Comme vous l’avez sans doute entendu déjà plusieurs fois, chaque année un débat agite le monde autour de la clause « d’économie de marché » que réclame la Chine et que l’Europe comme les États-Unis lui refusent.

Pour être une économie de marché, il faut que l’économie soit relativement libre. En Chine, ce n’est clairement pas le cas, comme va vous le montrer sans ambiguïté cet article, puisque le Parti Communiste chinois décide chaque année des secteurs où l’on peut investir ou pas, si c’est libre ou sensible.

Bref, l’économie chinoise est tout sauf une économie libre. C’est une dictature communiste avec des pans d’économie libre. C’est un modèle redoutablement efficace. Peut-être même le meilleur actuellement pour atteindre un but de domination mondiale.

Charles SANNAT

La semaine dernière, la Chine a mis à jour un document curieux, peu connu du grand public en dehors du pays : la liste des investissements « sensibles » et « encouragés ». L’analyse de ce texte permet de comprendre vers où la Chine dirige son argent.

Si vous êtes Chinois, vous pouvez à présent investir dans les nouvelles villes ou les réseaux électriques à l’étranger sans restrictions particulières, tout en comptant sur l’aide de l’État. Vous pouvez également placer votre argent dans les hôtels ou les clubs sportifs en dehors de la Chine, mais c’est alors une affaire privée à vos risques et périls. Selon le quotidien Kommersant.

Ces nouvelles orientations découlent de la nouvelle liste des domaines d’investissement du capital à l’étranger, publiée la semaine dernière en Chine.

Ce document précise que pour investir dans un réseau de cinéma ou des fonds d’investissement, qui plus est dans les médias ou la production d’armement en dehors de la Chine, il faut obtenir une autorisation officielle. Ensuite, c’est à vous de gérer. Mais les règles sont différentes en ce qui concerne, par exemple, l’approvisionnement en électricité de quartiers ou de villes en dehors de la Chine, ou encore les télécommunications : vous n’avez alors qu’à avertir les autorités de telles transactions, et ces mêmes autorités vous aideront.
Les deux listes, l’une désignant les investissements « sensibles » et l’autre ceux qui sont « encouragés », sont périodiquement mises à jour. Par exemple, jusqu’ici la construction de centrales électriques, de quartiers ou de villes entières relevait des secteurs « sensibles », alors qu’à présent elle fait partie du secteur « encouragé ».

Cette nouvelle direction est liée à un thème crucial : la stratégie de grande nation (nation globale). Selon les méthodes de calcul, la Chine est la première ou la deuxième économie mondiale. Il aurait été ridicule de penser que son économie resterait cantonnée aux frontières nationales.
Ou – encore plus ridicule – que les affaires chinoises à l’étranger pourraient se dérouler sans la participation de Pékin.

L’an dernier, les entreprises chinoises ont affiché 120 milliards de dollars d’investissements directs à l’étranger. Les investissements directs désignent le financement de projets concrets, alors que les investissements dans les banques et les fonds sont calculés séparément. Il est impossible de contrôler de telles sommes à partir des institutions chinoises. Les listes de secteurs « encouragés » ne font donc que montrer aux investisseurs (et à tous les autres) la stratégie globale de l’État, son intention de soutenir un certain type de projets stratégiquement bénéfiques pour le pays.

Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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