Nous maltraitons nos anciens. Nos vieux. Ne voyez aucune notion péjorative dans le mot vieux. Il est noble. Oui. Nous maltraitons nos vieux. Ils ne comptent plus vraiment. Nous sous-traitons la vieillesse, nous payons à prix d’or des établissements pas toujours resplendissants. Je n’oublierai jamais ma grand-mère dans son fauteuil roulant, si peu “autonome” dans sa “mapad”, me montrant discrètement les fruits pourris que l’on donnait aux petits vieux. Alors, les rares fois où j’allais la voir, je lui ramenai des fruits frais, mûrs et pas pourris.

Une société se juge à la manière dont elle prend soin de ses plus faibles.

Nos plus faibles sont nos gamins, nos vieux et nos malades.

Ils devraient être l’une de nos priorités.

Nous les avons oubliés.

Nous faisons de nos enfants des abrutis d’écrans (télé, jeux vidéos etc) qui ne pensent plus. Nos vieux nous les mettons dans des mouroirs. Dans les hôpitaux, on ne les soigne presque plus. Encore moins depuis le Covid. Chaque jour les patients sont évidemment triés. Les vieux meurent. En silence, mais sans dignité.

Resaissions-nous. C’est d’humanité dont nous parlons ici. De tendresse. De la vie. De la mort. Du temps, inéluctable qui passe. Même les starteupeurs de la start-up nation de Macron finiront par devenir vieux. La jeunesse ne dure qu’un temps, un temps tellement court.

Le communiqué de presse d’ORPEA

“Un article publié ce jour dans le journal Le Monde dévoile les premiers éléments d’un ouvrage à paraitre visant ORPEA.

Ces éléments, polémiques et agressifs montrent une volonté manifeste de nuire.

Nous contestons formellement l’ensemble de ces accusations que nous considérons comme mensongères, outrageantes et préjudiciables. De telles attaques ne sont malheureusement pas nouvelles mais sont extrêmement violentes dans un contexte où nos équipes sont encore plus mobilisées depuis deux ans par la crise sanitaire.

Nous ne pouvons pas laisser de telles dérives sensationnalistes et mensongères ternir l’image d’ORPEA et du secteur. ORPEA, ses dirigeants et ses collaborateurs ont toujours placé, depuis trente ans, le bien-être des résidents, l’accompagnement des équipes et l’éthique professionnelle au cœur des critères de leur action et du développement de l’entreprise.

Le Groupe procède chaque année à une enquête de satisfaction auprès de ses résidents et familles, réalisée par un organisme externe indépendant, dont les derniers résultats montrent un taux de recommandation moyen de 95 %.

Par ailleurs, ORPEA exerce son activité dans un secteur qui fait l’objet de règlementations strictes et de contrôles réguliers par les autorités publiques. Il n’aurait évidemment pas été en mesure d’assurer son développement en France et à l’international s’il ne respectait pas scrupuleusement les obligations qui sont les siennes.

ORPEA, ne disposant pas du livre à ce jour, a d’ores et déjà saisi ses avocats pour y donner toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire, afin de rétablir la vérité des faits et défendre son honneur ainsi que celui de ses collaborateurs qui remplissent quotidiennement une mission admirable, avec conscience professionnelle et engagement”

J’ai beaucoup rigolé sur l’organisme indépendant qui fait une enquête de satisfaction avec 95 % de résultats positifs. C’est la même chose dans toutes les entreprises, ORPEA comme toutes les autres, de la téléphonie aux banques, elles ont toutes des taux de satisfaction au sommet. Un peu comme la côte de popularité du premier secrétaire du parti communiste en URSS.

Sinon pour le reste voici l’article du Monde évoqué dans le communiqué de presse d’OPEA.

