C’est un article d’Atlantico qui vaut son pesant d’or parce qu’il est intitulé :
“Un trésor caché de 3 500 milliards d’euros en épargne qui empoisonne les banques, les assureurs et fait saliver les politiques.”
Le sujet ?
L’épargne financière des Français, qui dépasse les 3 500 milliards d’euros soit largement plus d’une année entière de PIB ce qui évidemment fait saliver nos hommes politiques, d’autant plus que rien que ce montant est largement suffisant pour rembourser nos dettes supérieurs à 100 % du PIB.
D’ailleurs l’auteur Jean-Marc Sylvestre note que “La légère remontée de la consommation au lendemain du confinement n’a guère entamé cette montagne d’argent accumulée par les Français. Cela représente une richesse colossale, mais comme cet argent est stocké et ne fait rien, il est devenu un véritable boulet. Les épargnants se croient rassurés, mais ils se privent des moyens qui seraient capables de résoudre la majorité des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Cet argent est un boulet alors que les Français croient que c’est une aubaine. Quelle erreur” !
Tout d’abord il convient de rappeler à Jean-Marc Sylvestre, à toutes fins utiles, que je suis assez grand pour savoir ce que je compte faire de mes noisettes mises de côté sans avoir besoin qu’un mamamouchi quelconque pense pouvoir s’arroger le droit de me dire comment je devrais être obligé de dépenser ces sous.
Pour la petite histoire, j’ai trois enfants et potentiellement 3 fois des études supérieures à financer… de quoi inciter à mettre de côté. Puis après viendra la retraite et la peur des chutes de revenus ou encore de la dépendance, là aussi, il y aura de quoi inciter à l’épargne.
L’épargne n’est pas une mauvaise chose.
Jean Marc Sylvestre se trompe, à mon sens, totalement dans son analyse. Le problème n’est pas l’épargne des Français. Le problème c’est que nous avons détruit les grands équilibres économiques et les grandes lois vertueuses ou l’épargne des uns financent les crédits et les emprunts des autres ; le tout s’équilibrant par le taux d’intérêt en fonction de l’offre et de la demande d’argent.
Le problème c’est que si l’épargne ne rapporte plus rien et que l’on ne peut plus rien faire de nos sous, c’est parce que les banques centrales prêtent de l’argent à des taux négatifs ce qui est tout simplement du jamais vu dans l’histoire économique du monde. Et il ne faut pas être grand économiste pour comprendre que si la banque centrale du coin prête à – quelque chose, mes sous qui devraient rapporter + quelques noisettes personne évidemment n’en veut.
L’épargne ne sert donc plus à rien économiquement. Certes. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour justifier sa rapine.
Quand on s’aventure dans les chiffres de la Banque de France qui, chaque jour, compte l’argent des Français, on hallucine. Jamais il n’y a eu en France autant d’argent disponible et liquide sur les comptes courants des banques, des comptes sur livrets et les assurances-vie (fonds euros). Ce qu’on y découvre est à peine croyable : plus de 3 500 milliards d’euros en liquide et disponibles immédiatement qui pourraient être utilisés. Un seul clic de souris suffirait. Cette fortune plombe l’équilibre des banques et des assureurs, et fait saliver les politiques qui commencent à déborder d’imagination pour capter une partie de ce pactole.
Et Jean Marc Sylvestre de préciser qu’au total, “3 582 milliards d’euros à fin août, se répartissant entre les produits les plus simples qui sont :
Cette montagne d’épargne est une montagne de précaution, les Français ont appliqué à leur comportement le sacro-saint principe de précaution.
La conséquence de ce phénomène, c’est qu’il va retarder le processus de reprise de l’économie. Le chef d’entreprise doit faire des projets, décider d’investir, innover, il doit créer de la richesse, de la croissance et de l’emploi. Il a, a priori, tous les moyens ou presque de le faire. Tout sauf les clients. Le client consommateur reste actuellement assis sur son tas de liquidités.
Le comble dans cette configuration est que cette épargne ne sert à rien sauf à rassurer l’épargnant. Elle n’est ni consommée, ni investie. Cette épargne gérée par des banques et les sociétés d’assurances.
La situation est tellement tendue dans les établissements financiers que beaucoup cherchent les moyens d’appliquer des taux négatifs à cette épargne de précaution. Ça s’appellera frais de gestion ou droits de garde. Mais le jour n’est pas loin où l’épargnant devra payer pour que son argent soit conservé en toute sécurité à l’abri des risques”.
Oui l’épargne ne sert plus à rien car effectivement la machine économique a été détruite.
L’essentiel de nos concitoyens n’a pas encore mesuré à quel point cela est dangereux pour leur avenir et pour leur épargne, personne ne réalise les changements profonds qu’impliquent les taux d’intérêts 0 ou profondément négatifs. Avis à mes fidèles stratégistes, c’est le moment de relire les deux dossiers ci-dessous pour les remettre en perspective à la lecture des événements actuels.
Charles SANNAT
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Source Atlantico ici