« Grands bénéficiaires de la politique fiscale de l’Irlande dont le taux d’imposition sur les sociétés n’est que de 12,5 %, les grands groupes américains poussent Dublin à résister à la pression de l’OCDE en faveur de l’instauration d’un IS minimum de 15 % déjà agréée par 130 de ses pays membres. Si elle avait salué dans un premier temps, au mois de juillet, les efforts menés par les pays du G7 pour arriver à une solution qui apporterait « une certitude fiscale » aux multinationales, la Chambre de commerce américaine en Irlande tient aujourd’hui un tout autre discours.

Répondant à la grande enquête lancée sur le sujet par le ministre des Finances irlandais, Paschal Donohoe, le directeur de l’« AmCham », Mark Redmond, le félicite de refuser en l’état la proposition de l’OCDE. Jugeant la concurrence fiscale « légitime, notamment pour les petites économies », et la politique fiscale irlandaise « en rien une course vers le bas », il explique dans une vidéo que la réforme proposée n’est « pas claire », ne serait-ce que par son intitulé « d’au moins 15 % ». « Nous pensons aussi que le calendrier de l’OCDE est incroyablement optimiste et probablement irréaliste », ajoute le directeur de la Chambre de commerce américaine en Irlande (présidée par ailleurs par un représentant de Facebook…), évoquant une mise en application en 2023.

L’Irlande abrite actuellement 800 entreprises américaines qui fournissent 180000 emplois, représentant une masse salariale de 10 milliards d’euros par an, et qui investissent 5,3 milliards d’euros annuellement. Lundi, Pascal Donohe a répété au commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, en visite à Dublin, qu’il ne jugeait « pas approprié » actuellement pour son pays de signer l’accord de l’OCDE. Le même jour, Michéal Martin, le Premier ministre irlandais, se montrait moins affirmatif au sortir d’une rencontre avec la gouverneure de New York. »

L’Irlande résiste donc, mais elle ne résistera que tant que les Etats-Unis d’Amérique lui laisseront la possibilité de résister.

Si les Etats-Unis veulent que le taux irlandais perdure, alors l’Irlande pourra continuer à le maintenir sans que les autres Européens ne disent quoi que ce soit.

Si les Etats-Unis veulent véritablement aligner la fiscalité minimale mondiale, alors l’Irlande pliera en moins de temps qu’il ne faut pour dire « ouf ».

L’affaire des sous-marins montrent bien à quel point qui est le patron en ce bas monde.

Charles SANNAT

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Source l’Opinion.fr ici

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