Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Nous sommes en 2018.

2018, l’ère du numérique, de l’Internet 2.0 devenu 3.0 et l’Internet des objets, l’année où l’on a décidé de vous vendre pour Noël des enceintes connectées qui ne servent pas à grand-chose, mais qui feront bien dans votre salon, et feront de vous des gens « modernes » à la pointe de la « geek-itude »…

Et malgré toute cette modernité, notre bonne vieille Union européenne vient de décider de mettre en place une immense chambre de compensation sur base de troc… Il n’y a plus, à ce stade, qu’à évoquer le retour de l’étalon-or, sans oublier les télégraphistes dans les bureaux des PTT. Voilà qui ravira le vieux con que je suis.

L’Union européenne n’a rien trouvé de mieux donc que d’instaurer un système géant de troc pour échapper aux sanctions américaines !

Bonne idée ? Non, symptôme désastreux de l’impuissance européenne. Explications.

« Les Européens ont annoncé la création d’un système de troc afin de préserver leur commerce avec l’Iran tout en échappant aux sanctions américaines, une décision-camouflet à la veille d’un discours mardi à l’ONU de Donald Trump visant à mobiliser contre Téhéran.

Cette initiative vise à sauver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 malgré la sortie fracassante des États-Unis de ce texte en mai.

« Concrètement, les États membres de l’Union européenne vont instaurer une entité légale pour faciliter les transactions financières légitimes avec l’Iran », a expliqué la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, dans une déclaration lue lundi soir conjointement avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif.

« Ce système permettra aux compagnies européennes de continuer à commercer avec l’Iran conformément au droit européen et pourrait être ouvert à d’autres partenaires dans le monde », a-t-elle ajouté.

Selon des sources européennes, ce « véhicule dédié » (Special purpose vehicle – SPV) fonctionnera comme une bourse d’échanges ou un système de troc sophistiqué à partir de la vente de pétrole iranien, première ressource du pays.

Si par exemple l’Iran vend du pétrole à l’Espagne et l’Allemagne des machines-outils à Téhéran, la somme correspondant à la livraison du pétrole servirait directement à payer le fournisseur allemand.

« Il y aura une sorte de chambre de compensation qui vérifie que la valeur des biens exportés et importés par l’Iran se compense », explique une source diplomatique française.

Ce mécanisme « immunise » acheteurs et vendeurs en évitant des transactions en dollars qui pourraient les exposer à des sanctions américaines.

« Le pétrole est la seule contrepartie que l’Iran peut donner (…) Il permet aux recettes du pétrole d’être utilisées pour importer des biens », poursuit la source française.

Les nouveaux canaux de paiement doivent « rassurer les acteurs économiques », a souligné devant la presse Federica Mogherini.

Derrière cette bourse au troc… l’incapacité de faire de l’euro une monnaie d’échange internationale

La triste réalité économique c’est que le roi dollar poursuit sa domination sans partage et que la part de l’euro dans le système monétaire international est non seulement inférieure à ce qu’était le poids cumulé autrefois de l’ensemble des monnaies nationales composant la zone euro, mais qu’en plus cette part continue à chuter à environ 20 %, comme le montre ce graphique de… la BCE !

Il n’y a donc, dans mes propos, aucun euro-« bashing » ! Au contraire, l’euro comme la construction européenne sont de très belles idées, hélas, bien mal mises en œuvre avec un projet politique malsain pour l’intérêt des peuples et des problèmes techniques qui ne permet pas d’avoir de perspectives crédibles d’amélioration à court terme.

On peut le regretter, mais c’est ainsi.

L’euro ? Personne n’en veut et, encore plus grave, les autorités européennes, plutôt que d’inciter l’Iran à commercer en euro avec la zone euro, préfèrent aller s’enferrer dans un système absurde de troc qui terminera en un immense machin technocratique dysfonctionnel et ingérable comme savent en faire nos mamamouchis bruxellois.

Il eut été logique, si nous ne pouvions commercer avec l’Iran en dollars parce que les États-Unis nous l’interdisent, de le faire avec notre propre monnaie, l’euro.

Ce refus des Européens de commercer en euro alors que les États-Unis imposent leur loi extraterritoriale en dit plus que tous mes longs discours sur l’abandon politique des peuples européens par nos élites.

Dans quelques mois, vous irez voter pour le projet européen. Le projet ? Mais quel projet ?

L’Europe n’existe pas et n’a aucune volonté d’exister contre l’Amérique.

L’Europe est l’organisation de la soumission des peuples européens à la puissance américaine et au totalitarisme marchand des grandes multinationales… souvent américaines.

On vous fera croire l’inverse. La propagande tournera à plein régime, mais la vérité c’est qu’avec l’Iran, nous n’osons même pas commercer avec notre propre monnaie.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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Source AFP via Romandie.com ici

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