Mes chères impertinentes, chers impertinents,
En cette année 2020, je vous propose que nous nous lancions à corps perdus ou presque, dans la grande bataille des mots et de concepts pour décrire nos maux et reprendre le pouvoir sur la réalité.
Les mots imposent implicitement le cadre de réflexion et imposent par conséquence le cadre d’action qui en découle. Tout ceci est terriblement sérieux.
Le poids de tous ces mots de toutes ces idées est tel, que quand on y réfléchit bien c’en est presque effrayant. Terrifiant.
Aujourd’hui nous allons parler du mot précarité.
Avant, nous avions les clochards, les nécessiteux ou les miséreux.
Vous avez, nous avons et parfois nous sommes ou devenons des SDF, des précaires. Nous avons remplacé des mots précis qui désignaient des maux tout aussi clairs, par des concepts fumeux et des initiales froides, sans saveur et sans humanité.
La précarité c’est quoi ? Selon le dictionnaire est précaire ce « dont l’avenir, la durée, la stabilité ne sont pas assurés »… tu es précaire donc un peu instable. Rien de bien méchant donc.
La misère c’est quoi ? Selon le dictionnaire c’est « un état d’extrême pauvreté, indigence, ou encore un état marqué par une grande insuffisance, un grand manque dans le domaine social, psychologique ». Cela semble donc terrible. Vous savez pourquoi ?
Parce que la misère est terrible. Pas la précarité.
C’est pour cela que l’on ne parle plus de misère mais de précarité. Pour effacer les terribles réalités.
Nous allons parler de la précarité donc, mais d’une précarité particulière… celle de la précarité dite énergétique.
Je rappelle, à tout hasard, qu’il y a dans cette édition un article consacré à la création d’un fichier des locataires indélicats qui ne payent pas leur loyer. Un sujet passionnant digne de déclencher tous les hurlements sociaux de rigueur. Pourquoi faire ce rappel ?
Car la véritable misère touche peu les villes et même peu les banlieues. Elle touche peu les locataires figurez-vous qui bénéficient du chauffage central du HLM même si ce dernier ne donne que 18 ou 19° surtout si les canalisations n’ont pas été curées.
La véritable misère est dans les campagnes et dans les zones périurbaines éloignées, là d’où a jailli le mouvement des Gilets Jaunes et qui a surpris tous nos mamamouchis bien au chaud et à l’abri de la ceinture fortifiée que représente le périphérique parisien. Rempart moderne contre la misère, reléguée au-delà de ces murailles virtuelles et bien réelles.
La « précarité énergétique » touche en réalité des propriétaires pauvres et miséreux, hors logements sociaux et généralement hors des grandes villes et grandes agglomérations.
Cette « précarité énergétique » se rajoute à la « précarité médicale », à la « précarité de la mobilité »…
Et si l’on traduisait ces « précarités » ?
Quelle est la traduction de ces « précarités » ?
Simple.
Nous parlons ici des misères que l’on a laissé se développer.
Il ne faut pas parler de la précarité énergétique mais de la misère énergétique parce que les gens n’ont plus de quoi se chauffer alors ils caillent.
Il se caillent et tremblent de froid.
Les technocrates n’ont qu’une idée… Interdire les « foyers ouverts » une expression d’imbéciles pour parler de … cheminées. Car pour Greta et ses apôtres les cheminées cela pollue. Pas celles des usines mais celles du gueux qui tremble de froid sous les frimas de l’hiver, heureusement peu rigoureux cette année (grâce au réchauffement ?).
Cela donne ce reportage de France 3 qui, en dehors de la maladresse des mauvais mots pour décrire nos maux, a le mérite de jeter la caméra sur nos miséreux et nos nécessiteux du chauffage.
C’est en Franche-Comté que se passe ce reportage.
Mais cela pourrait être dans mon coin reculé de Normandie, où beaucoup consacrent énormément d’énergie à se procurer du bois pour se chauffer. On ne parle pas ici de l’acheter mais de le trouver gratuitement parce que l’on ne peut pas le payer.
