Toujours plus loin pour le Japon dans la création monétaire, les taux zéro pour les 10 prochaines années, et toutes les politiques de rachat.
Encore une fois, regardez bien le Japon, un peu plus avancé que nous sur le vieillissement de la population et qui n’a pas fait le choix de l’immigration mais de la robotisation à outrance de son économie et de ses emplois. Le Japon nous montre la direction que prend l’économie d’un pays dont la population se réduit chaque jour.
Il n’y a plus de liquidités sur le marché. Les retraités sortent de leur épargne pour financer leur dépendance et les jeunes ne sont pas assez nombreux pour faire la contrepartie.
Bref, c’est une déflation séculaire assez simple à comprendre.
Charles SANNAT
En fixant un objectif de taux et en donnant plus de souplesse à son objectif d’inflation, la Banque du Japon tente de reprendre le contrôle de sa politique. Un pari qui n’est pas gagné.
Longtemps, la Banque du Japon (BoJ) avait la primauté des innovations dans le monde des grandes banques centrales. Elle avait, ces derniers temps, un peu perdu la main. Mais ce mercredi 21 septembre, elle a clairement lancé une nouvelle époque dans l’histoire, courte mais déjà riche, des politiques monétaires non conventionnelles en instaurant une mesure inédite : l’objectif maximal de taux à dix ans. Pour le Japon, cet objectif est fixé à zéro.
Avancer d’une case
Avec ce mouvement, c’est la nature de la politique monétaire qui change. Jusqu’ici, la BoJ, comme en zone euro la BCE, par exemple, fixait un objectif quantitatif de rachats de titres. Ces rachats devaient ensuite agir sur les taux et permettre de stimuler la demande pour relancer l’inflation. La banque centrale devait alors compter sur les opérateurs de marché pour faire l’essentiel du travail. Avec ce nouvel objectif, la banque centrale avance d’une case : elle continue à racheter des titres, mais elle se fixe de plus un objectif de taux. Autrement dit, les rachats doivent permettre de maintenir un certain taux d’intérêt, non plus d’inciter les marchés à aller vers un taux désiré. Il s’agit donc d’encadrer davantage les marchés financiers afin de garantir à l’État, mais aussi aux investisseurs des taux à long terme très bas pour les inciter à prendre des risques et à investir.
Un outil plus flexible
Ce nouvel objectif traduit donc un tournant plus « autoritaire » de la politique des banques centrales. C’est aussi un outil qui offre à la BoJ davantage de flexibilité, y compris pour préparer un désengagement progressif le cas échéant (qui, évidemment, n’est pas d’actualité). Dans la politique de rachats de titres sans objectif de taux, la banque centrale doit afficher des volumes de rachats. Toute déviation, tout changement de ces rachats est perçu par les marchés comme un resserrement ou un accommodement monétaire. Cette fois, en théorie, les rachats ne sont qu’un outil au service d’un objectif de taux. L’intervention de la banque centrale peut, en théorie, se ralentir si l’objectif de taux longs fixé est atteignable à moindre frais. Elle peut, en tout cas, moduler ses rachats. Avec cet objectif de taux, la Banque du Japon tente de reprendre la main sur un marché qui, dans la logique précédente, était tenté de lui dicter sa loi.