Les plantes cyborg débarquent ! Je l’avais un peu oubliée celle-là. Elle s’appelle Elowan et il y a pas mal à dire sur elle. Elle, c’est, comment dire, une « plante robot ». Puisque nous manipulons déjà la génétique des plantes, pourquoi ne pas leur appliquer le principe du transhumanisme ? Évidemment, cette idée d’homme augmenté alimente les fantasmes des êtres les plus névrosés qui espèrent sans doute ainsi être meilleurs que les autres et ne jamais mourir. Superman tu peux aller te rhabiller, tu es largué pauvre chéri, tu peux retourner sur Krypton, deuxième à gauche en sortant.
Si cette plante robot a beaucoup moins fait parler d’elle, c’est parce que le sujet est forcément moins polémique que s’il s’agit d’êtres humains. Personne ne veut (enfin si, certains bien sûr) d’un humain génétiquement modifié (avec cinq bras et trois têtes, ce serait rigolo non ?) alors qu’un maïs transgénique « passe » comme une lettre à la poste ou presque. Ah, c’est vrai, les franchouillards, toujours frileux, ont dit non à ces pratiques. Dans le cas des plantes, le sujet récurrent est celui de la sécurité alimentaire. Meilleurs rendements, moins de pesticides, la liste développée par les labos qui les vendent est longue comme le bras. Tout cela évidemment sans se préoccuper de la santé alimentaire (ça y est, j’ai un bras qui pousse dans le dos) ou de la sécurité environnementale, sans même évoquer la notion de « propriété » des plants et semences.
Ben oui, vous savez, le truc qui « em—– » tout le monde, comment c’est déjà, ah oui, le « principe de précaution ». Avec ce truc, on ne fait plus rien. Plus de sang contaminé, tout ça, bref une sacrée épine dans le pied. Cela n’empêche pas la recherche et ceux (les chercheurs) du fameux MIT se sont encore bien amusés. Ils ont créé cette fameuse plante robot, on appelle ça « la botanique cyborg », cool non ? C’est quoi le principe ? C’est une plante (jusque-là tout va bien) équipée de capteurs électrochimiques qui lui permettent d’être « indépendante » et de se déplacer seule ! Non elle ne quitte pas son pot, mais elle le commande pour se déplacer vers la source de lumière. Avec quelques électrodes, le tour est joué ! L’objectif étant d’améliorer la capacité de survie des plantes. C’est certain qu’avec tout ce qu’on leur balance…
Bon, je ne vous conseillerais pas d’avaler une salade pareillement équipée parce qu’en plus d’un bras tout neuf dans le dos, vous risquez d’avoir quelques autres misères. En revanche pour votre pauvre Yucca déplumé, ça peut l’aider. La robotique agricole est sans aucun doute un vrai progrès puisque l’automatisation de tâches récurrentes peut infiniment servir l’agriculture biologique ou en tout cas réduire très drastiquement les traitements. La manipulation génétique, ou ce genre de transformation, me semble tout aussi douteuse que celui du transhumanisme. Investissons ailleurs, investissez ailleurs, il y a largement de quoi faire !
Il n’est pas trop tard… Mais presque !
Sylvain DEVAUX
Rédacteur en chef
« L’homme a la possibilité non seulement de penser, mais encore de savoir qu’il pense ! C’est ce qui le distinguera toujours du robot le plus perfectionné. »
Jean Delumeau
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