Mes chères impertinentes, chers impertinents,

La situation démocratique et politique de notre pays est désastreuse.

Elle est la conséquence d’une mauvaise élection, d’une mauvaise politique, d’un mauvais maintien de l’ordre.

Cela provoque de la souffrance, la souffrance produit de la désespérance, et la désespérance conduit inévitablement à la violence, car lorsque les mots ne suffisent plus, lorsqu’ils ne sont pas entendus, lorsqu’ils sont méprisés, moqués, ou pire, criminalisés, le couvercle pudique déposé par la force sur nos maux finira pas exploser.

C’est inévitable. Surtout dans un pays aussi éruptif que le nôtre.

Ne revenons pas sur l’élection du président Macron qui est évidemment vécue par une majorité de Français comme un vol et un hold-up démocratique.

Ne revenons pas sur les réformes. Elles sont vécues comme une humiliation, le dépeçage de ce qui architecturait notre pays et nous permettait de faire nation ensemble. Elles sont vécues comme autant de régressions, et comme la vente de notre pays et de ses bijoux de familles aux plus offrants. Décorer le patron (français) de BlackRock n’est pas d’ailleurs pour apaiser les craintes ni les peurs.

Un président coursé, des ministres menacés !

Que voit-on dans notre pays désormais ? Un président de la république coursé dès qu’il sort de son Palais, en visite au Puy, ou encore au théâtre, il n’est jamais certain de ne pas se retrouver pris à parti. Lorsque le président est honni par son peuple il faut se poser la question dans une démocratie de son maintien au pouvoir.

Mais ce n’est pas tout.

Partout lorsque les députés LREM veulent prendre la parole, c’est la bronca. J’en été le témoin direct m’étant récemment rendu à une réunion publique de ma députée. Peu importe que l’on soit pour ou contre, la réalité c’est que les députés LREM se cachent dans de trop nombreuses circonscriptions de notre pays tant ce qu’ils représentent est détesté par la population.

Lorsque les députés sont honnis par leur peuple il faut se poser la question dans une démocratie de la dissolution.

Mais ce n’est pas tout.

Comme le rapporte Le Parisien, “Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont reçu de nouvelles menaces de mort
«Tu convaincs […] Macron que cela suffit, qu’il retire sa réforme (des retraites), sinon on massacre», est-il écrit dans un courrier accompagné de deux balles de revolver. Le parquet de Paris a ouvert une enquête”.

Lorsque les ministres sont honnis par leur peuple au point d’être menacés de mort de la sorte, il faut se poser la question dans une démocratie de la démission du gouvernement.

Dans une démocratie, on peut gouverner contre le peuple, mais il faut se l’interdire !

En déplacement en Israël, le président Macron a voulu faire un nouveau coup de communication en faisant un très mauvais plagiat du Chirac de 1996. Non seulement ce n’est pas crédible, mais c’est une erreur fondamentale sur toute la ligne qui montre qu’au Palais, on ne comprend rien.

Chirac, en 1995 n’a pas reculé face aux grèves. Il a pris acte du fait qu’un pouvoir politique peut gouverner contre sa population mais doit s’interdire dans une démocratie de le faire. Il a donc retiré le projet de réforme et renvoyé pays aux urnes dans le cadre d’une dissolution de l’assemblée nationale. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à cohabiter avec Jospin.

J’étais jeune à l’époque, et j’étais sûr que si Chirac et Juppé avaient ignoré la rue, fait comme Macron aujourd’hui, pas payé les grévistes pendant 2 mois, la réforme serait passée… certes. Techniquement. Oui. On peut gouverner contre son peuple mais on doit se l’interdire.

Franchir ce cap, c’est assumer une dérive autoritaire, c’est affirmer détenir la vérité et l’imposer à ceux qui ne la partage pas, c’est finir par utiliser la police comme milice, et confondre maintien de l’ordre et maintien au pouvoir, c’est glisser vers la dictature fut-elle plus ou moins douce.

Le problème, c’est que ce glissement terrible, provoque de la souffrance, la souffrance produit de la désespérance, et la désespérance conduit inévitablement à la violence.

La violence n’est jamais souhaitable, car l’histoire nous a largement montré que les plus fragiles en sont évidemment les premières victimes, mais elle est parfois inévitable, inéluctable, et c’est à ce point de rupture terrible que nous conduit cette volonté de conserver à tout prix le pouvoir.

On ne dirige pas contre son peuple, mais pour lui, et avec lui, même si l’on pense que le peuple se trompe, il faut alors savoir convaincre, et accepter que si l’on arrive pas à convaincre, alors il faut savoir ne pas faire et faire preuve de tempérance.

Vive la France, la tempérance, la sagesse et la modération.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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