Le mouvement est mondial, et si l’ajustement des salaires et autres normes sociales se fait bien vers le bas, il en va aussi de la langue, des langues même et de l’ambition intellectuelle pour le plus grand nombre.

Nous abandonnons notre ambition collective.

Ce n’est plus à l’individu de fournir l’effort pour se hisser au niveau de la langue, mais à la langue de se simplifier pour s’adapter à la paresse devenue valeur, la paresse devenue normalité.

Ici, il n’y a pas pire condescendance et mépris de classe que de croire que l’on ne pourra pas faire des gilets jaunes des polytechniciens comme le disait Laurent Alexandre. Il faut au contraire avoir l’ambition de permettre à chacun d’atteindre son plus haut niveau et cela passe par l’ambition d’élever les individus.

C’est ainsi qu’était conçue l’école de Jules Ferry, et il y avait autant d’imbéciles en 1905 qu’aujourd’hui, et de forts en math…

En Grande-Bretagne donc, les défenseurs de l’apostrophe baissent les bras. « Après près de deux décennies de combat pour défendre un usage correct de l’apostrophe dans la langue anglaise, les défenseurs les plus farouches de ce signe de ponctuation ont décidé de baisser les bras, découragés par « la paresse et l’ignorance ». La Société britannique pour la protection de l’apostrophe va cesser ses activités, a annoncé son président John Richards, 96 ans. Ce dernier l’avait fondée en 2001 afin de préserver le correct usage de « ce signe de ponctuation trop souvent maltraité ».

En France au même moment, la mode qui se développe est celle du FALC, le facile à lire et à comprendre.

Pour s’exprimer en FALC, il faut faire au plus simple. 

Au départ tout cela part, comme toujours, d’un bon sentiment, puisqu’il s’agit de rendre accessible y compris à ceux qui souffrent d’un handicap mental des textes.

Pourtant, je peux vous assurer que le FALC d’aujourd’hui, n’est pas si éloigné que cela des règles dites de SEO (pour être bien référencé par Google et autres moteurs de recherche) que l’on demande aux sites internet de respecter.

Aucune phrase ne peut avoir plus de 17 mots.

Aucun texte ne doit dépasser 1 500 caractères (un caractère étant une lettre et pas un mot) ce qui fait très court. Twitter avait poussé le bouchon encore plus loin avec ses sms à 140 caractères.

Quelle pensée peut-on développer en FALC ? Une pensée pauvre. Forcement. Sans nuance. Quelle pensée développe-t-on dans un tweet ? Dans un billet « court » car sinon les gens ne « lisent pas »… d’ailleurs il faut faire des vidéos… car les gens ne lisent plus. Mais des vidéos courtes, sinon les gens ne regardent pas… et c’est vrai.

Durée moyenne d’attention ? 10 minutes.

S’il est évident qu’inclure le plus grand nombre est une excellente chose, il ne faut en aucun cas que cette volonté d’inclusion devienne la base d’un abaissement généralisé, parce que c’est tout simplement la facilité qui l’emporte toujours.

C’est assez logique.

Faire des efforts c’est fatigant.

Dire qu’Apostrophe était le nom d’une émission littéraire.

Charles SANNAT

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