Vous remarquerez également que l’aide est « privée » et qu’il s’agit de dons. Je discutais avec le Maire de l’une de nos petites communes du coin. Il a demandé à ses ouvriers municipaux de ramasser tous les bois de coupes ou de tailles pour les conserver… et les donner aux plus miséreux qui viennent le chercher pour l’hiver, parce que les maires, eux, savent souvent qui a du mal à joindre les deux bouts.
Ils sont nombreux.
Trop nombreux.
C’est pour cette raison qu’il faut désigner chaque chose par le mot qu’il convient.
Nous ne parlons pad de la précarité.
Nous parlons de la misère qui touche les nôtres.
On ne lutte pas de la même manière contre la précarité que contre la misère.
Il n’y a pas la même urgence à se battre contre la précarité que contre la misère.
La misère n’attend pas. La guerre des mots non plus.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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Charles,
La confusion des mots et des concepts fait partie de l’arsenal du régime pour étouffer dans l’œuf toute pensée dissidente, en commençant par la manipulation des esprits. Nos anciens l’avaient compris, en appelant ce qui est mal « le diable », qui signifie « celui qui trompe, qui désunit, qui sème la confusion ».
Et c’est valable pour beaucoup d’autres concepts communs dont on a perverti le sens: « vivre ensemble », « bien commun », « inclusif », « valeurs républicaines », « ouverture d’esprit », « solidarité ». J’en passe, et des meilleures. Ce que les grecs appelaient le « logos » a été confisqué par le régime, le livre « 1984 » d’Orwell le décrit très bien, et qui n’a pas pris une ride.
salut Charles,
ce-matin, je suis allé écouté la professeur Hartemann
désolé
Votre pays aux 1000 aides n’est-il plus LE modéle ?!
Coluche avait tout juste dans sa chanson
« Misère, misère, c’est toujours sur les pauvres gens que tu t’acharnes obstinément! »
Ce monde est devenu Orwellien
Bien vu de rappeler ces précisions sémantiques.
Puisque nous en sommes à la sémantique, définition de mamamouchi : personne totalement déconnectée de la réalité, qui s’octroie le droit de décider de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas, qui prend des décisions pour autrui en sachant qu’il ne sera jamais impacté par les conséquences de celles ci. synonyme : bouche inutile à nourrir qui se gave du fruit du travail des autres.
Re-bonjour Charles,
Triste constat, pour lequel le pouvoir politique a 3 solutions :
1. les laisser à leur sort
2. mettre à contribution les « mamamouchis » pour venir en aide à ces sinistrés énergétiques
3. instaurer une nouvelle taxe de solidarité que vous et moi, via ce genre de reportage, serons presque contents d’acquitter.
J’ai une intuition sur le choix que le pouvoir privilégierait …
Bien à vous.
Juste ce petit mot pour te dire combien j’apprécie des articles et celui-ci tout particulièrement
Merci Charles pour cet article qui remet les pendules à l’heure. C’est peut-être pour cela que la vidéo est inaccessible. Merci encore.
Comment ne pas être manichéen en voyant ce reportage !
Des millions ou milliards d’un côté et 600€ de l’autre …
C’est drôle : du temps de mon adolescence roubaisienne dans les sixties, j’ai eu l’occasion d’approcher de près un certain Bernard Arnault, à ce moment lycéen à Maxence van der Meersch dans la même classe de terminale que mon frangin et qui n’était à cette époque-là que le fils du patron de l’entreprise de travaux publics « Ferret-Savinel » : pas de quoi pavoiser outre mesure !
A ma grande honte, non seulement je n’ai pas flairé le prochain génie des finances et homme le plus riche du monde (paraît-il…) mais je ne garde de lui que le souvenir d’un petit personnage fluet et effacé, assez insipide pour tout dire.
Mea Culpa ! Dire que si j’avais su me placer dans ses proches, j’aurais sans doute des « breloques » en or, aujourd’hui !
Ahhlàlà, caisse on peut être à côté de la plaque, certaines fois !!!
T.O.
