pièces d'or Britannia

La Royal Mint, c’est la Monnaie de Paris anglaise ! C’est l’institution royale qui bat monnaie du côté de nos amis anglais.

Dans un entrepôt situé à une dizaine de miles du nord-ouest de Cardiff, la Royal Mint fait tourner ses machines durant la nuit afin de satisfaire la demande de l’un des plus grands bénéficiaires des remous politiques de l’année dernière, l’or et l’argent physiques.

Depuis le Brexit et les fluctuations difficilement prévisibles et gérables de la livre, les Anglais, comme tous les peuples inquiets depuis la nuit des temps, stockent… de l’or, et plus encore des pièces d’or !

Ce qui arrive aux Anglais, croyez-moi, nous arrivera aussi tôt ou tard. Les prévoyants auront de l’or, les autres le paieront au mieux très cher. Pour l’immense majorité, il sera tout simplement trop tard.

Charles SANNAT

La Monnaie, vieille de 1 100 ans et qui s’est implantée dans la région de Cardiff dans les années 60, produit 50 % de pièces et de lingotins d’or de plus qu’à la même période de l’année dernière, a déclaré le directeur Chris Howard alors que ses ventes ont augmenté de 33 % en janvier.

Avec des perspectives de croissance pour le cœur de son activité, et la frappe de pièces de monnaie limitée par l’avènement de la société sans cash, la Monnaie s’est fortement concentrée sur le développement de sa division « métaux précieux » durant ces dernières années. Sa contribution aux résultats financiers de la Royal Mint est passée de négligeable en 2012 à plus de 25 % l’année dernière.

« Avant, nous envoyions nos produits par boîte », a déclaré le responsable des ventes de métaux précieux Nick Bowkett, en pointant du doigt des pièces d’argent empilées pour expédition dans la salle de frappe de la Monnaie. « Désormais, nous les expédions par palette. »

Juste à côté se trouve le cœur d’activité de la Monnaie, la production de pièces commémoratives et de pièces de monnaie ayant cours légal pour une soixantaine de pays. On y produit à tour de bras de grandes quantités de pièces, notamment la nouvelle pièce d’une livre à 12 côtés, qui sortira en mars. Mais c’est la division métaux précieux qui prend vraiment de la vitesse.

Si à l’échelle mondiale la Royal Mint reste un petit poucet (ses ventes totales de 237 000 onces d’or de l’année dernière faisant bien pâle figure à côté des 1,2 million d’onces de Gold Eagle et Gold Buffalo vendues l’année dernière par la US Mint, des 534 000 onces de Philharmoniques en or vendues par la Monnaie autrichienne ou encore des 520 000 onces d’or vendues par la Perth Mint australienne), sa division métaux précieux a augmenté à la fois son chiffre d’affaires et ses profits de deux tiers l’année dernière.

Elle prévoit une croissance similaire cette année à travers le développement de ses activités dans ses marchés déjà clés américain et allemand, ainsi qu’ailleurs.

Environ 30 % de ses ventes de métaux précieux, surtout de pièces Britannia mais aussi de souverains ainsi que des lingotins et lingots allant de 1 g à 1 kilo, ont lieu via le site Web de la monnaie, tandis que les 70 % restants sont vendus à des grossistes.

Explosion du commerce de détail MP

Les investissements dans l’or des particuliers ont explosé durant les 15 dernières années. À près de 1 000 t l’année dernière, c’est 2,5 fois plus que les volumes de 2001.

Même si l’augmentation importante des investisseurs ayant revendu de l’or après la hausse des prix de l’année dernière a pesé sur la demande nette, les ventes d’or ont explosé en Europe après le vote du Brexit et les fluctuations en ayant découlé sur les marchés des changes.

Les ventes de la Royal Mint, société d’État, vers l’Allemagne ont plus que doublé l’année dernière en termes de volumes, tandis que les ventes domestiques ont progressé de plus d’un quart.

« L’effervescence autour du Brexit, ainsi que les incertitudes en ayant découlé, ont favorisé notre activité, surtout via notre plate-forme d’e-commerce. Le nombre de transactions post-Brexit a fortement augmenté par rapport aux volumes auxquels nous étions habitués, et cela se poursuit. »

Annuellement, l’or a connu depuis 2012 sa première hausse l’année dernière, grimpant de 10 % en dollars, tandis qu’en livre sterling le métal jaune a affiché une performance encore plus solide avec une hausse de 30 %.

Les remous observés sur les marchés actions ce mois, suite à l’investiture du président Trump ainsi que la dissipation de l’optimisme quant à ses politiques pour l’économie américaine, signifient que les investisseurs vont poursuivre leur recherche de la sécurité.

Le sondage mensuel de Reuters auprès d’un panel d’investisseurs professionnels de toute l’Europe, des États-Unis et du Japon a montré cette semaine que les investissements dans les marchés américains sont à leur plus haut depuis juin 2015, mais il suggère également que les marchés ont peut-être trop joué la carte de la relance.

Cette année, Howard anticipe des ventes encore soutenues aux États-Unis et en Allemagne. L’Asie, et ses deux plus gros marchés mondiaux des métaux précieux que sont la Chine et l’Inde, est pointée comme marché clé de croissance.

Mais cela ne sera pas nécessairement facile. La Monnaie britannique a réussi à contourner les restrictions d’importations de l’Inde grâce à son accord de licence avec le raffineur suisso-indien MMTC-PAMP, qui produit des souverains en son nom.

Howard admet que la Chine, qui a restreint les importations d’or l’année dernière, est un marché difficile à percer. « De mon expérience de 25 ans dans d’autres secteurs, le défi est toujours le même », déclare-t-il. « Tout le monde est conscient de la grande opportunité que représente la Chine, que c’est là où il faut être présent, mais comment y parvenir ? La problématique est la même pour les métaux précieux. »

Article de Reuters, publié le 1er février 2017

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