La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis fait partie d’une grande négociation entre ces deux géants économiques qui s’affrontent à fleurets mouchetés pour le leadership du monde.

Il faut bien comprendre que Trump tente d’instaurer un rapport de force lui permettant d’atténuer les effets de la mondialisation. Il est fort probable que Trump se contente d’un accord dont les conditions seraient meilleures que celles qui existent jusqu’à présent.

Dans une telle optique, la Chine pourrait accepter de faire quelques efforts pour éviter que cela soit « pire ». L’hypothèse d’un accord est donc bien crédible à défaut d’être une certitude.

Charles SANNAT

Le bras de fer entre les États-Unis et la Chine se poursuit sur le front du commerce. C’est pourquoi le discours de Xi Jinping au Forum de Boao 2018 était attendu avec le plus vif intérêt. On s’attendait même à des compromis de la part de Pékin face à Washington, mais en vain. Sputnik s’en est entretenu avec des analystes chinois.

Intervenant au Forum de Boao pour l’Asie, connu comme le Davos chinois, Xi Jinping a confirmé que la Chine ouvrirait de plus en plus son marché sans rien dire toutefois des démarches concrètes pour faire baisser la tension entre Pékin et Washington en matière de commerce, a indiqué Kong Gaofeng de l’Université Johns-Hopkins (JHU), dans une interview écrite accordée à Sputnik.

« Les sanctions commerciales contre la Chine s’expliquent par la volonté de Donald Trump d’en finir avec le transfert obligé de la propriété intellectuelle américaine dans ce pays. […] Washington est très préoccupé par la Loi chinoise sur la cybersécurité qui contraint les sociétés étrangères travaillant en Chine à stocker leurs données sur le territoire chinois », a poursuivi l’interlocuteur de l’agence.

Et de préciser que cela donnait aux Chinois un libre accès aux secrets commerciaux et à la propriété intellectuelle de compagnies étrangères.

L’universitaire a rappelé que, selon une enquête, les autorités chinoises encourageaient leurs entreprises nationales à réaliser des fusions-acquisitions « rapaces » de leurs partenaires américains.

« Tout porte à croire que Trump est persuadé que la Chine veut devenir une puissance hautement technologique grâce aux technologies américaines », a résumé M. Kong.

Un autre interlocuteur de Sputnik, Wang Zhimin, directeur du Centre d’étude de la mondialisation et de la modernisation de la Chine, a estimé que la Chine ne consentirait à aucune concession concernant sa Loi sur la cybersécurité.

« On ignore pour le moment si une vraie guerre commerciale avec les États-Unis éclatera, mais la Chine doit s’y préparer. […] Pékin devra riposter et riposte déjà », a relevé l’analyste.

De son côté, le docteur Zhang Ning, de l’Académie nationale de stratégie économique de Chine, a rappelé dans un entretien accordé à Sputnik que les contradictions sur le dumping et les subventions entre les États-Unis et la Chine ne dataient pas d’aujourd’hui.

« Néanmoins, auparavant, le Chine se tenait dans l’ombre et attendait, car Pékin n’était tout simplement pas suffisamment fort pour affronter les États-Unis. […] Bien que maintenant, la Chine évite toujours d’entrer dans une confrontation ouverte avec les Américains, elle ne fait pas non plus de concessions, mais riposte de façon symétrique », a souligné M. Zhang.

Et d’ajouter que la Chine n’était plus la même qu’autrefois.

Les États-Unis ont décidé d’appliquer des droits de douane augmentés sur 1 300 biens chinois dont les téléviseurs et des produits technologiques. Réponse quasi immédiate de Pékin : le soja, les voitures et les avions américains se verront appliquer des taxes de 25 % à leur entrée en Chine.

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