Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Je consacre une grande partie de mon « temps libre » ces derniers mois à travailler autour de la notion d’employabilité. Ce n’est pas un hasard. C’est la réponse concrète à un besoin majeur qui va aller en se développant, hélas, toutes ces prochaines années, à savoir celui de se préparer à faire un marché du travail complexe, violent et dégradé.

Ce sont tous les repères traditionnels du peuple français et nos « habitudes », fussent-elles bonnes ou mauvaises, qui sont en train de disparaître ou de changer.

La France ce n’est pas uniquement de jeunes « geeks » de moins de 20 ans. C’est tout un ensemble de vieux comme moi de 43 ans, ou d’encore plus vieux. N’y voyez évidemment rien de péjoratif. Ces vieux, dont je fais partie, ont appris à écrire avec des stylos, à taper avec des machines à écrire et à téléphoner avec des cadrans qu’il fallait « tourner »… Nous sommes d’un autre temps. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Nous sommes du temps des francs, des frontières de Giscard et de Mitterrand.

Beaucoup sont du temps de la SNCF et de ses cheminots, ou encore de la sécurité de l’emploi et du plein emploi, bien que ce dernier ait, disons-le, disparu depuis longtemps mais finalement progressivement.

Imaginez un seul instant la réalité du titre de cet édito même quand Chirac était Président ? Impossible ! Imaginez un plan de départs volontaires pour les fonctionnaires sans que cela ne bloque le pays et ne jette les foules sur le pavé parisien !

Pourtant, nous y sommes !

« Le gouvernement français a proposé jeudi de lancer un plan de départs volontaires pour les fonctionnaires qui souhaiteraient partir en raison des réformes qu’il compte engager, Edouard Philippe disant assumer de pouvoir heurter des “sensibilités”.

Le Premier ministre a également annoncé que la rémunération au mérite des fonctionnaires et le recours aux contractuels seraient nettement développés dans les prochaines années.

Gérald Darmanin a dit possible d’imaginer avec les agents publics un plan de départs volontaires pour ceux qui souhaiteraient partir en conséquence de la réforme de l’État”, dans le cadre de discussions, jusqu’à fin 2018, avec les syndicats de fonctionnaires.

“Il ne s’agit pas d’un plan de départs volontaires pour tout le monde, bien évidemment. Il s’agit d’adapter le fonctionnement de nos services publics”, a-t-il ajouté

“Nous sommes déterminés à avancer, déterminés à dialoguer, déterminés à transformer la façon dont on produit les services publics dans notre pays”, a dit Edouard Philippe aux journalistes.

“Nous n’avons aucun doute sur le fait que (…) nous puissions heurter la sensibilité ou des équilibres auxquels certains se sont habitués”, a-t-il ajouté. “On ne répare pas un pays, on ne vise pas haut sans avoir conscience qu’il faut parfois bousculer et modifier ces équilibres”. »

Nous allons heurter la sensibilité ou les équilibres… et c’est comme ça !

Si je termine tous mes éditos par la formule « il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous », ce n’est pas un hasard. Cette formule est le résumé de ce que nous devons individuellement faire pour être le plus robuste et le plus solide face aux changements qui s’imposent à nous. Certains diront qu’on nous les impose. Certes.

Aujourd’hui, je ne veux pas débattre politiquement. Il y a deux volets. La lutte collective et les comportements et stratégies individuelles.

Ceux qui veulent porter le combat dans une énième manif et marcher entre République et Bastille peuvent y aller. Il ne faut pas attendre d’une manifestation, grand moment d’exutoire collectif, les conséquences d’une révolution dont on sait toujours où elle commence et aussi, contrairement à ce que dit l’adage, où elle finit, c’est-à-dire dans un bain de sang.

Les Français ne semblant pas partisans ni favorables à une révolution violente, il y a objectivement peu à attendre de la résistance des corps constitués sur le front politique.

Il ne vous reste donc plus que la préparation et l’adaptation individuelle aux nouvelles réalités que l’on nous impose. Il n’y a pas ni bien ni mal, mais un contexte qui s’impose à vous. Qu’allez-vous faire ? Comment vous y préparer ? Comment faire face ?

Il n’y aura plus de « sécurité de l’emploi », et vous allez devoir gérer votre employabilité.