Bonjour Charles
j’habite en Franche-Comté, région contrastée avec un tissu industriel d’un côté à la population turbulente de vieille tradition révolutionnaire, et le « plateau » jurassien, agricole, pauvre, mais d’une pauvreté digne, calme, travailleuse, réputée pour ses missionnaires et ses communautés religieuses autrefois nombreuses et efficaces. Misère matérielle, oui, mais misère spirituelle, non. Ce que connaissent bien les petits mamamouchis du coin et qui en profitent. La vidéo est tout à fait réaliste
La réalité dans toute sa lucidité: réalité des mots, réalité des faits. Les inégalités, malgré la taxation soi-disant redistributrice, atteignent des niveaux insupportables. Il est temps de sortir de notre système axé exclusivement (terme très approprié ici) sur la compétition avec ses fausses urgences et ses faux besoins. Il est temps de rétablir une vraie solidarité et non une solidarité factice, impersonnelle et administrative. Je recommande la lecture de « L’entraide, une autre loi de la jungle » par Servigne et Chapelle. Ils nous montrent (scientifiquement, ce ne sont pas des gourous) une voie à redécouvrir.
Oui, la vallée de la misère existe réellement elle se situe près de Hirson dans ces paysages dévastés par les deux guerres une population courageuse essaie de résister à cette mondialisation des BOBOS.
Les habitants de ces vallées des misères sont les fils de ceux qui ont vus les Nazis et les Allemands envahir leur sol mais les dommages de guerre n’ont pas été payés, mais eux payent le double abandon de la Nation et de ses élus de pacotille.
Misére un petit mot qui en dit long car elle touche le corps et l’âme, dénoncée mais jamais vaincue. Elle est sournoise et frappe quand on s’y attend le moins. D’illustres hommes l’ont combattue mais elle est toujours là et je crains qu’elle y soit encore dans plusieurs décennies. Nous y serons confrontés par la force des éléments de toute nature, en premier lieu par les dérèglements climatiques qui pousseront les peuples à se déplacer ce qui fera qu’accroitre le phénomène. Pour l’heure, la misère comme vous dites se voit moins dans le monde trépignant dans lequel nous vivons et parfois elle vit cachée auprès de nous, chez des proches, à chacun de la déceler.
En des temps pas si lointains elle a été très violente dans les campagnes, les gens étaient en haillons, vivant de travaux journaliers et domestiques. Ils étaient issus de familles très nombreuses où la famine régnait, alors quand je vois les nantis défiler pour réclamer de l’argent pour des loisirs j’en vomis. Nous dans les campagnes avons entendu nos anciens en parler et nous savons ce qu’est la misère et ce ne sont pas les petits bourgeois qui vont nous l’apprendre.
Bourgeois ils le sont mais Nobles ils ne le seront jamais pour cela il faut être issus de familles qui ont combattu la misère.
C ‘ est à çà qu ‘ on voit que la France va mal ! Il n ‘ y a pas de capitaine sur le bateau , mais un pirate …
Ces personnes devraient vivre, subir, connaître ne serait-ce qu’une semaine le froid, la faim, la vrai misère quoi.
Ils prendraient l’importance des mots (maux) mais ils le savent et masquent cette réalité.
Écoeurant.
Bravo pour l’action de ces Maires qui ne sont pas légions. Une denrée rare.
Le style est spécial et sera difficile à supporter pour certains, mais je vous conseille vivement le rap de MC Circulaire, notamment « Demain c’est trop tard ».
Lui aussi dénonce la misère et l’abandon des campagnes.
merci pour cet article sur le vocabulaire. Cela fait du bien de se questionner ! On devrait faire un point d’honneur à bannir les mots de nous gouvernant pour les remplacer par les vrais mots. Ce serait le début d’une résistance !
Merci, comme quasiment toujours, j’ai bcp apprécié le contenu de votre article.
Pourriez-vous développer cette affirmation:
« Les mots imposent implicitement le cadre de réflexion et imposent par conséquence le cadre d’action qui en découle. »
Ce serait intéressant à plusieurs titres : Prise de conscience, action et cadre de référence…
Merci
L’Etat qui est particulièrement jaloux, tient à son monopole sur les solidarités. Ces braves gens auront donc des ennuis, comme les autres avant eux.
