Mes chères impertinentes, chers impertinents,

C’est un gros trou d’air que viennent de passer les marchés lors de la séance d’hier, avec une baisse de 2 % du CAC 40, et un retrait plus mesuré pour les indices américains, mais tout de même, nous ne sommes plus habitués à des baisses tant les marchés montent depuis une grosse année avec des performances ébouriffantes.

Alors que s’est-il passé ?

Personne ne le sait exactement en réalité.

Il y a bien les inquiétudes liés au variant Delta que les marchés n’ont pas pris en compte puisque les bourses du monde entier prennent en compte une fin de crise sanitaire grâce à la vaccination. C’est ce qu’ils valorisent depuis un an et l’annonce des vaccins qui “marchent”.

Il y a aussi l’annonce par les Japonais que les JO se tiendront sans spectateurs et dans des stades qui seront vides.

Enfin, il y a aussi cette histoire de “minutes” de la FED. Les minutes, ce sont les “notes”, prises lors d’une réunion, et la FED, c’est la banque centrale américaine. Voici le titre de cet article du magazine Capital. Source ici.

Les dirigeants de la Fed surpris par la flambée de l’inflation américaine

“Face aux nouveaux chiffres anormalement élevés de l’inflation, la Réserve fédérale américaine a révélé son étonnement. Mais ce cas de figure révèle plusieurs inconnues. Les membres du Comité monétaire et financier de la Banque centrale américaine ont été surpris par la vitesse et l’ampleur de la poussée de l’inflation liée à la réouverture de l’économie américaine, mais ils sont en désaccord sur la durée probable du pic inflationniste. Dans le compte-rendu de leur dernière réunion des 15 et 16 juin – les fameuses “Minutes” -, la Réserve fédérale (Fed) souligne que “les participants ont constaté que la hausse réelle de l’inflation était plus importante que prévu, à 3,6 % en avril, selon l’indice PCE”.

Ils attribuent cette “accélération surprise” à l’augmentation des contraintes d’approvisionnement plus fortes qu’anticipé en avril et à une hausse de la demande des consommateurs plus importante. Mais les membres ne sont pas d’accord sur la durée probable du pic, “plusieurs” membres s’attendant à des limitations de la chaîne d’approvisionnement et des pénuries jusqu’à l’année prochaine, tandis que d’autres ont noté que l’inflation moyenne était globalement stable, inférieure à 2 %, le taux idéal ciblé par la Fed.

Il n’y a que la FED, la BCE et tous les “nexperts” qui sont surpris, car, de vous à moi, cela fait bien longtemps que je vous annonce cette poussée inflationniste qui était prévisible dès le départ de la crise sanitaire ne serait-ce qu’en raison de la dégradation de la productivité liée aux perturbations.

A cela s’ajoutent des pénuries. Les pénuries se règlent toujours en partie seulement, par une hausse des prix. Quand il n’y en a pas assez pour tout le monde, celui qui en veut n’a qu’à payer. C’est un phénomène que l’on appelle “l’ajustement par les prix”.

La petite phrase qui semble mettre le feu aux poudre est donc celle-ci.

“Cette incertitude pèse aussi sur la politique de rachat d’actifs. “Plusieurs participants ont mentionné qu’ils s’attendaient à ce que les conditions pour commencer à réduire le rythme des achats d’actifs soient réunies un peu plus tôt que ce qui était prévu lors des réunions précédentes, à la lumière des dernières données économiques”, mais “certains” souhaitent attendre plus d’indicateurs “au cours des prochains mois avant d’arriver à une conclusion”.

Alors que retenir de ces minutes ?

Que la FED est en train d’habituer progressivement les esprits à une inflation plus forte mais que l’on ne sait pas si elle sera vraiment durable alors on va se hater lentement pour la combattre.

Bref, les marchés s’inquiètent sans doute à tort sur cette histoire d’inflation, car de vous à moi, nous avons tellement de dettes que si la FED augmente les taux à 3 %, c’est tout le système financier qui saute.

Non, moi, je m’inquièterais nettement plus des pénuries qui bloquent les usines et la reprise économique, car si les pénuries durent et s’installent, ce sera un frein majeur à la croissance économique, et je peux vous dire que les marchés, n’ont pas du tout, mais alors pas du tout pris en compte un scénario qui sans être noir serait gris car ils “pricent” uniquement la reprise et la fin de la crise sanitaire. Or, nous avons non seulement de nouveaux variants, une crise qui ne veut pas se terminer, et des pénuries qui handicapent lourdement l’industrie et plusieurs secteurs économiques.

Dans un monde normal les marchés trembleraient à moins, mais ils ne s’en rendront compte que quand ils ne pourront plus faire leurs courses !

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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