« Les Fossoyeurs », un livre qui ouvre le débat sur la gestion et le contrôle des maisons de retraite

“Le journaliste indépendant Victor Castanet décrit dans une enquête très fouillée, publié chez Fayard mercredi 26 janvier, les dérives lucratives de certains Ehpad du secteur privé. Son travail nourrit une nécessaire réflexion sur les modalités de prise en charge de la dépendance.

Autant le dire d’emblée : il serait injuste de réduire Les Fossoyeurs (Fayard, 388 pages, 22,90 euros) à la virulence de son titre et de n’y voir qu’un brûlot sans profondeur. L’enquête du journaliste indépendant Victor Castanet sur le « business » des maisons de retraite privées mérite au contraire d’être portée et débattue en place publique. A l’approche de l’élection présidentielle, elle vient nourrir de façon dérangeante – parfois même révoltante – le débat sur ce sujet majeur.

Lire aussi les extraits des « Fossoyeurs » : Article réservé à nos abonnés
Le but de l’auteur n’est pas de prétendre que tous les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du pays sont des mouroirs où les « aînés » sont maltraités. Jamais il ne tombe dans la généralisation. Les « fossoyeurs » qu’il présente ne sont pas les « petites mains » de ce monde si particulier (auxiliaires de vie, employés, soignants…) mais plutôt certains décideurs pour lesquels la vieillesse est devenue, d’après lui, un filon lucratif. Un groupe privé français au succès éclatant concentre l’essentiel de ses attaques : Orpéa, le numéro un mondial du secteur des Ehpad et des cliniques. Un mastodonte : 65 000 collaborateurs dans 1 100 établissements à travers la planète ; 220 Ehpad rien qu’en France.

Troublantes proximités
En s’intéressant d’abord aux dérives signalées dans l’un d’eux, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), l’auteur n’imaginait pas qu’il plongerait à ce point au cœur de ce qu’il appelle le « système Orpéa ». Sous sa plume, les révélations pleuvent. A l’en croire, l’obsession de la rentabilité aurait poussé les dirigeants historiques du groupe – à commencer par son fondateur, le docteur Jean-Claude Marian, aujourd’hui richissime président d’honneur –, à imposer des méthodes managériales contestables, à rogner sur les dépenses, à s’arranger pour profiter au mieux de l’argent public, à jongler sans cesse avec les contrats de vacataires. Sans oublier les liens financiers avec des fournisseurs et des apporteurs d’affaires, ou encore une troublante proximité avec des hauts fonctionnaires et des élus. Le tout au nom d’une phrase érigée en dogme dans les réunions d’état-major : « Il faut que ça crache ! »

L’auteur décrypte ce mécanisme qui explique selon lui les dysfonctionnements constatés dans certains Ehpad Orpéa. Le groupe, sollicité à plusieurs reprises, n’a pas souhaité répondre à ses questions, tout comme M. Marian et ses deux plus proches collaborateurs, personnages centraux de ce récit d’une richesse factuelle bluffante.

Victor Castanet, soutenu par son éditeur (Fayard), assure détenir les preuves de ce qu’il avance pour dénoncer la « gestion exclusivement comptable de la prise en charge d’êtres humains vulnérables ». En près de trois ans d’enquête, il a rencontré 250 personnes, enregistré plus de 200 témoignages, déniché des rapports confidentiels et des courriels internes, obtenu l’appui de témoins prêts à l’accompagner en justice si nécessaire. Parmi eux, des proches de résidents mais aussi d’anciens cadres d’Orpéa, et même une juriste employée aux ressources humaines du groupe, Camille Lamarche. Cette jeune femme, qui se perçoit comme une lanceuse d’alerte, a joué un rôle actif dans cette investigation dont le journaliste sort avec deux certitudes : les autorités de contrôle (inspection du travail, Assurance-maladie, agences régionales de santé…) ne sont pas de taille à lutter face à un groupe si puissant, et il est urgent, pour l’Etat, de se pencher sur le sujet.”

Source Le Monde.fr ici

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