L’effort et le courage, comme la souffrance ou la douleur, sont des émotions et des réalités individuelles. Les résultats de votre travail seront de plus en plus individualisés, et vous pourrez de moins en moins vous « cacher » derrière les augmentations « générales » du point d’indice ! Même pour les fonctionnaires ce sera la rémunération au mérite donc l’individualisation de la rémunération. Cette individualisation est assez logique en termes philosophiques, et la phrase « à travail égal salaire égal » est une ineptie dans le monde réel.

Entre Pierre, Paul, et Jacques, à travail égal… il n’y a jamais le même travail ! Pourquoi ?  Parce que Pierre, Paul et Jacques sont 3 personnes différentes, avec 3 vies et contextes différents. Pierre peut avoir un enfant en bas âge alors que Paul est un jeune célibataire et très ambitieux. Jacques, lui, le « vieux », travaille peu mais bien… Ils sont tous les 3 commerciaux, leur rémunération va de 1 à 4 !!! Travail « égal » en façade, mais résultat bien différent matérialisé par des commissions très variées.

On ne vous le dit que progressivement, mais c’est tout cela qui change, toutes ces habitudes qui volent en éclat, et tout l’égalitarisme à la française qui, sous vos yeux, va se faire trucider.

Pour la tranquillité d’esprit des masses, on remplace progressivement l’égalitarisme économique (travail égal salaire égal, augmentation collective, sécurité de l’emploi, etc.) par un égalitarisme social et sociétal « une femme = un homme » en montant ce type de sujet à un niveau d’intensité de combat hallucinant. Non pas qu’une femme vaille un homme, c’est une évidence, et dans bien des cas, elle vaut bien plus, mais parce que l’on pousse l’égalitarisme sociétal pour vous faire oublier que l’on vous supprime l’égalitarisme économique.

Que toutes les femmes du monde et de France se rassurent, elles seront exploitées équitablement et de la même façon que les hommes. Ni plus ni moins. Ce sera moins pour « toutes et tous » !!!

Il ne vous reste plus que la mise en place et le développement de vos stratégies d’adaptation personnelles. C’est le sens du dossier de 140 pages consacré à l’employabilité, à la recherche d’emploi, à la formation, à la préparation de vos enfants et à leur orientation que je viens de terminer. Il est téléchargeable dans vos espaces lecteurs pour tous les abonnés à ma lettre STRATÉGIES.
Sa densité, les méthodes, techniques et réflexions proposées vous permettront de mettre en place des actions concrètes d’adaptation et de les décliner en fonction de vos situations personnelles. Pour en savoir plus et vous abonner à la lettre STRATÉGIES, c’est ici (pour tout abonnement vous aurez accès à l’ensemble des archives et des lettres déjà éditées).

Les plus « fragiles » sont les fonctionnaires…

Que nos amis fonctionnaires ne le prennent pas mal. Il n’y a pas plus inadapté de façon générale (avec toutes les exceptions que l’on peut trouver) que les fonctionnaires au marché de l’emploi. Non pas qu’ils ne soient pas bons ! Ils sont largement aussi bons que les autres en moyenne. Telle n’est pas la question.

Ils ont simplement été formatés dans une culture, dans un mode de fonctionnement et de rémunération qui n’est pas celui du secteur marchand.

Enfin, pour beaucoup d’entre eux, ils sont rentrés jeunes généralement, sur concours, et ne savent pas ou peu ce qu’est une démarche de recherche d’emploi dans le privé, et ce n’est en aucun cas une critique. C’est assez normal qu’un jeune passe son CAPES et devienne prof… mais il est assez loin des réalités du marché de l’emploi !

Lorsque je vois que même les fonctionnaires auront leur plan de départ volontaire, cela confirme l’analyse que je fais depuis des années et qui, progressivement, se confirme et se met en place.

Ceux qui dépendent de la dépense publique dans un État en quasi faillite ont du souci à se faire.

La solution est d’anticiper ces nouvelles réalités avant les autres. Je sais cela peut sembler trop individualiste, mais le collectif a déjà perdu depuis bien longtemps et nous avons collectivement abdiqué notre ambition collective de peuple. Alors…

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)

« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

Source Reuters via Boursorama ici 

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