Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Haaaaalalalala… Mais non voyons, vous n’avez pas le droit de dire que les statistiques sont fausses. Sinon vous êtes un vilain méchant complotiste qui voit le mal partout, alors que nous, ici, on est les gentils. Les “zautres” c’est les méchants, surtout les Russes. Très méchants les Russes. Al-Qaïda aussi très méchant… et puis Daech encore plus méchant. Vous tremblez de peur.

Par contre, Américains trèèèèès gentils, Américains même les plus gentils. Et Barack Obama chef du camp des gentils, axe du bien, prix Nobel de la paix machin toussa, alors pensez donc, forcément les statistiques des gentils du camp du bien ne peuvent qu’être justes, et si vous dites le contraire vous êtes un traître du camp du mal. CQFD.

Voilà, le problème c’est qu’à force de raconter n’importe quoi, on finit par faire des bêtises et cela peut même se voir.

Ce n’est pas à proprement parler de la “triche” ou des “fausses” statistiques, non, c’est un savant mélange de mensonges, d’habillages et de déformation de la réalité pour inventer une belle fiction qu’il est interdit ou presque de pointer du doigt.

Il n’y a d’ailleurs là aucun complot non plus puisqu’un complot est, par nature, caché alors qu’ici la triche a lieu au grand jour. C’est juste que personne ne relève les contradictions et que tout le monde se contente de relayer les communiqués victorieux du bureau de la propagande.

Je vous livre ici la traduction d’un article américain dévoilant quelques considérations sur la différence du simple au double entre le déficit et l’augmentation de la dette américaine.

Basiquement, si vous avez un déficit de 100, votre dette augmente de 100, et inversement : si votre dette augmente de 100, c’est que votre déficit a augmenté de 100 ou que les taux d’intérêt ont augmenté plus vite que votre capacité à vous désendetter.

Si votre dette augmente plus vite que votre déficit et que les taux n’ont pas augmenté… il y a comme qui dirait un énorme problème de comptabilisation parce que c’est tout simplement impossible.

Enfin, impossible dans un monde normal, où les choses seraient normales et l’économie également normale. Je n’ose pas parler d’un président qui serait normal aussi de peur de prendre des volées de tomates pourries.

Sauf que nous ne sommes plus dans un monde normal et que cela devrait suffire à vous faire frémir !

Article de Mike Shedlock, publié le 17 octobre 2016 sur son blog MishTalks.com (traduction condensée) :

« Le déficit américain a augmenté de 590 milliards de dollars (durant l’année fiscale précédente), donc on pourrait croire que la dette américaine a augmenté du même montant, ou du moins d’une somme similaire. Pourtant, la dette américaine a augmenté de 1,2 trillion de dollars. Que se passe-t-il ?

Pour faire bref, on parlera de mensonges sur le déficit. Pour être plus précis, on citera de nombreux postes hors budget comme « la sécurité sociale ne compte pas dans le déficit », mais qui pourtant creuse bel et bien la dette.

Lacy Hunt a couvert ce sujet en détail dans la revue trimestrielle 2016 de Hoisington Management :

« De 1956 jusqu’au milieu des années 80, les évolutions de la dette fédérale brute étaient toujours très proches du déficit (graphe 1). Cependant, durant les 30 dernières années, le montant de la dette a excédé le déficit à 27 reprises, ce qui a permis de cacher à quel point la situation fiscale fédérale se détériorait. L’énorme différence entre le déficit et la dette de 2016 illustre la nature complexe de la comptabilité gouvernementale. »

Pour mieux comprendre cet écart, j’ai examiné une analyse récente du déficit du budget fédéral de Louis Crandall de Wrightson ICAP.

