D’après cette dépêche de l’AFP reprise par L’Express, « une Catalogne  »indépendante » serait automatiquement exclue de l’UE, qu’elle ne pourrait rejoindre qu’après un nouveau processus d’adhésion. Mais encore faudrait-il que cette démarche respecte certaines conditions lui permettant d’être validée par les 28.

La  »doctrine Prodi »

Les traités fondateurs de l’UE ne prévoient pas la marche à suivre en cas de scission d’une partie du territoire d’un État membre, mais la Commission européenne se base depuis 13 ans sur la  »doctrine Prodi », du nom de Romano Prodi, ancien président de l’exécutif européen.

Cette  »position juridique » établit le principe selon lequel un État né d’une sécession au sein de l’UE ne serait pas automatiquement considéré comme faisant partie de l’Union.

Appels au pragmatisme

Des experts estiment toutefois qu’en cas d’indépendance reconnue, les Européens n’auraient aucun intérêt à aller jusqu’au bout de la « doctrine Prodi ».

Plaidant auprès de l’AFP pour que le  »réalisme » l’emporte sur  »l’orthodoxie », il estime que  »la solution la plus raisonnable serait de négocier simultanément l’indépendance et l’adhésion à l’Union européenne ». »

Voici pour l’essentiel de cette dépêche.

Je vous remets ci-dessous.

Des horizons de temps différents, comme plusieurs portées musicales

C’est un peu comme la musique. Vous avez plusieurs portées. En politique, dans les relations internationales ou encore en économie, vous avez plusieurs horizons de temps qui peuvent évoluer parfois en donnant l’impression de le faire dans des directions contradictoires.

Néanmoins, lorsque l’on prend un peu de recul et que l’on essaie d’apercevoir le tableau d’ensemble, l’image globale, elle, est souvent d’une netteté et d’une logique surprenante.

Samedi soir, lors d’un dîner en ville, on me demandait pourquoi l’Europe voulait inciter la Catalogne à l’indépendance alors que cela pouvait menacer la zone euro et créer de grosses difficultés aux banques espagnoles et donc à l’ensemble du système bancaire européen.

Si en façade cela peut sembler incohérent ou contradictoire, il n’en est rien en réalité, car il y a deux horizons de temps qui s’affrontent. À long terme, pour créer une belle Europe fédérale loin des États-nations qui l’empêchent, il faut casser et éradiquer ces « pays », ces souverainetés, et ces nationalismes d’autrefois.

À court terme, tout le monde sait bien qu’un tel processus va provoquer quelques conséquences désagréables comme des remous sur les marchés, des chocs financiers ou bancaires, ou encore quelques petites crisounettes économico-politiques. Mais tout cela n’est rien face aux enjeux de long terme. C’est également des menus problèmes sur l’échelle de temps « géologique » de la construction européenne ou à l’échelle historique.

Il n’y aura rien d’insurmontable à la crise catalane pour l’Europe. La BCE imprimera à la fin des billets en nombre suffisant. Les banques espagnoles seront vite sauvées, et pour sauver la face, elles ouvrent toutes en urgence un siège à Madrid ou ailleurs en Espagne qui restera dans la zone euro, et déjà les appels se multiplient pour que l’Europe fasse preuve de « pragmatisme ». Entendez par là que l’Europe n’applique pas les règles et trouve des solutions du genre négocier en même temps l’adhésion de la Catalogne à l’Union européenne et sa sortie de l’Espagne… Bref, l’Europe évidemment y avait déjà largement pensé et les solutions existent déjà dans l’esprit de nos europathes qui savent très bien comment ils agiront et les deux horizons de temps se réuniront, en formant la partition de la belle symphonie européenne dont ils rêvent.

Charles SANNAT

Source L’Express ici

Photo credit: joansorolla Creative Commons site via Visual Hunt / CC BY

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