoire d’une capitale Paris, qui va perdre la Province qui va tomber dans une sécession et une anarchie généralisée, à tel point que l’on pourrait dire que « Paris a perdu la province ».

« Monsieur le Président. Nous avons perdu la province ».

Il faudra abolir les privilèges pour ramener le calme, ce qui revient à… d’une part remplir les gamelles, et évidemment mettre en place une nouvelle gouvernance.

Les similitudes sont réelles, et beaucoup pensaient, ou voulaient se persuader, que tout cela allait finir par se terminer, et que les gueux, fatigués, rentreraient chez eux.

Beaucoup de communication, un peu d’Etats-Généraux, de cahiers de doléances et de grand débat et hop, on reprend le cap, on continue les réformes…

Cela ne va évidemment pas se passer ainsi.

Nous entrons donc dans le moment du grand danger et la probabilité non négligeable que nous vivions un épisode moderne, violent et brutal similaire à celui de la « grande peur ».

Il serait temps que les mamamouchis fassent preuve d’une grande tempérance, qualité, qui semble hélas absente.

Macron ne perdra pas Paris, il perdra tout le reste du pays…

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)

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