L’augmentation de la dette est supérieure à 1,2 trillion de dollars tandis que le déficit enregistré est de 524 milliards, ce qui correspond à une différence d’environ 700 milliards. Cet écart peut être expliqué ainsi :

– 109 milliards de dollars s’expliquent par une modification de la balance du Trésor, une variable bien connue ;

– 270 milliards découlent de l’utilisation de diverses astuces comptables durant l’année fiscale 2015 afin de réduire artificiellement le montant de la dette pour ainsi postposer l’arrivée du plafond de la dette. Ces 270 milliards ne sont donc que la prise en compte de ces transactions, qui ont artificiellement fait baisser la dette en 2015 et qui sont désormais comptabilisées ;

– 93 milliards ont été empruntés par le Trésor pour accorder des crédits étudiants, ce qui est intéressant car les crédits étudiants étant considérés comme des investissements, ils ne sont pas inclus dans le calcul du déficit. Pourtant, cet argent a bel et bien été emprunté et la dette augmente (note : et les impayés sur les crédits étudiants ne cessent de monter alors que le recouvrement est plus que laxiste, pour ne pas dire inexistant) ;

– dans la même veine, 70 milliards ont été empruntés par le Trésor pour augmenter les dépenses sur les autoroutes et les systèmes de transit de masse. Ils n’ont pas été inclus dans le déficit même s’ils ont fait augmenter la dette ;

– 75 milliards ont été empruntés pour la sécurité sociale afin de combler le trou entre les contributions et les dépenses de la sécurité sociale, de Medicare et d’Obamacare. Ce qui ne devrait qu’empirer au fil du temps ;

– Et pour conclure, les 82 milliards restants sont composés de dépenses variées et non identifiables.

Déficit et croissance : la théorie et la pratique

Historiquement, la théorie économique affirme que les dépenses publiques dopent la croissance économique par un effet multiplicateur. De ce fait, les dépenses à crédit ont toujours été considérées comme étant positives pour la croissance économique. Si la croissance dure suffisamment longtemps pour créer de l’inflation, les rendements obligataires doivent augmenter selon l’équation d’Irning Fisher.

La recherche académique a cependant démontré que les déficits publics ont un effet multiplicateur qui est en fait négatif, ce qui signifie qu’un dollar de dépense ralentit l’activité économique. L’explication rationnelle derrière ce fait est que le gouvernement doit trouver l’argent, que ce soit via la fiscalité ou le crédit. Ce dollar dépensé est donc retiré au privé.

Une croissance en perte de vitesse

D’un point de vue fiscal et keynésien, on aurait dû connaître en 2016 une accélération de la croissance économique. Aucune crise n’a impacté le budget 2016. Aucun accord majorité/opposition n’a débouché sur l’augmentation du budget militaire ou de dépenses civiles. Cela confirme à nouveau l’existence de ce multiplicateur négatif des dépenses publiques.

Malheureusement, l’horizon économique 2017 présente le risque de voir la dette et les déficits augmenter de concert. Le résultat inéluctable sera une croissance économique plus faible et des taux en baisse, sur base de ce que nous avons connu en 2016.

« Stimulations fiscales » : entre la théorie et la réalité

Ce qui se passe dans les faits, lorsque l’État augmente ses dépenses, est exactement l’opposé de ce que Paul Krugman, Larry Summers et toutes les banques centrales croient. »

Voilà… fin de l’article !

Ces bidouilles ne concernent pas du tout que nos amis les Américains !

Nous faisons exactement la même chose. Nous avons du “hors bilan”, nous avons des engagements non comptabilisés dans la dette, nous avons des petits arrangements entre amis pour ne pas compter ce qui peut être de l’investissement ou de la dépense… contre le terrorisme ! Ben oui, lutter contre le terrorisme c’est hors dette même si vous avez la dette en plus qu’il faudra bien payer, mais on n’a qu’à dire que c’est de la dette qui ne compte pas vraiment hein…

Voilà où nous en sommes dans cette fin de cycle économique, social et aussi politique.

Nous allons connaître sous peu d’immenses chamboulements, et il ne faut pas se leurrer : les rêves, les chimères et les idéologies de tout poil finissent toujours par se fracasser sur le mur de la réalité.

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Charles SANNAT

“Insolentiae” signifie “impertinence” en latin
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 « À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)

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