Du point de vue chinois, ils ont le dynamisme pour eux, alors que la vieille Europe est déclinante, et cela se matérialise à travers une croissance très faible, très en deçà de son potentiel théorique.

Bref, loin du politiquement correct ambiant, les Chinois sont parfaitement conscients, eux, des faiblesses que nous nous cachons à nous-mêmes.

Lorsque l’on ne se dit pas la vérité, alors on se ment. Quand on se ment, on n’est en aucun cas en mesure de régler les problèmes. Si l’on ne peut pas les régler, alors ils s’amplifient.

Si on les laisse s’amplifier, alors, tôt ou tard, cela finit par une catastrophe.

Nous y allons tout droit.

Charles SANNAT

FRANCFORT, 16 septembre (Xinhua) — Le bilan économique positif de l’Europe au cours de l’année passée semble indiquer que le Vieux continent est en train de se relever de la pire crise financière depuis des décennies. Cependant, malgré des signes encourageants de plus en plus visibles depuis le début de cette année, certains observateurs estiment que cette embellie est plus liée à une reprise cyclique qu’à une croissance forte, équilibrée et durable.

OÙ EST LA CROISSANCE DURABLE ?

L’économie européenne est entrée dans sa cinquième année de reprise pour tous les États membres de l’Union européenne (UE), selon les prévisions économiques du printemps 2017 établies par la Commission européenne, qui avait alors estimé que la reprise se poursuivrait à un rythme constant cette année et l’année prochaine.

Grâce à la croissance de la consommation privée et à l’expansion modérée du commerce extérieur, le produit intérieur brut (PIB) de l’UE devrait atteindre 1,9 % cette année, selon la Commission européenne.

Il ne fait aucun doute qu’après des années de crise, l’Europe est entrée avec succès dans une reprise cyclique à grande échelle, ce que confirment des statistiques encourageantes telles que la baisse du taux de chômage ou la hausse du taux d’inflation globale. Néanmoins, beaucoup estiment que le potentiel économique de l’Europe reste inférieur à son niveau d’avant la crise.

Après avoir combattu la crise financière pendant près de dix ans, l’UE n’a pas réussi à retrouver une vigueur économique crédible, déplore Maria Demertzis, directrice adjointe du groupe de réflexion européen Bruegel.

« S’il est vrai que l’Europe a récemment connu un regain de croissance, celle-ci reste toutefois faible et précaire », a-t-elle estimé dans un article publié récemment.

La croissance économique de l’Allemagne, la plus grande économie d’Europe, semble solide, mais reste peu fiable.

« La forte reprise cyclique cache l’érosion insidieuse de la croissance », a pour sa part estimé la Deutsche Bank dans un rapport de recherche publié le mois dernier. La banque prévoit que la croissance de l’Allemagne devrait réduire de moitié et tomber à seulement 0,75 % d’ici à 2025.

En Italie, où un tiers des jeunes sont au chômage, seulement 6 % des personnes interrogées se disent optimistes quant aux perspectives de croissance, selon un rapport.

POLITIQUE DE CANARD BOITEUX

La politique monétaire extrêmement souple de la Banque centrale européenne (BCE) a permis de préserver l’euro, d’empêcher l’effondrement de l’union monétaire unique et de combattre la récession et la déflation à long terme, conformément aux directives du président de la BCE, Mario Draghi, qui avait déclaré pendant l’été 2012 que tous les moyens seraient déployés pour ce faire.

Les mesures accommodantes, conventionnelles et non-conventionnelles de politique monétaire, qui proposaient notamment un taux d’intérêt zéro et des achats massifs d’actifs de plus de 2 000 milliards d’euros (2 400 milliards de dollars) jusqu’en août dernier, ont fonctionné dans la zone euro. Cependant, la reprise est devenue dépendante de l’argent fourni par l’Eurosystème, de sorte que la BCE n’est pas encore suffisamment confiante pour atténuer l’assouplissement quantitatif.

En effet, la politique monétaire ne peut pas relancer l’économie à elle seule, a souligné M. Draghi, qui a plaidé pour une accélération des politiques budgétaires et des réformes structurelles tant au niveau de l’UE qu’au niveau national.

Les investissements ont nettement moins contribué à la croissance en Europe face au désendettement et à la consolidation budgétaire.

Le taux de placement des entreprises dans la zone euro avoisine actuellement les 15 %, soit beaucoup plus bas que son niveau du début de l’année 2009, tandis que le taux de la dette publique de la zone euro est passé à 89,5 % au premier trimestre de 2017. Ainsi, de nombreux pays ont dû faire face à la lourde tâche de réduire le déficit et d’accroître les investissements en même temps.

« L’amélioration des perspectives à court terme est assombrie par d’importants risques baissiers, en particulier à moyen et à long terme, dans un contexte où les mesures politiques sont insuffisantes », selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur la politique de la zone euro qui a été publié en juillet dernier.

Le FMI a appelé les pays fortement endettés dotés d’une marge budgétaire relativement faible, tels que l’Italie, la France et le Portugal, à s’efforcer de réduire l’endettement.

La faiblesse des investissements et des réformes structurelles, qui constituent la clé pour résoudre les problèmes structurels, freinent chroniquement la croissance de la productivité en Europe.

« La compétitivité de l’Europe baisse depuis une vingtaine d’années », a relevé la Banque européenne d’investissement (BEI) dans un rapport.

« Cette tendance a affaibli la capacité des entreprises européennes à être compétitives sur le marché et à offrir des emplois gratifiants et un niveau de vie élevé », a-t-elle souligné dans son rapport.

DES PROBLEMES PROFONDEMENT ENRACINES

Selon certains observateurs, l’Europe n’est pas parvenue à améliorer sa reprise économique vers une croissance solide, durable et équilibrée en grande partie à cause d’un manque de détermination forte à remédier, par des politiques cohérentes, efficaces et coordonnées, aux problèmes de fond qui rongent l’Europe depuis longtemps.

Les systèmes électoraux européens sont faits de telle sorte que de nombreux hommes politiques s’intéressent plus à récolter des voix qu’à gouverner, ce qui peut retarder, voire entraver les réformes.

Bien que les élites européennes soient conscientes des problèmes fondamentaux de la société, elles ne sont pas déterminées à entreprendre des réformes douloureuses.

De ce fait, le marché n’a pas bien réagi lorsqu’il a été confronté à des problèmes.

Ainsi, l’écart croissant entre l’élite et la classe moyenne est considéré comme la racine d’une variété de problèmes en France, selon Luc Rouban, politologue au Centre de recherches politiques de Science Po (CEVIPOF).

Les groupes d’intérêt qui manipulent les appareils étatiques cherchent à protéger la stabilité du système politique, car ils ne veulent pas de grands changements à cet égard, ce qui complique encore plus les réformes, estime l’expert.

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