La « solidarité », notion fourre-tout, a remplacé la charité, qui était une des vertus théologales. Mais est-ce que « vertu théologale » veut encore dire quelque chose pour quelqu’un sur cette terre déchristianisée à outrance?
Avoir voulu confondre la charité naturelle avec la réquisition forcée est la source d’un des principaux dysfonctionnements de notre société.
Et pendant ce temps, des millions de litres de carburant sont brûlés pour lutter « contre le terrorisme ».
Reprenez les chiffres réels du nombre de victimes françaises par le fait du terrorisme chaque année.
Comparez ce chiffre avec ceux des morts de la précarité française, le nombre d’agriculteurs qui se suicident, d’anciens qui se suicident pour ne pas endetter leurs enfants et petits enfants, de policiers et gendarmes écœurés qui mettent fin à leurs jours,…
Lorsque vous aurez fait ce triste constat, que toute cette énergie utilisée pour une mauvaise cause pourrait servir au Peuple français et sauver plus de vies.
Des moyens militaires pourraient être déployés pour aider le Peuple français en resserrant les liens Armées-Nation.
Une partie de ces budgets alloués à l’Education Nationale et gérée par un Ministre de l’Education digne de ce nom, permettrait de reconstruire une société pérenne avec Le moteur de toute croissance : La Confiance.
Le Bon sens, en voie de totale disparition, ne fait aucun titre dans les médias alors que la bien pensance déborde de partout.
Cela démontre à souhait que ceux qui parlent en connaissance de cause et d’expérience sont supplantés par ceux qui ne savent rien et sont inexpérimentés.
D’ailleurs, les bien pensants ne sont plus que des perroquets récitant les éléments de langage de la novlangue Orwellienne.
Alea jacta est
Après vous avoir TOUS lu je reconnais que VOUS AVEZ TOUS RAISON: remarques pertinentes, et réelles ! Mais n’avons nous qu’un seul personnage » VIP » en France ? >> Sommes nous tous des aveugles car, je suis persuadé que ce triste personnage sera à nouveau REELU bientôt !
*** voir tous nos élus se mettre à ses genoux, quelle honte !
Hélas……..
Les Ardennes territoire oublié de la France.
@Motte : Votre définition du mamamouchi est excellente!
J’apprécie beaucoup vos articles car votre point de vue d’économiste est aussi profondément humaniste,philosophique ,plein de pertinence et de souci des autres.
Je remarque aussi la tenue des participants dont mes commentaires sont respectueux et motivés.
Quand on change le sens des mots on perd sa liberté
Oui, enfin, quand on parle de cheminée ou de poêle à bois performant, il faudrait quand même souligner qu’une cheminée de base, ça doit tourner dans les 15% de rendement énergétique, tandis qu’un poêle moyen, dans les 75% (x5, donc 5 fois moins de bois à trouver), et un poêle performant (et donc plutôt cher) monte jusqu’à 85%. Avec le rendement va la qualité de combustion, et donc la plus faible émission de particules fines, mais ce n’est pas le principal.
Pour quelques centaines d’euros, tu multiplie par 5 ton rendement, et divise donc par 5 ton besoin de bois de chauffage. Avec un prix du stère de 60 à 90€… tu as vite fait le calcul quand tu passe de 10 stères par an à 2-3 (c.i.s effet rebond). ROI : 1à2 ans… Laisse tomber les assurances vie en euro…
Tu as soulevé mon âme et mouillé mes yeux par les larmes de colère. Ce récit que nous cotoyons de si prés est insupportable. Merci pour le poids des mots.
Dans ma campagne des « natifs » viennent me demander la permission de couper mes arbres (pour les entretenir !) pour pouvoir se chauffer…
Ce qui il a de formidable,c’est de payer des taxes d’un montant plus élevées que la consommation de l’électricité
@ Genuflex
il y a des poeles à bois tres simple en acier fabriqués en espagne et très peu cher, dans les 300 euros.et efficaces et puissant plus de 12 kw
soit le prix de 3 cartouches de cigarettes…… mais il faut reconnaître que bien des pauvres font passer la cigarette avant…….