Huawei, la 3e plus grosse compagnie chinoise de fabrication de téléphones portables, vient de se faire interdire l’accès au marché américain.
Nous sommes ici en pleine guerre économique entre la Chine et les USA, à mi-chemin entre l’espionnage massif et les logiciels espions embarqués dans les systèmes d’exploitation par les services de renseignements chinois, et la guerre commerciale avec quelques onces de protectionnisme.
Ce qui est sûr c’est que les téléphones chinois ont été équipés de logiciels espions. Les téléphones américains aussi mais eux, ce sont des démocrates : ils ont le droit de le faire, parce qu’ils sont des gentils et que les “zautres”, ce sont des méchants.
Charles SANNAT
La compagnie chinoise Huawei, troisième plus grand vendeur mondial de smartphones, n’aura qu’un accès restreint au marché américain.
L’accord de partenariat avec le géant des communications AT&T était sur le point d’être signé : les Américains avaient accepté de vendre les téléphones fabriqués en Chine via leurs réseaux, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Mais au dernier moment, AT&T a renoncé à l’accord. Washington accuse en effet les propriétaires de la société chinoise de liens avec le gouvernement et les renseignements de leur pays. Pékin prépare une réponse aux restrictions américaines.
En 2012, un rapport destiné au Congrès américain exprimait des inquiétudes vis-à-vis du fait que les appareils produits par Huawei puissent être utilisés à des fins d’espionnage. Huawei avait balayé les accusations d’espionnage en déclarant que le rapport remis au Congrès était politiquement motivé. Après l’abandon du contrat par le partenaire américain, la compagnie chinoise a informé la chaîne CNBS qu’elle présenterait tout de même ses produits sur le marché américain. Il est avant tout question du fleuron de la marque : le Mate 10 Pro, concurrent d’Apple et de Samsung.
La rupture de l’accord pourrait constituer un coup dur pour le groupe chinois. La consommation, incluant les smartphones, représente près de 35 % de toutes les recettes de Huawei. La Chine est le plus grand marché avec près de la moitié de toutes les ventes, suivie de l’Europe, du Moyen-Orient, de l’Afrique et d’autres pays d’Asie. L’Amérique – USA y compris – représente 8,5 % des ventes.
Huawei est la seconde compagnie chinoise à essuyer un échec aux USA cette semaine : le comité américain des investissements étrangers vient également de rejeter la tentative d’AntFinancial, une société chinoise pour le transfert d’argent, d’absorber la compagnie américaine MoneyGram. AntFinancial est affiliée à Alibaba qui mène également des affaires en Russie.
Les observateurs de Hong Kong considèrent la rupture de ces deux accords comme une preuve de la tension croissante dans les relations entre les USA et la Chine dans le domaine du commerce et des investissements. Le spectre d’une guerre commerciale vient de nouveau planer sur les relations entre les deux pays. Les analystes, se référant aux sources du gouvernement chinois, disent que Pékin pourrait riposter aux USA en réduisant ses acquisitions d’obligations du Trésor américain.
Vladimir Portiakov, directeur adjoint de l’Institut d’Extrême-Orient affilié à l’Académie des sciences de Russie, pense qu’« il n’y aura pas de réponse sérieuse de la part des Chinois ». Mais selon lui, il est évident que l’abandon des accords avec les entreprises chinoises est un élément de renforcement de la pression de l’administration du président américain Donald Trump sur la Chine : « Washington veut reconquérir le marché américain pour les compagnies américaines et ne veut pas laisser les Chinois y entrer. »
« Concrètement, les Chinois pourraient trouver une réponse. Mais cela n’aurait pas de sérieuses conséquences. Après tout, l’Amérique est le plus grand partenaire de la Chine », conclut l’expert.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.